16 - 5 - La mission, conclue

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– Nous sommes donc d’accord pour que vous soyez notre champion. Réussissez votre mission et je serai totalement séduite.

– Je résume, je suis votre champion pour allez vous cueillir une fleur, mais pas n’importe laquelle : une fleur unique, dans un endroit magique où vous ne pouvez vous rendre. Vous me parlez d’une mission simple, où je dois être moi-même, c’est-à-dire un méchant pirate. Je vous rapporte la fleur, vous êtes sous le charme, mon bateau est réparé et ses cales sont remplies d’or. Est-ce bien ça ?


Quoi ? Comment ça j’me répète ?! Oui, bon, bah, peut-être. La discussion d’avant m’a perturbée, voilà.

M’en faut peu pour êt’e choquée… Ah, ah, très malin, très malin, p’tit malin va !


– À un ou deux détails prêts, voilà la situation parfaitement résumée, confirma la Commandante.

– À un ou deux détail prêts, dites-vous ?

– Oui, une ou deux petites choses seront à clarifier, mais insignifiantes, trois fois rien. Ne vous en faites donc pas, vous serez à la hauteur !

– Et si il s’avère que je ne suis pas si génial que ça ? Imaginons, une demi-seconde, que j’échoue.

– Premièrement, il s’avère déjà que vous n’êtes pas aussi génial que vous pouvez le croire. Deuxièmement, si vous échouez, et bien je ne serai pas conquise, voilà tout.

– Forcément.

– Allons, positivons, ne parlons pas d’échec. Il ne faut pas que cela vous trotte dans la tête. Pensez au futur, à la réussite, à l’or, soyez optimiste ! Vous croyez en la chance, non ? Cette mission est : votre chance !

– Étrange que vous disiez ça. Il n’y a pas si longtemps, j’argumentais sur ce thème.

– Bon alors très bien, plus de questions ?

– Alors puisque vous me le demandez…

– Oh non, il a fallu que je rajoute une pièce, dit-elle dépitée.

– Rassurez-vous, ce ne sera pas long, juste une ou deux petites choses à préciser, mais insignifiantes, trois fois rien.

– Pfff…

– Je me demandais, la porte qui s’est ouverte toute seule, c’était…

– C’était un courant d’air, assurément !

– Donc rien à voir avec un de vos pouvoirs, probables, magiques, non mentionnés ?

– Assurément, non !

– Et un courant d’air au fin fond de la cale d’un bateau qui, bien plus que de claquer une porte, l’ouvre…

– Et bien ?

– Ça ne vous surprend pas ?

– Cela ne me surprend pas.

– Je vois. Et mon mal de crâne ?

– J’ai vu cela, j’espère que vous allez mieux. Mon pauvre petit bout de chou, je n’ai pas aimé vous savoir souffrant.

– Étrangement, oui, ça va mieux.

– Tant de mieux, me font dire tant mieux ! conclue-t-elle.

– Soit, compléta-t-il, abandonnant finalement l’idée d’en savoir plus.

– Bon bah ce n’était pas long. Vous aviez raison.

– En même temps, vous avez tout fait pour ne pas répondre.

– Mais non.

– Mais si.

– Mais non.

– Mais si.

– Oh que non.

– Oh que si.

– Pas du tout.

– Non pas du tout.

– Alors si, tout à fait.

– Alors tout à fait pas du tout, on est d’accord.

– Quoi ?! Vous m’énervez. Nous ne sommes pas d’accord.

– Là-dessus on est d’accord.

– Argh ! Vous me prenez la tête !

– Je n’ai rien fait, c’est vous qui vous vous contredisez.

– Non, c’est vous qui analysez mes propos comme étant le contraire de ce que je pense.

– Admettez que vous ne savez même plus ce que vous dites.

– Je… renonce.

– J’ai gagné !

– Soit, compléta-t-elle, abandonnant finalement l’idée d’avoir le dernier mot.


Tous deux se regardèrent, hochèrent la tête, pensifs, un ange passa ; la gène s’installa, un deuxième arriva – ange ! ; en fin de compte, ils durent se rendre à l’évidence, ils n’avaient, là, plus rien à se dire ! – Comment ça enfin ?! Qui a dit ça ?!


Se décidant à rompre ce silence embarrassant, le Capitaine se tapa les deux mains l’une contre l’autre et…


Et ? Non, rien ? Et… il n’y aurait pas un truc à s’rappeler ? Je n’sais pas moi, j’dis ça j’dis rien mais… Il n’avait rien dans la main, le Capitaine ? Ah ! Enfin ! En v’là un qui suit ! Merci, et par la même occasion tu r’çois, sois-en fier, le surnom de "Mollard" !


Le Capitaine se tapa les deux mains l’une contre l’autre, oubliant totalement le mollard qui commençait à y sécher.


– Capitaine…

– Oui, je sais, je n’y pensais plus… réalisa-t-il donc trop tard.

– C’est…

– … collant, je crois que mes deux mains viennent de se… coller.

– Vous…

– Je…

– C’est répugnant ! s’emporta-t-elle lorsque l’image lui vint en tête.

– Je reconnais que ce n’est pas glamour-glamour.

– Ne restez pas comme cela ! Faites quelque-chose ! le bouscula-t-elle.

Le Capitaine décolla aussitôt ses deux mains et, tel un chat, se les lécha.


Non, non, c’est bon, vous commencez à m’connaître, c’est pour rire, n’faites pas vos mines de "argh-bark". En plus, ça n’s’rait pas si sale que ça, c’est l’sien, c’est son crachat, ça sort déjà d’sa bouche !


Le Capitaine décolla aussitôt ses deux mains, un filet gluant s’étendit de l’une à l’autre. Écœuré, il hésita, regarda la Commandante et aperçut sur son visage la plus horrible grimace qu’il lui avait été donné de voir jusqu’à ce jour. Avant qu’elle ne vomisse pour de bon, ou s’évanouisse, il se ressaisit et recolla ses deux mains.


– Bon…

– Vous n’allez pas rester comme cela, s’inquiéta-t-elle.

– Non, la rassura-t-il.


La Commandante attendit ; le Capitaine réfléchit au comment faire, pour ne pas paraître trop rustre, lorsque, tout à coup, il accroche à nouveau du regard la structure en pierre :

– Ceci ressemble à une fontaine, puis-je… permettez-vous que… dans le petit bassin… voyez-vous ?

– Et… une… entière… de phrase… non ? le reprit-elle.

– Vous m’avez très bien compris, j’essayais juste de formuler poliment sans rien imposer ! se justifia-t-il.

– Non, je n’ai rien compris, je ne vois clairement pas, affirma-t-elle.

– Puis-je me laver les mains dans ce petit bassin ?! lâcha-t-il d’une traite.

– Vous voulez vous laver les mains dans le bassin de la Générale ?! s’étonna la Commandante comme, finalement, réellement surprise d’une telle requête.

– Est-ce si… après tout… vous n’aviez vraiment rien… Bon !


Et à bout, excédé, le Capitaine se fâcha :

– vous avez refusé de me serrer la main, maintenant, par votre faute, j’ai cet amas de salive sur, non plus une main, mais sur les deux ! Je veux bien essayer de trouver une solution pour ne pas vous traumatiser, pour me montrer civilisé, mais je ne peux pas faire de miracles ! Alors soit on se sert la main et on partage, soit je me lave les mains. Décidez !


Prise de court, effrayée de devoir toucher cette substance, la Commandante se tourna, paniquée, vers la Générale.


Excédée, et à bout, la Générale se fâcha :

<< – Par la montagne sacrée, qu’on en finisse et qu’il se lave les mains ! >>


La commandante inspira, expira, et, soulagée, comme libérée d’un poids, elle se détendit et sembla se tasser sur place. Le Capitaine, soulagé, bientôt libéré de son fardeau, se dirigea sans tarder vers la fontaine. Une fois devant, comme par miracle, un filet d’eau s’en écoula et le surprit :

– Oh, ça coule, pratique. Est-ce magique ?

<< – Capitaine, lavez-vous les mains, vite, ma patience a ses limites. >>

– Bien entendu, Générale, les questions technico-magique peuvent attendre.


Le Capitaine se lava les mains, l’eau douce et fraîche le surprit :

– Oh, l’eau est douce, et si fraîche.

<< – Vous n’avez qu’un seul mot à dire et je me ferai un plaisir de la chauffer. >>


Le Capitaine saisit la menace :

<< – Oui, jusqu’à m’ébouillanter, j’imagine, espèce de… >>

<< – Espèce de ? >> le coupa-t-elle, fort aimablement, avant qu’il ne commette une bourde.

<< – Espèce de… de… >> chercha-t-il.

<< – Laissez-tomber, ne cherchez pas, je vous sauve la mise, une fois, une seule, car il serait regrettable de mettre fin, déjà, à notre bonne relation. >>

– Merci, elles sont toutes propres, en resta-là le Capitaine.


Tournant la tête, il chercha quelque chose pour s’essuyer les mains, ne trouva pas et renonça à l’idée de demander. Il les agita, se les frictionna l’une contre l’autre et opta, comme touche finale, pour se les frotter sur son pantalon.

Ceci fait, il revint se placer face à la Commandante et, bien décidé à aller accomplir ce pourquoi il venait d’être élu, il reprit la parole :

– Je crois que l’on a assez bavardé. Je ne sais pas tout sur tout, il reste encore de nombreux mystères, mais bon, on verra bien, j’improviserai. Concluons cet accord et… et donc en route pour la mission.


Et ce qui devait arriver, arriva. Machinalement, sans penser à mal, sans même vouloir être désobligeant, le Capitaine se racla une nouvelle fois la gorge, avec force, et s’apprêta, encore, à cracher dans sa main. La Commandante, prise d’une rage soudaine, l’interrompit en criant :

– CESSEZ CELA ! MAIS, CESSEZ DONC CELA !


Surpris par cette fureur vocale, le Capitaine obtempéra et n’osa plus bouger. Coupé dans son élan, la bave lui dégoulina des lèvres. Sa barbe fournie se chargea d’éponger.


– Capitaine, croyez-vous que ce rituel abject est toujours nécessaire pour sceller un accord ?!

– Je ne vois rien de plus approprié, mais en effet, vu ce sur quoi a débouché le premier crachat, peut-être vaudrait-il mieux le faire par le sang. Scellons notre marché par le sang !


Malgré cette affirmation, pleine d’assurance et de conviction, le Capitaine n’avait aucune envie de se mutiler, et il en vint à prier intérieurement pour que la Commandante refuse :

<< – Faites qu’elle dise non, faites qu’elle dise non, faites, par pitié, qu’elle dise non. >>

– Mais non ! Encore moins ! Plus qu’ignoble, cela serait barbare. Nous sommes un peuple civilisé. Il est hors de question de m’astreindre à ce genre de rituel païen.

– Comme vous le désirez. Je comprends que vous, une femme, soyez apeurée par la douleur et la vue d’un peu de sang, déclara-t-il d’une voix forcée dans le grave pour manifester le plus de virilité possible.

<< – Tandis que vous, juste avant, ce n’est pas comme si vous étiez en train de supplier je ne sais qui, >> intervint la Générale.

<< – Hein, euh… non… quoi ? Fichtre, il va vraiment falloir que je m’y fasse, à vos pouvoirs ! >>

<< – Et oui, si vos pensées sont claires et formulées, elles deviennent pour moi des paroles. >>

<< – Oui, euh… En fait, comprenez-moi, je n’ai pas du tout peur du sang, j’en bois d’ailleurs un verre tous les matins ! Et pour ce qui est de la douleur, je ne la crains absolument pas, je… je… Oh, puis merde ! À chaque fois qu’on se coupe la main ça fait un mal de chien, ça met du temps à cicatriser et l’eau de mer je ne vous raconte même pas comment ça pique ! C’est insupportable ! >>

<< – Soit. >> compléta t-elle, abandonnant finalement l’idée d’en entendre plus.


Reprenant à voix haute, plus penaud, il s’adressa à nouveau à la Commandante :

– Très bien, je vous écoute. Comment souhaitez-vous procéder ?


Sans répondre, la Commandante se dirigea vers un buffet long couvert de gravures – oui, c’est une grande pièce, avec plein de meubles, plein de trucs, et alors ?! Elle saisit la clé présente sur l’une des petites portes, la tourna pour la déverrouiller, l’ouvrit et en sortit un objet sombre. Lorsqu’elle se retourna pour se diriger vers la table, le Capitaine put voir qu’il s’agissait d’un petit coffret fait d’un bois très noir. Des signes, ou plutôt des lettres étranges étaient gravées sur la totalité de sa surface. Le Capitaine essaya bien d’en déchiffrer une ou deux, mais il n’y parvint pas. La Commandante le posa délicatement sur la table et se recula d’un pas. La Générale s’en approcha et baissa la tête, jusqu’à ce que sa corne en touche le couvercle. Progressivement, une sorte d’aura lumineuse engloba le coffret et, à mesure que celle-ci s’intensifiait, la salle s’assombrit. Après quelques secondes, la Générale recula, tout en gardant la tête courbée.


<< – La corne, l’aura, le coffret, tout semble lié, que me réservent-elles ? >> se questionna le Capitaine.


Un clic se fit entendre, laissant supposer que le couvercle, malgré le fait qu’il n’ait aucune serrure, venait de se déverrouiller. Le Capitaine en eut la confirmation lorsqu’il le vit s’ouvrir tout seul à distance.

La Commandante leva les mains, paumes écartées à hauteur du visage. Elle ferma les yeux, inclina la tête et remua les lèvres. Il sut en la voyant faire qu’elle récitait une sorte d’incantation magique, silencieuse mais articulée. De la brume s’échappa de sa bouche et partit alimenter l’aura qui flamboya, plus encore, quelques secondes d’une lumière blanche aveuglante. Le Capitaine eut tout juste le temps de plisser les yeux que, subitement, toute la luminosité disparut, plongeant ainsi la pièce dans le noir le plus complet.

Le Capitaine demeura coi et immobile – Quoi ? Non pas "quoi", "coi" ! Quoi ? Oh, pfff, il reste sans rien dire, c’est ça rester coi ! Rien, rien ne se passait, pas un bruit, pas un seul mouvement autour de lui. Il prêta l’oreille – là, ça va ? Vous comprenez qu’il ne se l’enlève pas, hein ? C’est une expression pour dire qu’il écoute, ok ? Non, j’préfère préciser, avec vous on n’sait jamais – et n’entendit aucune respiration, pas plus celle de la Générale que de la Commandante.

Puis, peu à peu, la luminosité de la pièce revint à la normale. Le Capitaine eut la surprise de… n’avoir aucune mauvaise surprise ; la Commandante n’avait pas bougé, elle était là, les deux mains levées et les yeux fermés ; la Générale non plus n’avait pas cillé.

Au bout d’un temps, qui lui sembla long sans vraiment l’être, la Commandante reprit vie et se rapprocha du coffret pour l’ouvrir en grand. Elle en sortit… un foulard jaune.

Étonné, s’imaginant d’un coup assister à un spectacle de magie où le prestidigitateur sort des chiffons de son chapeau, le Capitaine s’attendit presque à voir la Commandante en dévoiler un bleu, puis un rouge, puis un vert et crier un magistral « Tadam ! » avant de s’incliner. À y penser, il manqua s’étouffer, et une envie de rire le gagna. Il parvint à se contenir, mais put s’empêcher de pester :

– Quoi ? Tout ça pour ça !


Ignorant sa remarque, la Commandante s’approcha de lui, le foulard soigneusement plié et posé sur ses deux mains telle une relique.


– Le jaune est notre couleur, portez ce foulard, nous l’avons béni. Puisse-t-il ne jamais vous faire oublier que désormais vous représentez notre clan. Puisse-t-il ne jamais vous faire oublier que vous avez accepté cette mission. Nouez-le autour de votre cou, soyez-en digne, soyez-en fier.


La Commandante tendit le foulard au Capitaine. Le Capitaine le regarda. Regarda la Commandante et regarda encore le foulard. Il réfléchit rapidement au pourquoi ce spectacle pour un simple bout de tissu. Mais lassé, fatigué, il n’arriva pas à comprendre l’intérêt de tout ce tralala et ne souhaita pas s’attarder d’avantage sur une réflexion hasardeuse. Sans chichi, il s’en saisit.

– Et bien, je constate que pour rendre les choses officielles, vous savez y faire !


La Commandante ne le quitta pas des yeux. Pour apporter sa propre petite touche à l’officialisation de la chose, il se décida à improviser un court discours :

– Que ce jaune, couleur de l’espérance, symbole de notre rencontre, garant du succès à venir, que ce jaune, votre couleur et maintenant la nôtre, le temps de cette mission, puisse nous rappeler notre union et tout l’or promis ! Alléluia, alléluia, alléluia !

<< – Bon, j’en ai peut-être trop fait avec mes alléluias. Dommage, car pour le reste je pense que je n’étais pas mal. >>


Face à cette pensée fugace, la Générale jusqu’alors immobile laissa échapper un souffle bruyant. Du coin de l’œil le Capitaine vit tout son désespoir ; il comprit qu’il aurait été, encore, plus inspiré de ne rien penser.

D’un geste vif, il roula le foulard et le noua lâchement autour de son cou. Presque à sa grande surprise, il ne se passa rien. Il s’était attendu à ce qu’un truc improbable ou formidable lui arrive, mais non, rien. Il accepta l’idée que le foulard fut simplement… béni. Mais resta perplexe quant aux Dieux invoqués.


À cet endroit de l’histoire, le Capitaine sait très bien que tout n’lui a pas été dit. Il se doute qu’il y aura du danger et des imprévus. Il sait qu’il n’est pas à l’abri d’une ou deux embûches.

Il n’aurait donc pas dû accepter la mission, me direz-vous. Et bah si ! Car le Capitaine est très fort lorsqu’il s’agit d’improviser. Tout prévoir, tout analyser et tout étudier, c’est bien, mais c’n’est pas toujours possible, c’est fatigant et c’est une pression de chaqu’ instant. Savoir vivre dans l’inconnu, c’est aussi savoir profiter du présent. Accepter d’être surpris fait partie d’la vie.

Encore une fois vous n’avez pas tout compris, hein ? J’m’essayais à un peu d’philosophie avec vous, certains diront qu’c’est peine perdue, mais je n’désespère pas, j’réessay’rai.

Ret’nez qu’il faut essayer d’anticiper au mieux les problèmes futurs, mais n'vous en faites pas trop, sachez improviser.

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