Chapitre 44 Affrontement en forêt - Partie 4

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 Tabatha acquiesça et s'éloigna de son amie. Elle put voir le reste du groupe, là où elle les avait laissés, un peu plus loin sur le chemin. Ils étaient tous sortis de derrière les ronces, et ils discutaient entre eux. Tabatha ne comprenait pas comment ils pouvaient bavarder tranquillement après une telle épreuve. En s'approchant un peu plus, elle put entendre ce qu'ils disaient, et cela n'avait rien d'amical. En vérité, cela ressemblait plus à des éclats de voix.

 Tabatha pressa le pas, et lorsqu'elle vit un homme lever son poing, elle courut et arriva juste à temps pour lui saisir le poignet et l'empêcher de frapper l'hembra qu'il avait face à lui. Quand l'homme se tourna vers elle, elle reconnut le garde qui l'avait empêchée d'entrer chez Hank quelques semaines auparavant.

- Vous êtes fou ! Qu'est-ce qui vous prend ?

- Ne t'avise pas de me retenir petite.

- Je croyais avoir été claire hier. J'attends un peu de respect de votre part.

- Et moi je refuse que tu poses la main sur moi.

- Vous êtes sérieux ? Vous vous apprêtiez à frapper cet homme.

- Ce n'est pas un homme justement ! Et il l'a bien cherché.

- Ce qu'il dit est vrai, demanda Tabatha à l'hembra.

- Bien sûr que non, se défendit ce dernier. Il s'est presque jeté sur moi et m'a attaqué sans que je comprenne pourquoi.

- Voulez-vous nous expliquer calmement votre problème, proposa Tabatha en se tournant à nouveau vers l'homme.

- Je n'ai pas de compte à vous rendre.

- En fait si. Je vous rappelle que je suis votre souveraine, et j'ai autre chose à faire que régler des querelles inutiles. Alors soit vous vous calmez et je vous lâche la main, soit vous continuez à me faire perdre mon temps et je vous la tranche, menaça la jeune fille en dégainant son poignard.

- Vous n'oserez pas !

- Êtes-vous prêt à parier votre main là-dessus ? Je n'ai pas hésité à vous cogner la dernière fois que vous m'avez contrariée.

 L'homme serra la mâchoire à l'évocation de ce souvenir douloureux, hésita un instant, puis il céda devant la mine sombre et résolue de Tabatha. Il desserra son poing droit et leva sa main gauche en signe de reddition. La princesse le lâcha puis le poussa loin de l'hembra, son poignard toujours en main.

- Maintenant expliquez-vous.

- Il nous a trahis ! Il a essayé de nous tuer tous !

- C'est faux, cria l'hembra.

- Qu'est-ce qui vous permet de l'accuser ainsi ?

- Je l'ai vu faire. Il marmonnait des choses incompréhensibles, et l'instant d'après les loups bondissaient sur nous. S'il n'y avait pas eu ces ronces pour nous protéger, ils nous auraient tous dévorés.

- Évidemment espèce d'idiot, c'est pour ça que je les ai fait apparaître. Pour ça je suis obligé de parler dans ma langue.

- Et moi je suis persuadé que vous avez ordonné aux loups de nous attaquer.

- Mais pourquoi aurais-je fait ça, se défendit l'hembra.

- Je ne sais pas. Vous êtes des animaux. Qui peut dire à quoi pensent les animaux ?

 À ces mots, le visage de l'hembra devint immédiatement écarlate, et ses oreilles se rabattirent en arrière. Tabatha crut entendre un grognement de colère s'élever de la gorge des hembras tout autour.

- Retirez ça tout de suite, ordonna-t-elle à l'homme en le saisissant par le col. Je ne peux pas vous obliger à vous apprécier tous, mais je veux que vous vous respectiez les uns les autres. Humains ou hembras, cela n'a pas d'importance. Nous avons tous le même but, nous vivons tous dans le même royaume, nous sommes tous égaux.

- Si c'est vraiment le cas, comment expliquez-vous que pas un de ces animaux n'ait été blessé, alors que les humains...

 Tabatha ne releva pas l'insulte réitérée et le coupa en lui demandant :

- Quelqu'un a été blessé ?

- Tous ceux que vous avez ramenés vers moi sont sains et saufs, expliqua l'hembra, mais il manque plusieurs personnes.

- Que voulez-vous dire ? Où sont-elles ?

- Les loups les ont emmenés.

- Ma femme était parmi eux, s'emporta l'ancien garde.

 Tabatha le relâcha et fit un pas en arrière. Elle se tourna vers l'hembra et lui demanda à voix basse :

- Est-ce qu'on ne pourrait pas les retrouver ?

- C'est inutile, ils sont certainement déjà morts.

- Il faut au moins leur donner une sépulture décente.

- Ces loups ne nous ont pas attaqués sans raison. Les loups chassent pour se nourrir. Ils n'auront pas laissé le moindre corps derrière eux.

- Ne parlez pas comme ça de ma femme, intervint l'homme.

- Écoutez, je ne dis pas ça pour vous faire du mal, même si vous le mériteriez espèce de crétin borné, mais parce que c'est la vérité.

- On ne sait même pas s'ils sont vraiment morts. On doit les chercher.

- J'ai peut être la solution, dit Tabatha. Nous allons demander à mon amie Sin fo.

- Et que pourra-t-elle faire de plus ?

- Elle pourra nous dire si elle sent les esprits de ces personnes dans les bois.

- Comment ? En faisant de la sorcellerie, comme ces créatures ? Je n'ai pas besoin de ce genre d'aide. Je vais aller chercher ma femme tout seul et je la ramènerais.

- Nous devons reprendre la route au plus vite, le prévint Tabatha. Nous ne pouvons pas fouiller toute la forêt à l'aveuglette.

- Très bien, partez ! Je n'ai pas besoin de vous !

- Ne soyez pas stupide, tenta de l'avertir l'hembra. Si vous suivez ces loups, tout ce qui vous attend, c'est de vous faire dévorer à votre tour.

- Laissez-moi, cria l'homme à bout de nerfs. Je pars à sa recherche, et quand je l'aurais trouvée, ne comptez pas sur moi pour vous rejoindre. Allez mener votre guerre sans nous. Nous étions à l'abri des djaevels avant de venir dans votre maudit village.

 Tabatha voulut le retenir, mais l'homme écarta violemment son bras et s'enfuit en courant. Il fit quelques mètres sur le chemin et s'élança à travers les arbres à l'endroit où les loups avaient disparu. Après quelques minutes d'un silence grave pendant lequel personne n'osa bouger, Tabatha secoua lentement la tête et s'adressa à ses compagnons :

- Nous ne pouvons plus rien faire pour lui. Ne restons pas là plus longtemps. Remballez vos affaires, nous reprenons la route.

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