Mon île - 04 - El Capitano.
– Ce pschiiii, c’est…
– Normal. Plutôt, habituel ; comme apparemment le fait de ne pas terminer tes phrases, dit l’Étranger à l’attention de Freluquet.
– Si tu me coupes, je ne risque pas de les finir ! se justifia-t-il.
Un blanc s’en suivit et il ne fallut pas compter sur un Corinne boudeur pour combler la conversation. L’Étranger vida son verre, Freluquet continua à se masser le crâne. Le voyant faire, l’Étranger, gagné par une légère pointe de culpabilité, se préoccupa de lui :
– À rester assis ainsi au sol, ce seront bientôt tes fesses qu’il te faudra masser.
– Sois heureux que je reste assis au lieu de venir te mettre une dérouillée ! Car si je ne m’abuse, je te dois mon mal de crâne.
– Il faut dire que tu l’as cherché, à jacasser, à hurler, à me déranger comme tu le faisais.
– Que m’as-tu lancé ?
– Un simple caillou, pas plus gros qu’une…
– Noix de coco ? termina cette fois-ci Freluquet.
– Restons-en à une simple noix. Une petite.
Freluquet se contint intérieurement pour ne pas lui sauter au cou, l’étrangler, le jeter au sol et lui porter un coup de pied, violent, dans les côtes, la tête, le ventre, ou dans ces trois zones réunies, pour lui faire mal, très mal. Il arriva à se retenir physiquement mais verbalement ne put s’empêcher d’y aller de sa petite menace :
– Ne t’avise plus, jamais, plus, jamais, de me lancer un quelconque objet en pleine tête !
– Ou sinon ?
– Sinon il risque de t’arriver des bricoles.
L’Étranger, un rictus aux lèvres, étudia alors Freluquet :
<< – Ma foi, il est costaud, jeune, ambitieux, grognon, rageur, presque effrayant. Mais trop tempétueux, pas assez réfléchi, à le voir pas bien agile et trop ampli de certitudes. Bref, puissant, mais si je reste sur mes gardes, peu de risques, avec son caractère impulsif et irraisonné, qu’il puisse m’être dangereux. >> – D’accord, ça va s’en dire !
Freluquet, satisfait que l’Étranger puisse le craindre, le sonda à son tour :
<< – Ma foi, il est faible, vieux, un tantinet charitable, grincheux, m’a l’air docile, en tout cas bien ridicule. Mais derrière son calme je vois de l’intelligence, un brin de susceptibilité hostile et je sais que, à défaut de pouvoir se mouvoir correctement, il est agile dans ses lancés. Bref, vicieux, mais si je reste sur mes gardes, peu de risques, avec son physique décrépit, qu’il puisse m’être dangereux. >> – Bien, tu fais bien de prendre en compte mes considérations.
– Considérations, ou menaces ? voulut savoir l’Étranger.
– Comme bon te semble, Vieillard.
L’Étranger tiqua, Corinne sortit de sa torpeur :
– Aah aah, viieeiillaard, viieellaard !
L’Étranger joua avec son verre maintenant vide et fixa Corinne. Sous l’allusion, l’oiseau rectifia aussitôt le tir :
– Viieeiillaard, paas see fiieer, prééseenteer Eel Caapiitaanoo ! Eel Caapiitaanoo !
– Elle capitaquoi ? Qui fait quoi ?! s’irrita Freluquet.
– El Capitano ! El Ca-pi-ta-no, voici mon nom ! Et ne t’avise plus, jamais, plus, jamais, de me traiter de "Vieillard".
– Ou sinon ? copia Freluquet.
– Sinon il risque de t’arriver des bricoles, plagia El Capitano.
Freluquet ne put retenir un petit rire ; El Capitano l’imita, d’une façon plus bruyante.
Tous deux rigolèrent donc de cette répétition, mais plus subtil’ment, ils s’amusèrent des menaces que ni l’un ni l’autre ne prenaient au sérieux, considérant bien entendu l’autre comme étant le plus faible.
Et ouais, les hommes… ils sont tous les mêmes. Eux et leur virilité, eux et leur arrogance, eux et leur sentiment d’être toujours les plus forts… eux, eux et eux, rien et toujours qu’eux !
Pour ça le Capitaine était irrécupérable ; El Capitano… je n’l’ai pas connu, je n’ai entendu que des histoires sur lui qui ont… en fait confirmé qu’il ait pu se sentir supérieur.
Au fait, d’après vous, si deux mâles se voulant être des leaders se retrouvent dans une même pièce, qu’est-ce qu’i’ s’passe ? Allez, un indice avec une morale :
La morale, mes p’tits pirates, n’hésitez pas à jouer au plus fort, intimidez toujours à outrance, roulez des mécaniques ; mais ayez à l’esprit que l’autre peut cacher son jeu, méfiez-vous en et restez sur vos gardes : les impressions peuvent être trompeuses.
– Alors comme ça tu es d’origine…
El Capitano laissa à Freluquet le soin de réfléchir :
– … vu la sonorité de ton nom, je pencherais pour portugaise ? Espagnole ? Pas italienne, si ?
– Non, non, sûrement pas italien ! – encore heureux ! Italien, ouh, j’en frémis… – Et pas plus portugais qu’espagnol… du moins pas vraiment.
Amusé, Freluquet tenta de deviner d’où pouvait bien être originaire El Capitano :
<< – Grand, sans être immense. Plutôt fin, assez sec, tout en muscle. Il parle français à la perfection sans aucun accent. Une peau très blanche, ridée ; un tatouage passé, usé, cabalistique – un truc tribal… des sortes de demi-cercles fins, un truc géométrique joli, quoi ! – autour de son seul œil, d’un bleu azur fatigué. Par galanterie, il pourrait tout de même porter un bandeau sur son œil gauche, crevé, borgne, traversé d’une cicatrice irrégulière, répugnante. Des cheveux gris, coiffés en queue de cheval et une barbe tout aussi grise, longue et bien fournie, légèrement jaunâtre au niveau de la bouche ; il fume, le vieux bougre. Tiens, lui manque quelques dents, un bagarreur ou est-ce dû à sa vieillesse ? Ses habits, des loques sombres, infâmes, un peu malodorantes, d’un prestige passé, miteuses et trouées, elles ne m’apporteront aucun indice. À moins que comme moi, il ne se soit échoué ici, sans possibilité de repartir ? Ses mains ne laissent pas indifférentes, burinées, de travailleur, à l’épreuve de l’extérieur ; mais surtout, plus que ça, ce qui m’intrigue ce sont ses bagues, de l’or à chaque doigts ! J’ai aussi vu ses bracelets, clinquants ! De l’or également, j’en suis certain ! Tout comme sa boucle d’oreille, un anneau d’or, bien lourd. Il est riche, aucun doute là-dessus. Il me faudra en savoir plus, je vais devoir découvrir le secret de ce El Capitano. >> – Tu pourrais être d’un peu partout ! La chose que je devine c’est un passé mouvementé, le titre d’El Capitano est une distinction glorieuse, tu as donc été un chef qui, à la vue de ton accoutrement et de ton tatouage excentrique, a beaucoup voyagé. Puis, tu as été riche.
– Félicitations, tu m’as assez bien cerné. Mais ne parle pas au passé pour ma richesse, ni même pour mon statut de chef, donne-moi un bateau et en un claquement de doigts j’aurai des milliers de volontaires pour embarquer. Mon titre me vient de mon premier équipage, des espagnols, en effet, tous morts… enfin bref, ceci est une toute autre histoire, tout comme mes origines qui sont maintenant lointaines et somme toute peu importantes tellement j’ai pu voyager. Un jour, peut-être te conterai-je ma vie, bien que si toi aussi tu parcours le monde, les mondes, tu entendras forcément parler de moi.
– Oh, devrais-je donc récupérer une de tes rognures d’ongle pour en faire une relique ? se moqua Freluquet.
Hein ? Oh… relique… euh… et "les mondes", non ? Pour ça personne ? Pas plus que Freluquet alors… c’est qu’c’est acquis ou… bon bref, relique, relique, relique… Quand quelqu’un meurt, on peut prél’ver des échantillons sur son corps et en faire ces fameuses reliques. J’crois même qu’on peut anticiper sa mort et les prél’ver avant.
Pour en faire quoi ? Bah, un objet précieux, que l’on pourra vénérer. On peut même simplifier la chose et prend’e directement un objet lui ayant appartenu. À qui ? Au mort ! Suivez, bon sang d’bois !
Entre nous, mieux vaut une partie du défunt, j’crois qu’ça a quand même plus de pouvoirs qu’un simpl’ objet.
Vénérer ? Ouais, non, mais… si faut qu’j’vous explique tous les mots d’la définition, autant qu’j’écriv’ un dictionnaire ! Vénérer, ça veut dire que les objets récupérés on pourra y vouer un culte, les respecter, en fair’ un truc de sacré, jusqu’à les envoûter pour s’octroyer des pouvoirs occultes ! Classe, hein ?
Donc qu’est-c’qu’on peut prendre ? Bah, un peu tout… Des ongles ? Oui, Freluquet l’a dit. Des dents ? Euh, oui la p’tite souris le fait. Des cheveux ? Oui. Des doigts ? Bien entendu. Des pieds ? Tout comme une jambe, le prélèv’ment peut êt’e gros. Un cœur ? Un foie, l’estomac, le cerveau, just’ une partie, tout, tout j’vous dis ! Et après vous l’mettez dans une boîte, sous verre, dans un tupperware et vous allumez une p’tite bougie autour de temps à autre pour donner un caractère sacré. Ok ?
Mais bon, on fait ça pour les personnes importantes, qu’ont réalisé des miracles, de grandes choses, qui ont eu des dons… sinon on n'en finit pas.
Je vois qu’vous êtes timides, vous n’osez pas m’poser la question mais oui, oui vous pourrez l’faire sur moi. Tiens, comme j’suis gentille, pour quand vous r'viendrez, j’vous gard’ à chacun une de mes crottes de nez ! Tutute, j’veux pas vous entend’e, vous remerci’rez plus tard.
– Méfie-toi, je te trouve bien insolent.
– Et moi je te trouve bien vantard pour un borgne ! répliqua Freluquet.
– Va donc jusqu’au bout de ton insinuation !
– J’insinue que celui qui t’a pris ton œil, où qu’il soit, et qui par la même occasion t’a fait cette gracieuse balafre, doit, à l’heure actuelle, se gausser de ta vantardise !
Le Capitaine apprit bien des années plus tard la raison de cet œil crevé. Si moi je l’sais ? Bien entendu ! Si j’vais vous l’dire ? Moui, pourquoi pas. Maint’nant ? Non, même pas en rêve ! Ai-je l'habitude de m'éparpiller ? Tutute ! Tute ! Restons dans l’instant d’l’histoire :
El Capitano se remémora un instant cet épisode de sa vie, mais n’en raconta rien, préférant à cela une réplique simple :
– Puisses-tu garder tes deux yeux jusqu’au bout de ta vie. Mon intuition me dit qu’il n’en sera rien.
Freluquet éclata de rire :
– Que je meure sur le champ, que les dieux me foudroient, que le diable prenne mon âme, que je sois maudit sur dix générations, si un tel affront, un tel déshonneur devait m’arriver ! Je jure, je jure sur la tombe de mon père, sur la tête de ma mère – si la bougresse est encore vivante – sur…
– J’ai compris l’idée ! Sais-tu que tu as un sacré défaut à vouloir toujours tout rendre fastueux ?
– Peut-être… Je jure que moi borgne, je…
– Oui ? le poussa El Capitano.
– Je jure que ça ne m’arrivera jamais !
– Ou sinon ?
– Il n’y a pas de sinon ! Plutôt mourir damné que d’être borgne !
Sur cette certitude, sans autre déclaration, sans attendre de réponse, Freluquet se leva, s’étira, pour se détendre les muscles et, l’air de rien, se dirigea vers Corinne. À sa hauteur, il lui tendit l’index :
– Toi, puisque tu sembles me comprendre, sache que si un jour tu me becques, je te plume et je te tue.
Corinne ne broncha pas. Freluquet lui tapota la tête :
– Bien, nous partons sur de bonnes bases.
Corinne s’ébroua et, alors qu’il s’apprêtait à lancer un autre pschiiii machinal, il fut arrêté net par une pichenette sèche qui lui percuta le bec. Décontenancé, il en resta bec-bé ; Freluquet émit, quant à lui, un petit ricanement machiavélique.
Tout tranquille, il vint ensuite devant une chaise, la tira et s’assit. Il s’empara d’un des verres restants, fit la moue devant l’état de propreté douteuse, mais gagné par l’envie de boire, passa outre :
– Pourrais-tu me servir ? Et par la même occasion, profites-en pour me dire où je suis et ce que tu fais là sur cette île malgré ton glorieux passé, El Capitano. Ah, bien entendu, je vais me contenter de la version courte !
El Capitano attrapa la bouteille de rhum, la déboucha et servit généreusement Freluquet :
– Bienvenu sur mon île, Freluquet.
Freluquet but d’un trait et lâcha un "aaahhh" chaud et sonore. Il reposa son verre sur la table et, avant d'écouter une quelconque histoire, crut bon de clarifier les choses :
– Freluquet ? J’avais donc bien compris, c’est la deuxième fois que tu me nommes de la sorte. Je ne m’appelle pas ainsi !
– Je me fiche de quel peut bien être ton prénom, nom ou surnom ! Tant que je n’aurai pas d’autre raison d’en changer, tu seras : Freluquet !
– El, défraîchi, Capitano, je m’en vais te montrer qui je suis.
Freluquet se leva aussi sec et, avec violence, balança la table qui le séparait d’El Capitano. Ceci fait, il se mit en position de boxe :
– Allez, réglons ça tout de suite !
Dans un "ouh" gênant, El Capitano se leva à son tour, mit sa main droite dans le dos et positionna la gauche devant lui :
– Allez, une seule main devrait suffire...
– Je vais t’apprendre le respect !
– … et pas ma dominante.
– Hein ?
– Pfff, je suis droitier, la gauche n’est pas ma meilleure main… mais bon, allez, viens, ça va le faire.
Énervé par tant d’arrogance, Freluquet attaqua sans tarder et testa El Capitano avec un petit direct du gauche ; son poing fut aussitôt balayé par une clinquante gifle.
Freluquet enchaîna avec un crochet du droit, pas trop rapide ; d’un retrait du buste, El Capitano l’esquiva aisément.
– Freluquet, mets-y de la conviction ! le tança El Capitano.
– Je ne voulais pas trop t’amocher, puisque tu insistes, je vais passer à la vitesse sup…
Une gifle claqua la joue de Freluquet, le stoppant net dans sa phrase.
– Petite moralité, gratuite, reste toujours sur tes gardes. Et pour rappel, tu parles trop.
Offensé, plus que réellement blessé, Freluquet vit rouge et se rua sur ce qu’il considérait maintenant comme un réel adversaire. Direct du gauche, crochet du droit, doublé, nouveau direct, uppercut. En face : esquive à gauche, à droite, du buste, du cou, parade avec le front – ce qui eut le mérite de faire résonner les phalanges de Freluquet, plus que la tête dure d'El Capitano – et enfin, contrôle de l’uppercut d’une main ferme.
– Hum, ok, tu as de beaux restes, je ne te pensais pas si vivace, consentit Freluquet déjà un peu essoufflé.
– Est-ce tout ce dont tu es capable, Freluquet ? nargua El Capitano.
Freluquet, affublé de ce surnom ridicule et raillé de ses capacités, se sentit humilié et laissa cette fois-ci exploser toute sa fureur. Le bras droit armé, prêt à frapper de toute ses forces, pour faire mal, très mal, il s’élança vers El Capitano… sans même penser à se protéger.
Tel un éclair surgi de nulle part, une droite fulgurante le tamponna et le sécha sur place.
Plus que groggy, par ce coup bien placé sur la mâchoire, Freluquet s'éteignit, sans son, sans lumière, et retourna au sol, ko, telle une poupée de chiffons.
– Petite moralité, rassure-toi toujours gratuite, que je laisse à ton subconscient le soin d'analyser : toujours écouter les moralités.
Et moi, mes p’tits pirates, j’m’en vais vous en rajouter une autre : ne jamais faire confiance aux vieillards ! C’est fourb’ et dang’reux un vieillard ! Puis c’est menteur, et toujours à tricher ! Méfiez-vous des vieux !
Mais non ! Pas d’moi !
– Que vais-je faire de lui, Corinne ? Que vais-je bien pouvoir faire de lui… Devrais-je sans cesse le corriger ? Vais-je devoir le tuer ? Dois-je lui laisser une autre chance ? Vais-je pouvoir lui apprendre quelque chose ? D'ailleurs, en vaut-il la peine ? Pourquoi m’embêterais-je ? Qu’en penses-tu, Corinne ? Je te laisse décider.
Corinne regarda le corps inerte de Freluquet, remarqua un filet de bave qui s’écoulait déjà de sa bouche et ses yeux vitreux, perdus dans le vide. Il s’imagina Freluquet voyager ailleurs ou plus simplement perdu dans les méandres du néant. Il prit son temps, réfléchit, se posa la question de savoir si il devait s’accrocher ou non à lui, se demanda à son tour si quelque chose de profitable pouvait sortir de ce jeune impétueux, se remémora la pichenette, le rire perfide, se…
– Bon ?! Tu te décides ?! le pressa El Capitano.
Pris de court, il fronça les sourcils et, contrarié, en resta à sa dernière pensée et se désintéressa de l’affaire :
– T’aas qu’àà tuueer !
Surpris, El Capitano haussa les sourcils et, râleur, s’affaira au problème :
– Je ne m’attendais pas à cette réponse, je te pensais plus clément. Pour une fois que nous avions de la visite, un peu de compagnie nous aurait fait le plus grand bien. Bon, tant pis.
El Capitano sortit de sa botte un couteau et se baissa vers Freluquet.
Ah, vous rapp’lez-vous ? Non, bien sûr… Sauf peut-être Gigi, qui en a fait les frais.
Alors je m’répète : un bon pirate a toujours un couteau caché dans sa botte. Pourquoi ? Pour les coups durs, pour l’imprévu, pour s’en sortir, pour pouvoir tuer, pour les derniers recours ! Pour le casse-croûte…
Quoi ? Est-ce que El Capitano a tué Freluquet ? Qui a posé cette question ?! Qui ?! Je veux un nom ! Quel est le petit insolent qui a posé cette question, DÉBILE !
Il n’a pas pu l’tuer ! Sinon, c’est qu' depuis des heures j’s’rais en train d’vous raconter l’histoire d’un fantôme !
Allez, vous m’avez énervée… Oui, je généralise, ET ALORS ?! Pour la peine, vous saurez comment il n’est pas mort, PLUS TARD !
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