Pas de trace...

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Pas de trace…

Avec Florian, nous avions le même âge et nous nous connaissions depuis notre petite enfance. Nous nous sommes vus grandir de loin, nos parents étant amis. L’année de nos quatorze ans nous réunis dans des vacances communes et la même chambre.

Florian, garçon sportif et habile de son corps me fascinait. Son aisance contrastait avec ma gaucherie et mes maigres forces. Je ne sais pourquoi, mais il arrivait par sa prévenance à me faire oublier nos différences. Intellectuellement, nous étions très proche et dans une rivalité de camarade.

J’aimais le regarder se dévêtir, la pudeur le rendant touchant. Un soir, il vint s’allonger à côté de moi, poursuivant une de ces discussions qui nous animaient jusqu’à ce que le sommeil nous terrasse. Je me poussais pour partager ma couche.

S'interrompant brusquement, il me jette un regard mélangeant joie et interrogation, avant de se mettre sur moi. Je ne savais comment réagir, sentant nos torses nus battrent en cadence. Douce impression. Ses mains remontent vers mes épaules, tandis que sa tête s’enfonce dans le creux de mon cou. Bientôt, je sens un chatouilli humide. Douce sensation. Je me laisse faire, ressentant agréablement cette succion.

Mes bras se referment naturellement sur ses épaules. Je suis surpris par sa peau rêche, mais ne peux m’empêcher de remonter une main vers sa crinière que je jalousais. Mes fins cheveux raides formaient un casque indisciplinable.

Que j’étais bien, écrasé par le poids de ce corps merveilleux. Je sentais son odeur qui m’enivrait. Il s’arrête, redresse la tête dans un sourire éblouissant. Qu’il est beau ! Il abat son visage sur le mien, me saisissant à son tour ma tête. Ses lèvres viennent écraser les miennes. Surpris, je ferme la bouche alors que je sens sa langue tentant de se faufiler. Je n’ai pas envie, mais quand sa langue pénètre ma bouche, je l’accepte avec volupté, mêlant la mienne dans une danse vigoureuse.

Je sens en même temps mon bas du ventre se tendre, ce qui me gêne, préférant me concentrer maintenant sur les sensations de ce baiser. Mes lèvres deviennent douloureuses, mais il continue ses douces attaques. Soudain, il arrête et, essoufflé, il descend un peu, dans un long baiser glissant le long de mon cou. Sa bouche est sur mon téton, qu’il énerve à petits coups de langue et de succion. Je deviens comme fou, transporté dans une ivresse des sens.

Il reprend son mouvement descendant, couvrant mon nombril de ses effleurement. J’ai un moment d’inquiétude, me demandant jusqu’où il va aller, bien incapable de lui demander d’arrêter ce qui m’emballe. Arrivé en haut de mon pantalon de pyjama, juste au-dessus du pubis, il stoppe. Il ne peut ignorer la tension qui tend le tissu. Il me regarde avec des yeux gourmands. Je suis perdu. Je ne sais quoi faire. Je ne sais ce que je veux. Sauf… arrêter !

Il devine et d’un coup baisse mon pantalon, libérant mon pénis qui se dresse. J’ai honte de cette exhibition. J’ai honte des poils qui ont envahi mon pubis depuis quelques mois. La tension est douloureuse : jamais je n’ai ressenti cela, évitant de m’intéresser à ces transformations.

Il me regarde à nouveau, avec les mêmes yeux. Je suis tellement ridicule. Encore une fois, un malaise m’envahit. Je ferme les yeux pour retenir mes larmes d’humiliation.

Une sensation extraordinaire me les fait réouvrir, suivi d’un mouvement de recul : Florian a mis mon pénis dans sa bouche, ce qui provoque cet emportement délicieux. Mon retrait est stoppé avec force, alors qu’une impuissance m’empêche d’insister. Je me laisse transporté dans un monde de délices.

Puis, tout s’arrête ! Florian se redresse, se met debout et tombe sa culotte de pyjama. Je vois son sexe dressé, droit et fort, le gland dissimulé par un long prépuce. C’est la première fois que je vois cela. Jusqu’à présent, je pensais cette partie impure. Mais Florian est beau de partout. Je trouve cela magnifique et désirable.

Il se recouche sur mon lit, mais tête bêche. Avant que je comprenne, sa bouche a repris son travail alors que devant mon visage se dresse cet objet inconnu. Pris par l’action, je touche, je caresse, provoquant de belles réactions. Il me le fait… pourquoi ne pas essayer…

Un profond gémissement me récompense. Je suis dans un monde nouveau, un paradis. La force de la libération n’a d’équivalent que la folie qui me submerge. Je suis surpris des saccades. Tout est magnifique ! Tout est bon. Ce goûteux nectar me vivifie.

Florian se remet à côté de moi, pose un léger baiser sur mes lèvres.

— Armand, si tu savais comme tu me plais ! Ta finesse de corps, ta peau douce, tes beaux cheveux…

Il retournait tout mes défauts !

— J’ai eu envie de toi ! Tu sais, c’est la première fois que je fais ça. Avec toi, c’était tellement évident, tellement facile ! Tu m’en veux ?

Comment savoir ? Comment répondre ? J’ignorais tout de cela. Je n’avais qu’une envie : recommencer !

À mon tour, je le chevauchais, puis je l'embrassais, répétant tout ses gestes, alors que nos sexes se frôlait dans leur dureté.

Cette nuit ne fut entrecoupée que de petits sommes, notre jeune vitalité nous offrant une infinité de découvertes.

Le lendemain matin, ma mère remarqua immédiatement la marque bleue à la base de mon cou.

— C’est quoi ,ça ?

J’avais oublié ce premier geste et j’ignorais totalement les conséquences visuelles. Je me regardais dans une glace. Tout le bonheur revint.

— Oh ! C’est Florian…

À son regard, j’ai immédiatement compris qu’il fallait mentir.

— Nous avons… joué ensemble… Il m'a fait une manchette et ça m'a marqué…

— Tu as l’air bizarre. Arrête ce sourire béat. Dis moi la vérité !

— Rien. Il ne s’est rien passé d’autre…

Ah, ce mensonge qui me rongeait le ventre. Rien, alors que nous avions partagé le nirvana ! Pourquoi avoir à renier ce plaisir ?

Ma mère partit. J’entendit un conciliabule. Je m’attendais à voir Florian arriver, ce fut mon père, qui examina mon cou, sans un mot.

Nouveau conciliabule, cette fois avec les parents de Florian. Je vis son père partir avec lui. Quand ils sont revenus, Florian était en larmes. Je tentais d’aller vers lui et fus écarté brutalement. Ils sont partis dans la matinée, sans un mot, sans un au revoir. J’étais terrassé, mais je savais que je ne devais pas poser de questions, sous peine de déclencher un cataclysme.

Nous sommes partis peu après, plus tôt que prévu. Ce fut la rentrée. Ne pas avoir la moindre nouvelle de celui qui m’avait ouvert le monde était une torture. Je devais partir un mois à l’étranger, dans le cadre d’échanges. Une moitié de moi resta ici.

Quand je revins, le cœur toujours coupé en deux, mon père m’assena :

— C’est fini pour Florian. Il est mort.

Ma mère renchérit :

— Et enterré. C’est mieux pour ses parents Et pour lui.

Je mis cinq ans à apprendre qu’il s’était suicidé dès son retour.

Je suis parti vivre à l’autre bout de la terre, dans la solitude craintive de tuer ceux qui m’aimeraient. Voilà trente-deux ans que je me demande si cela n’aurait pas été mieux aussi pour moi…

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