Chapitre 39 Tourments - Partie 1
Tabatha ouvrit doucement les yeux. Elle sentit le froid matinal lui mordre les oreilles et elle vit que de la buée s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Les bûches dans la cheminée étaient consumées depuis longtemps, et les quelques braises rougeoyantes qui subsistaient n'étaient pas suffisantes pour réchauffer toute la pièce. La jeune fille envisagea une seconde de rester dans son lit, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas se rendormir si elle avait trop froid.
Elle écarta donc la couverture, poussa un petit cri en posant ses pieds nus sur le plancher gelé, et se dépêcha d'aller jusqu'à la cheminée en courant sur la pointe des pieds. Elle attrapa trois bûches qu'elle jeta dans l'âtre et enfourna de petits fagots de brindilles pour aider le feu à démarrer. Elle souffla sur les braises jusqu'à obtenir de minuscules flammèches. Elle attendit qu'elles grandissent en se dandinant d'un pied sur l'autre.
- Alleeeez, s'impatienta Tabatha.
Elle souffla à nouveau sur les braises de toutes ses forces, et enfin les flammes s'élevèrent assez haut pour venir lécher les bûches. Avec un petit rire victorieux, elle se précipita vers sa chambre, se jeta sur son lit, et rabattit la couverture jusqu'à ses oreilles. Quelqu'un lâcha un grognement à ses côtés et lui demanda :
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu cherches à m'étouffer ?
Tabatha rabattit un pan de la couverture pour découvrir le visage de Maxou. Aussitôt, le visage de la jeune fille se fendit d'un sourire. Elle était toujours heureuse de se réveiller aux côtés de Maxou. Il avait ce matin-là un visage tout chiffonné, et sa tignasse bouclée était toute emmêlée. Lorsqu'il faisait ce genre de grimaces, il ressemblait encore énormément à un enfant. Il écarta la couverture pour respirer, dévoilant son torse nu, ainsi que sa taille, et Tabatha pensa qu'il n'était finalement plus si loin d'être adulte.
- Que regardes-tu comme ça, lui demanda le jeune homme.
- Toi. Je te trouve vraiment adorable le matin.
- Elles craquent toutes devant ce sourire, plaisanta Maxou.
Piquée au vif, Tabatha lui écrasa son oreiller sur le visage.
- Ne t'emballe pas, je n'ai parlé que du matin.
Elle lui tourna le dos, remonta la couverture sur ses épaules et afficha une moue boudeuse. Maxou se glissa à ses côtés, souleva ses cheveux dorés, et déposa un baiser sur sa nuque. Tabatha se laissa faire, mais conserva sa mine résolue.
- Excuse-moi, j'avais oublié que tu n'aimes pas que je parle d'autres filles. Je n'étais pas très bien réveillé, et je dis des bêtises quand je somnole. Mais ce n'est pas une excuse, continua le jeune homme devant le refus de Tabatha de lui répondre. Même quand tu es fatiguée, toi tu ne me parles jamais d'autres garçons.
- C'est parce que je n'ai pas connu d'autres garçons que toi. Les autres ne m'intéressaient pas.
- Les autres filles ne m'intéressent pas non plus, se défendit Maxou.
Il déposa un nouveau baiser dans le cou de Tabatha, qui cette fois tourna la tête pour lui présenter plus facilement sa nuque. Il continua donc à l'embrasser tout en égrenant des compliments :
- Pourquoi en voudrais-je une autre ? Tu es si belle. Tu sens si bon. Tes cheveux sont si soyeux.
Tabatha se laissait volontiers charmer par toutes ces belles paroles. Maxou avait toujours su comment lui parler. Bien qu'elle ait mûri, une petite part d'elle était encore orgueilleuse et aimait être flattée. La jeune fille se tourna légèrement pour recevoir les baisers de Maxou sur les lèvres. Ils s'embrassèrent un moment avant que le jeune homme reprenne sa déclaration.
- Tu es drôle et pleine de vie. Tu es à la fois si forte et si fragile. J'adore t'entendre jurer comme un charretier et avoir quelques secondes plus tard des paroles si tendres pour moi. Et surtout, ta peau est si fine et si douce.
En disant cela, il avait fait glisser ses mains depuis la nuque de Tabatha jusqu'à ses hanches. La jeune fille sursauta et s'écarta instinctivement.
- Tu as les mains glacées, dit-elle en riant.
Un sourire malicieux sur le visage, Maxou plaqua à nouveau ses mains sur sa peau et commença à la chatouiller. Tabatha se tortilla dans tous les sens en gloussant et en tentant de le repousser, mais elle finit par capituler et par sauter hors du lit pour lui échapper. Tabatha avait mal au ventre tant elle avait ri. Tout en essuyant ses yeux du plat de la main, elle dit à Maxou :
- Tu prends des risques en t'attaquant à moi, tu ne sais pas qui je suis.
- Excuse-moi, je ne savais pas que j'avais affaire à une princesse, se défendit Maxou.
À ces mots, la jeune fille se raidit.
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