23 - 3 - La tempête, VAGUE encore et encore.
La tempête n’avait pas faibli, bien au contraire, et Second n’en perdait pas une miette. Les vagues grossissaient encore et le bateau en venait à se soulever de plus en plus haut.
Le Capitaine, silencieux, focalisé sur ses manœuvres, maniait le gouvernail avec minutie, rudesse, précision, confusion, technique, chance, afin d’aborder chaque vague le plus idéalement possible. Malgré tous ses efforts, faute à ces vagues anarchiques, l’avant du bateau se soulevait souvent de façon à côtoyer la verticale. Bien trop souvent à son goût.
Naturellement, une fois la vague passée, le bateau retombait dans un gouffre, émettant d’étranges vibrations, criant d’obscurs craquements, se lamentant d’être si proche de la rupture.
Évidemment, une fois la vague montée, redescendue, Second pâlissait de plus en plus, se contorsionnant dans d’impossibles mouvements, criant des paroles muettes bouche fermée et gémissant d’être si proche de la rupture.
– Le spectacle te plaît-il ? s’enquit le Capitaine.
– Hum… je... pas déçu... Ca… pitaine, articula – pas très bien – Second.
– J’ose espérer que tu en profites autant que tu le souhaitais.
– Pleinement, lâcha – dans un même souffle – Second.
– Alors tire parti de cette expérience ! Mais attention, si tu vomis je te fais tout ravaler ! éructa le Capitaine qui, par expérience, voyait très bien ce qui se tramait à l’intérieur de Second.
Second, de ses yeux devenus vitreux, le fixa. Il ne prit pas la peine de lui répondre, sentant bien qu’ouvrir la bouche pourrait signifier voir quelque chose d’autre en sortir que des mots.
C’est quoi le quelque chose d’autre ? Qui lui dit à la morpionne ? Exactement, du vomi !
Imagine la scène : Second ouv’e la bouche et, le mal au ventre l’emportant, une matière gluante, chaude, consistante, lui remonte tout le long de la gorge. Elle emplit sa bouche et en ressort dans un jet puissant, malodorant et presque sans fin. À ce moment là, Second voit qu’il n’a même pas réussi à viser par dessus bord, une galette épaisse et fumante recouvre en partie le sol et ses pieds. Alors qu’il se penche, pour entreprendre de s’les frotter – les pieds –, l’odeur pestilentielle du dégueulis, comparabl’ à un camembert moisi fait avec – non pas du lait – mais d’la bouse liquide de vache malade, lui saute au nez. Ajoutez à ça qu’il constate avec dégoût que des morceaux – d’il ne sait pas quoi –, se sont coincés entre ses orteils, et là, c’est r’parti, il revomit.
Enfin, il tente. Parce que l’Capitaine le regarde d’un air méchant. Alors, avec talent, au dernier moment, Second referme la bouche. Bien entendu, du vomi liquide et brunâtre s’échappe – tout d’même un peu –, de ses lèvres et coule le long de son menton.
Qu’est-ce qu’il fait ? Le Capitaine le regarde encore, l’air pas aimab’e du tout, j’insiste ! Bah oui, c’est ça, avec courage, il ravale tout.
Enfin, il tente. Parce qu’un morceau – encore non identifié –, mou et visqueux, se coince juste derrière sa glotte. Ajoutez à ça le goût, comparab’e pour vous à une soupe de choux d’bruxelles et de boudins noirs, et tout r’ssort aussitôt ! Il a beau fermer les lèvres, il réalise l’exploit d’expulser une coulée de vomi à au moins deux mètres devant lui !
Non, vraiment, l’horreur ! J’vous assure que, et lui le savait aussi, il ne devait plus ouvrir la bouche.
Devant eux, le bateau des femmes continuait à naviguer, avec aisance, sur les vagues. La Commandante ne se donnait pas la peine de calculer une quelconque trajectoire : tout droit, droit devant, paraissait convenir. Et, tout aussi étrange que cela puisse paraître, les vagues, tout aussi anarchiques soient-elles, s’écrasaient devant, derrière, à droite, à gauche, éclaboussaient le pont, aspergeaient un peu la Commandante, ballottaient le bateau mais sans jamais vraiment le maltraiter, sans trop le déstabiliser.
Le Capitaine jalousa ce bateau à la trajectoire rectiligne ; lui, commençait à avoir du mal à braver cette satanée tempête, sans parler des risques à prendre pour tenter de le suivre au plus prêt. Il aurait été beaucoup plus simple de subir tranquillement, de se laisser porter, de se laisser dériver, d’attendre que la tempête passe et emporte le bateau au loin, pour ensuite reprendre une direction souhaitée. Là, il avait l’impression d’entrer, encore plus, au sein même d’un océan de démence. S’y diriger et tenir un cap commençaient réellement à devenir pure folie ; son bateau ne tarderait pas à flancher.
Les vagues s’abattirent encore et encore sur la coque, la grêle ne diminua pas et continua à marteler le pont, les éclairs zébrèrent le ciel jusqu’à l’eau en intervalles fréquents et réguliers, leurs grondements tapageurs se mêlèrent au bruit déjà assourdissant de la tempête.
Au loin, pour compléter cette atmosphère oppressante, le Capitaine put apercevoir, à la faveur des hautes vagues soulevant le bateau, une lumière mystérieuse, rougeoyante, étrange, aveuglante… inquiétante. Chose peu surprenante, le bateau des femmes se dirigeait, bien entendu, vers cette lueur qui gagnait en intensité au fur et à mesure qu’ils s’en approchaient. Le Capitaine essaya de la fixer pour en comprendre l’origine. Il essaya tant et si bien de la voir, désireux d’anticiper un problème certain à venir, qu’il en oublia presque que la tempête était elle-même un sérieux problème.
– Capitaine, Capitaine ! cria second paniqué, VAAAGGGUUEE !
Une vague plus grosse encore que les autres fusa à une vitesse folle vers eux et s’écrasa…
Et s’écrasa ? J’vous l’donne encore en mille, s’écrasa où ? Sur la tête de Second ? Mais non, mais arrêtez, vous allez l’laisser tranquille un peu, Second !
Mais oui, c’est ça, encor’ une fois vous pensiez qu’c’était c’que j’allais dire… Moi j’comprends qu’encor’ une fois vous voulez qu’j’le fasse souffrir ! Alors ok, d’accord, allons-y, je r’joue l’jeu, encore, et délectons-nous de vos déviances :
La vague d’une force surpuissante, d’une hauteur dantesque, d’une violence inouïe s’écrasa sur la tête de Second. Que lui advint-il ? Bah, forcément, sous le poids de cette masse, il fut projeté et plaqué au sol.
Hum… non, attendez, j’ai mieux : il fut aplati, pulvérisé, laminé sur le sol de la dunette. La rambarde alla même jusqu’à exploser, son bois éclata et des morceaux criblèrent le corps de Second. Un se planta dans son œil, le lui crevant littéralement ; il eut le temps d’avoir mal, très mal. Un autre lui déchira la gorge ; il eut le temps de boire son propre sang, salé à convenance par l’océan. Un troisième lui perça le ventre ; soyez tranquilles, les entrailles n’eurent pas le temps d’sortir ; mais il eut mal, encore très mal.
Enfin, rassurez-vous, tout ça n’fut pas fatal ! C’qu’il y a d’bien aussi, c’est qu’ça n’dura pas longtemps. Non, c’qui lui fut fatal, mais qui lui épargna bien des souffrances, ça reste la vague. On dit merci la vaaaggguuee !
Le bois de le rambarde explose et les morceaux l’ont tout juste perforé que la vague, comme on a dit, le réduit en bouillie. Toute cette quantité d’eau, tout ce volume d’eau – concentré juste sur lui tant qu’à faire –, lui… comment dire… en fait, d’un seul coup, après l’histoire des morceaux d’bois, Second explosa dans une gerbe de sang, d’os, de chair, d’entrailles, de cerveau, de dents et même d’ongles ! Voilà, réduit en bouillie, Second. La vague en a fait d’la compote… saveur fruits rouges pour la comparaison.
J’me dis qu’c’est quand même étrange d’aimer l’gore. Surtout à votr’ âge. Vous d’vez êt’e perturbés.
C’est quoi du gore ? Bah c’était tout ça. C’est quand ça saigne dans tous les sens. C’est quand vous voulez que S’cond meurt alors qu’il n’y a pas d’raison qu’il y passe. C’est quand vous voulez l’faire souffrir plus que la normale. C’est ça l’gore, et normal’ment on n’doit pas aimer, parce que c’est gore.
Alors pourquoi vous aimez ? Oh, euh… parce que… vous êtes perturbés, mes p’tits malades.
Si c’est cette histoire qui vous perturbe ?! Non ! Oh que non ! Grand Dieu non ! Vous étiez comme ça bien avant, c’est juste que c’était peut-êt’e un peu enfoui en vous, c’est tout. Le hasard fait que ça r’ssort aujourd’hui. Car dites-vous bien que toute cette petite histoire n’est, et restera, qu’un joli p’tit conte pour enfants, pour vous donner envie d’êt’e des pirates. Et tout l’monde sait qu’les pirates sont gentils, hein ? On est d’accord.
J’peux vous faire une confidence ? Entre nous, j’vous avoue qu’moi aussi j’aime bien l’gore, et pourtant, vous pouvez voir que j’suis tout à fait saine d’esprit et parfaitement intégrée dans la société. Donc la morale, mes p’tits pirates, c’est qu’dans la vie, ne sont perturbés que ceux qu’ça perturbe !
Donc vous n’êtes pas perturbés ? Euh… bah oui, voilà, bonne nouvelle, vous n’êtes pas perturbés ! Cool.
Quoi ? Toi tu n’aimes pas trop l’gore et tu n’aimes pas quand Second ou quelqu’un d’aut’e souffre. Oh… euh… Donc si elle est perturbée ? Euh… bon, vous m’perturbez dans mon raisonn’ment là !
La morale, mes p’tits pirates, c’est que l’gore peut créer une gêne, compréhensible, chez toutes personnes saines d’esprit. Mais, a contrario, c’n’est pas parce qu’une personne aime le gore qu’elle est insensible, perturbée ou je n’sais quoi.
Donc vous avez l’droit de… Tututute ! On s’arrête là, vous n’avez l’droit de rien du tout, je n’suis pas responsab’e de vos actes, tout aussi gores seront-ils ! Faites comme bon vous semb’e mais ne me mêlez pas à tout ça ! Ne m’mêlez à rien, j’n’ai rien à voir avec vous ! Je n’vous connais pas ! Ne veut pas vous connaître et nierais vous avoir rencontrer ! Je n’suis responbale de RIEN !
D’ailleurs, faut que j’pense à faire signer une décharge avant lecture ou écoute de cette histoire. Vous m’f’rez penser à en antidater une ?
La morale, mes p’tits pirates, c’est qu’on peut aimer l’interdit, le sale, le gore mais qu’ça n’donne pas pour autant l’droit d’passer à l’acte. Cogitez et fixez vos limites ! Un conseil, n’allez pas plus loin que c’que peuvent faire les pirates, après vous passeriez au grade de "dérangés".
Oui, quoi ? Je n’t’ai pas répondu ? Ah oui, miss, à partir de maint’nant, car il n’est jamais trop tard, j’te f’rai signe, miss sensib’e, à chaque scène gore ou un peu crue. Par contre, j’te préviens, tu risques de manquer l’plus drôle et une bonne partie d’la suite. Enfin, marché conclu, j’te f’rai signe… pour c’que j’estime êt’e du gore.
Et donc, rev’nons-en à S’cond, là ce n’est pas, encor’ une fois, du tout c’qui c’est passé ! Second n’a pas explosé en mille morceaux. Bah non, désolée d’vous décevoir. Moi, j’attendais juste que vous m’disiez qu’la vague s’écrase sur le flanc du bateau, sans qu’il n’arrive quoi qu’ce soit à Second ! Enfin… pas encore.
Miss sensib’e, bouche-toi un peu les oreilles, just’une, car j’continue, vous allez voir :
Une vague plus grosse encore que les autres fusa à une vitesse folle vers eux et s’écrasa sur le flanc du bateau.
– Holà… Oui, sacrée vague. Heureusement que j’en ai amoindri l’effet avec un petit coup de contrebalancement rotatif avec quatre tours trois-quart gauche de gouvernail. On a évité de peu le retournement. Continue à t’accrocher, Second, continue à serrer bien fort ta rambarde et continue à ne plus me répondre, car en voilà une autre !
Le Capitaine ne détourna plus le regard de la vague, encore très impressionnante, à venir. Il se mit à, rapidement, étudier le meilleur angle d’approche avant d’opérer un mouvement savant : trois tours de gouvernail à droite, un demi à gauche, mains crispées sur les poignées, droite, gauche encore, tiers tour hasardeux pour finir. La vague s’affala sur l’avant du bateau, emporta, tel un tsunami, tout ce qui traînait encore sur le pont, grimpa les escaliers de la dunette et balaya celle-ci sans ralentir avant de retourner dans l’océan.
– Wahou, puissante ! s’exclama le Capitaine en signe de respect.
D’un coup d’œil furtif, il fit l’inventaire des dégâts et constata, un brin inquiet, qu’une voilure, pourtant pliée, venait d’être libérée et déchiquetée. Pire, le mât central, complètement descellé du pont, gisait sur sa droite et reposait sur le bastingage.
– Deux vagues de folie, sacrément délirantes et destructrices ! On a évité de peu la catastrophe, Second. Allez ! Le bateau devient difficile à manœuvrer ! Foutez-moi les restes de ce mât à l’eau ! ordonna le Capitaine d’une voix gueularde.
Les quelques hommes présents, pourtant secoués, réagirent avec rapidité et s’affairèrent à le pousser par dessus bord pour éviter qu’il ne déséquilibre, plus encore, le bateau déjà bien malmené.
– Tu vois, Second, nos hommes savent s’y prendre, quelques directives, sans trop de technicité, et ils s’activent à bon escient.
Le silence de Second étonna presque le Capitaine qui, en l’absence pour l’instant d’autres vagues mémorables à venir, s’autorisa à tourner la tête vers lui.
– Oh… non.
Le Capitaine resta figé sur la rambarde ; cela ne fit pas réapparaître Second. Machinalement, il tourna la tête à gauche, à droite, regarda derrière lui, chercha au sol, en l’air, mais rien n’y fit, Second avait disparu.
– Fichtre ! Fichtre ! Fichtre ! Bougre ! Bougre ! Bougre ! Quel abruti d’idiot d’imbécile il a fallu qu’il soit ! Je le lui avais bien dit ! Je lui avais dit ! Je l’avais dit !
Le Capitaine fulmina, maugréa, parla dans sa barbe, jura et continua :
– Tant pis pour ce foutu gamin ! Il était prévenu ! C’est de sa faute ! Je suis sûr qu’il a fait exprès de sauter pour me provoquer ! Ah ah, mais je lui avais bien dit que je me ficherais de ce qui pourrait lui arriver ! C’est bien fait pour lui ! essaya de se convaincre le Capitaine, malgré tout un peu tendu.
Énervé, il se concentra sur l’horizon, devant lui. Irrité, il examina un peu l’océan, sur sa gauche. Pas vraiment soulagé, il observa un peu le creux des vagues, sur sa droite.
– Merde ! cria t’il furieusement. Merde et merde ! répéta-t-il sur le même ton. Je l’ai affirmé, j’ai été catégorique, je ne sauterai pas ! C’est du bon sens ! Seul un idiot plongerait au secours d’un débile, tout aussi second soit-il ! Puis ce n’est qu’un enfant, après tout il ne me sert à rien.
On arrête de grogner ! Oh, on s’calme ! Quoi ? Bien sûr qu’vous les enfants, si on y pense et qu’on est un peu cohérent et réaliste, vous devriez être les derniers à sauver !
D’accord, on va prendr’ un exemp’e : disons qu’j’suis mariée, qu’il y a une amie adulte à la maison et, toujours dans mes pattes, Gigi. Un incendie s’déclare, qu’est-ce qu’on fait ? On appelle les s’cours, le 18, bien. Mais avant tout on crie « au feu », très très fort pour prév’nir toute la maison. Histoire que tout l’monde panique, d’toute façon tout l’monde paniquera, c’est toujours comme ça. Donc, y’a l’feu, déjà on pense à soit, après si on peut – on n’peut pas toujours et rien d’pire qu’un héros mort, dites-le vous bien ! –, on porte assistance. Donc si je peux, dans mon exemp’e, je sauve mon mari, bah oui j’imagine que j’l’aime, on s’connait d’puis longtemps, j’lui dois bien ça. En plus disons qu’il travaille, il est donc utile à la société et ramène de l’argent à la maison. Après, mon amie, si je n’la sauve pas, avec qui vais-je rire et m’amuser ? Certainement pas avec Gigi qui est surtout pénib’e, chiante et s’la joue fausse rebelle à deux balles. Ou de mes deux, comme vous voulez.
Donc, parce que j’n’ai pas fini, mon mari est sauf, mon amie aussi, maint’nant pensons aux objets d’valeurs. Oh, bah quoi ?! Mon ordi, ma télé, mon rhum des caraïbes, j’y tiens ! Ok, ok, j’sauve Gigi avant les objets, ok, pfff… c’qu’il ne faut pas faire comme concession…
Tout ça pour dire, que vous, les mioches, faut qu’on vous nourrisse, qu’on vous loge, qu’on vous habille, qu’on vous éduque, qu’on vous supporte et en plus faudrait qu’on vous sauve ? Non, soyons réalistes, j’vous aime bien, mais à aucun moment vous n’d’vez dev’nir une priorité tant qu’vous n’êtes pas utile à quelque chose ! Faut l’admettre, vous n’servez à rien.
Ah, au fait, j’précise que j’aurais pu ajouter un chien à mon exemp’e. Je n’l’ai pas fait, vous pouvez m’remercier.
Le Capitaine, ne pouvant se résoudre à continuer comme si de rien, jeta un nouveau coup d’œil, cette fois-ci en arrière, dans la traînée laissée par le sillage du bateau.
– AAHH AAHH ! Et AAHH AAHH encore ! Putain de punaise de bordel de crotte ! Nom de non d’un pirate ! Ah, il va gagner ce sale mouflet ! Putain, il a fallu qu’il la vérifie son hypothèse à la con !
D’un mouvement rageur, le Capitaine tira son épée du fourreau. Avec force, il la planta dans l’axe du gouvernail, comme Second avait pu le faire précédemment avec un bâton. Le Capitaine espéra que l’épée tiendrait le coup, qu’elle ne se briserait pas sous la force d’un gouvernail tiraillé par la tempête. Il en doutait, mais peu importe, son avenir venait toute façon de s’assombrir. Avec agilité, il se détacha. Avec rapidité, il se dirigea vers la rambarde, où se trouvait jadis Second, et se pencha par dessus bord.
Il regarda encore, chercha, zyeuta, scruta et, aussi inespéré que cela puisse paraître, il repéra une main, levée, immergée au milieu des vagues.
N’hésitant plus une seconde, ne perdant pas plus de temps, avec grâce, il plongea.
Et oui, l’capitaine s’pensait égoïste, il aimait à croire que ses trésors, sa réussite et sa propre personne étaient la priorité. Mais moi, j’vous l’dis, l’Capitaine était quelqu’un d’bien ! Quelqu’un d’attentionné qui aurait tout fait, jusqu’à risquer sa vie, même pour un enfant, si il vous avait à la bonne.
Et oui, si il estimait que quelqu’un valait l’coup, il abandonnait tout ! Et n’en doutez pas, malgré quelques débuts difficiles, il a apprécié Second. Vraiment !
Au moment d’plonger, il sait qu’il va peut-êt’e mourir, il sait qu’il dit adieu à son cher bateau, il abandonne l’idée de conquérir la Commandante, et il sait qu’il peut oublier ses rêves de gloire et de richesse.
La morale, mes p’tits pirates, c’est qu’lorsque le temps est v’nu, il ne faut pas hésiter, il ne faut plus réfléchir, ne plus analyser l’ordre des priorités, il faut agir, tout laisser derrière soit, pour ne garder que sa fierté et ses convictions.
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