Chapitre 15
La vie à la ferme suivait son court, sous un beau soleil d’été. Environ deux mois s’étaient écoulés depuis la toute première expérience nocturne d'Eldria, et si cette découverte n’avait rien changé au rythme soutenu de ses journées, elle avait au moins eu le mérite de les pimenter un peu. Il était en effet devenu récurrent pour Eldria de s’accorder un petit instant relaxation le soir avant d’aller dormir, et parfois même le matin au réveil quand elle était d’humeur.
Afin de briser quelque peu la monotonie, elle avait développé plusieurs approches : elle le faisait parfois avec la main droite, parfois avec la main gauche, parfois en se caressant la poitrine, et parfois non. Plutôt que de rester allongée sur le dos, il lui arrivait aussi de se mettre sur le ventre, ou même de le faire à genoux sur le lit. Tantôt elle se mettait toute nue, tantôt elle préférait simplement glisser ses doigts sous sa culotte. Les jours où elle était particulièrement excitée, elle s’autorisait même à en insérer délicatement un à l’intérieur...
Il lui arrivait également de se laisser aller à quelques petites folies, comme cette fois où, trop excitée alors qu’elle était seule dans les écuries, elle avait baissé sa culotte jusqu’au bas des cuisses, soulevé sa robe, et s’était mise à se caresser lascivement en plein milieu de la journée, sous le regard distrait des chevaux. Cet aspect transgressif, le fait de risquer d’être surprise à tout instant, lui avaient au final procuré une sensation loin d’être désagréable.
Son imagination n’était pas en reste et accompagnait avantageusement toutes ces séances d’onanisme par des pensées ou des images quelque peu coquines, parfois franchement osées. Souvent, elle essayait de reconstituer aussi fidèlement que possible dans son esprit la scène dans la grange avec Troj, Aran, et Salini. Il lui arrivait même de se laisser aller à imaginer ce qu’elle aurait pu observer si elle était restée plus longtemps ce jour-là, à les espionner. Elle n’avait jamais vu un homme et une femme en plein acte – et encore moins deux hommes et une femme – aussi ne pouvait-elle que se représenter Salini, à quatre pattes dans le foin, pousser des gémissements sonores tandis qu’un des deux garçons la pénétrait vigoureusement par derrière pendant que l’autre se masturbait non loin, en observant la scène.
Mais ce qui excitait le plus Eldria, ce qui lui faisait le plus tourner la tête au moment de se laisser aller à jouir, c’était d’imaginer Jarim, son meilleur ami dont elle était secrètement amoureuse depuis l’enfance. Les sentiments qu’elle éprouvait à son égard avaient grandement évolué au fil des ans. D’une simple et tendre affectation quand elle n’était encore qu’une enfant vint l’amourette d’adolescents quand elle commença, à l’âge de douze ou treize ans, à se rendre compte que son cœur se mettait à battre de plus en plus fort quand ils étaient ensemble. Puis, à mesure que les années passaient et que leurs corps respectifs se formaient – de la poitrine et des hanches pour Eldria, des pectoraux et de larges épaules pour Jarim – elle s’était surprise à se sentir rougir de manière prononcée chaque fois que son ami retirait sa chemise, par exemple pour la baignade au lac ou pour le travail à la ferme.
C’était d’ailleurs un évènement tel que celui-ci qui lui avait valu de vivre l’un des moments les plus cocasses de sa vie à peine quelques jours plus tôt. Avec un groupe de femmes, elles étaient parties en milieu de matinée en direction de la forêt dans le but de cueillir quelques baies sauvages. Les hommes, quant à eux, s’attelaient à abattre quelques arbres non loin, afin de commencer le stock de bois pour l’hiver.
Il ne fallut pas longtemps à Eldria pour repérer Jarim, une hache à la main, tapant vigoureusement dans l’arbre qui lui faisait face. Des gouttes de sueur perlaient sur son torse dénudé et, astucieusement postée derrière un buisson et faisant mine de ramasser des framboises, elle ne loupa pas une miette du spectacle viril que formaient les muscles du dos de son ami à mesure qu’ils se contractaient et se rétractaient au rythme des coups portés sur le tronc. Après quelques minutes d’observation intense et ne pouvant plus se contenir, Eldria feignit une envie pressante puis se précipita chez elle. En soit, ce n'était pas vraiment un mensonge. Elle avait bien une envie pressante, mais de nature particulière...
La maison était vide à cette heure. Ni une ni deux, elle se précipita dans les escaliers menant à l'étage puis dans sa chambre, claquant la porte derrière elle. À peine une seconde plus tard, elle avait déjà fait voler au travers de la pièce sa robe et sa culotte, et s’était allongée sur le lit. Elle ne savait pas si c’était à cause de la sueur ou bien de l’excitation mais son sexe était trempé, aussi bien que quand elle se mit à le tripoter énergiquement, le bruit habituel de frottement humide qui en résulta était plus fort qu’à l’habitude. Pourtant, cela ne la dérangea pas le moins du monde. Elle était seule, personne ne pouvait l’entendre, elle s’autorisa donc à augmenter un petit peu le volume. Des gémissements de plus en plus prononcés se firent alors bientôt entendre dans la petite pièce inondée d’un vibrant soleil d’été.
Cela aurait pu en rester là, mais il en fut autrement... En deux minutes à peine en effet, et à force de rejouer dans sa tête les images encore fraîches du dos musculeux de Jarim en pleine activité, elle avait déjà atteint son pic. Comme lors de chacun de ses orgasmes les plus intenses, elle sentit gicler entre ses doigts ses sécrétions intimes, chaudes et légèrement gluantes, qui ne tardèrent pas à venir maculer le drap blanc sous elle. Son oncle et sa tante n’étant pour une fois pas là pour l’entendre, elle s’abandonna à pousser un ultime râle de plaisir, qui résonna dans toute la maison.
Ce fut à cet instant précis que la porte d’entrée du rez-de-chaussée claqua. Quelqu’un était rentré ! Pas encore remise de ses émotions, Eldria ressentit soudainement une panique indescriptible, mêlée de peur. À faire autant de bruit on l’avait peut-être entendue, d’autant qu’elle n’était pas censée être dans sa chambre à cette heure ! Alors qu’elle n’avait pas encore eu le temps de réagir, des bruits de pas pressés se firent entendre dans l’escalier. Quelqu’un montait ! Le sang d’Eldria ne fit qu’un tour. Elle était encore entièrement dévêtue sur son lit, les mains entre les cuisses dans une position plus qu'évocatrice, il ne fallait surtout pas qu’on la surprenne ainsi ! Les pas se rapprochaient dangereusement. Dans moins de cinq secondes quelqu’un serait dans la chambre... Elle n’avait pas le temps de se cacher sous le lit, ni encore moins de se rhabiller, aussi fit-elle la seule chose qu’il y avait à faire : se glisser avec hâte sous son fin drap d’été, priant de toute son âme pour que cela suffise à la dissimuler...
Soudain, la porte de sa chambre s’ouvrit avec fracas, et Eldria entendit distinctement quelqu’un pénétrer d’une démarche décidée à l’intérieur. Son cœur sembla s’être arrêté, comme figé dans le temps. Elle ne bougea plus, retenant sa respiration pour ne pas que ses imperceptibles mouvements de poitrine trahissent sa présence dans le lit. L’espace d’un instant qui sembla durer une éternité, elle redouta que l’intrus ne vienne tirer d’un coup sec sur le drap, révélant tout de sa stupide supercherie. Et de son corps dénudé par la même occasion.
Ce fut finalement la voix résignée de sa tante qui vint briser le silence :
– Pas capable de ranger ses affaires... marmonna-t-elle, apparemment pour elle-même.
Si elle avait pu, Eldria aurait à ce moment précis poussé un soupir de soulagement. L’intrus n’était en réalité que sa tante Dona venue ramasser le linge sale ! Elle l’entendit faire quelques allers-retours autour du lit, de toute évidence totalement inconsciente de la présence de sa nièce à moins de deux mètres d’elle. Enfin, elle sortit en refermant la porte derrière, laissant Eldria seule, haletante sur son matelas. La jeune femme attendit d’entendre sa tante s’éloigner puis ressortir de la maison, probablement pour se rendre à la fontaine afin de laver le linge.
Quand elle émergea de sous sa fine cachette improvisée, son cœur continuait de battre à tout rompre. Elle se leva en essuyant de son front les quelques gouttes de sueur qui étaient venues y perler, puis s’approcha prudemment de la fenêtre au travers de laquelle elle vit sa tante s’éloigner pour de bon.
« C’était moins une ! » se dit-elle, soulagée. Fort heureusement, elle avait mené sa petite affaire rapidement, aussi lui restait-il simplement à se rhabiller et à rapidement rejoindre les autres afin de n'éveiller aucun soupçon. Ce fut seulement quand elle balaya le sol du regard que, soudain, elle se rendit compte avec horreur que... ses vêtements n’étaient plus là ! Sa robe et sa culotte, qu’elle avait envoyées valser quelques minutes plus tôt... Disparues ! Le cœur battant, elle se précipita vers son armoire. Plus rien ! Ses derniers vêtements propres étaient censés être sur elle en ce moment-même. Une peur panique la gagna de nouveau.
– Réfléchis, réfléchis... se concentra-t-elle, en essayant de garder son calme.
Elle était dans sa chambre, sans rien à se mettre sur le dos, et on l’attendait pour la cueillette... Comment allait-elle faire pour se sortir de cette situation ? Elle n'allait tout de même pas retourner travailler toute nue ! Les vêtements de sa tante dans la chambre d’à côté seraient de toute façon bien trop larges pour elle, aussi ne pouvait-elle pas simplement les lui emprunter...
– Il doit bien y avoir une solution... dit-elle à haute voix.
Au bout de quelques secondes d’une intense réflexion elle arriva à la conclusion suivante : sa meilleure option était d’aller chercher des vêtements sur l’étendage. Avec la chaleur, ceux-ci devaient être secs. Seul problème : ledit étendage se trouvait dans l’arrière-cours de la maison, à l'extérieur. Elle allait donc devoir descendre les escaliers, traverser le grand séjour, passer par la cuisine, puis sortir par la porte de derrière, en risquant donc à de multiples occasions d’être surprise par quelqu’un décidant de rentrer à l’improviste, mais aussi de s’exposer au regard indiscret des voisins, et ce les fesses à l'air !
Malgré toutes ces contraintes, elle dut se rendre à l’évidence : elle n’avait pas d’autre choix. Et puis de toute façon le temps jouait contre elle. Sa décision prise et acceptant bien malgré elle le risque encouru, elle ouvrit doucement la porte de sa chambre, attentive au moindre bruit suspect. Elle n'entendit rien. Elle se faufila donc dans les escaliers menant au rez-de-chaussée. Ses pieds nus ne faisaient heureusement aucun bruit sur les marches de bois. Arrivée au niveau du séjour, elle se plaqua contre le mur et jeta un rapide coup d’œil en direction de la porte d’entrée. Personne. Une fois qu’elle s’engagerait dans la pièce, elle ne pourrait plus faire demi-tour. Si quelqu’un entrait, on la verrait forcément.
Elle prit une profonde inspiration. C'était le moment ou jamais. Puis, crispée, elle s'élança en direction de la porte de la cuisine à l’autre bout de la pièce. Instinctivement, elle avait plaqué ses bras contre elle de façon à dissimuler un minimum ses attributs féminins. Elle s’engouffra dans la cuisine, le stress et la chaleur la faisant transpirer à grosses gouttes. C’était une sensation très étrange que de se retrouver ainsi dévêtue dans une pièce à vivre...
Alors qu’elle scrutait l’étendage dans le jardin au travers des carreaux de la fenêtre pour vérifier que la voie était libre, elle sentit couler doucement le long de sa cuisse gauche un liquide tiède. « Oups ! » pensa-t-elle. Les récents évènements s’étaient enchaînés si vite qu’elle n’avait même pas pris le temps de s’essuyer correctement après son petit instant de détente. Du fluide séminal continuait en effet de s’écouler de son intimité... Se sentant rougir, elle s’épongea brièvement à l’aide d’un mouchoir en papier puis, ne voulant pas perdre plus de temps et n’apercevant personne à l’horizon, elle prit son courage à deux mains et se précipita dans le jardin. Elle ressentit au contact de l’air extérieur contre sa peau dénudée l’une des sensations les plus étranges de sa vie. Ses fesses et sa poitrine n’avaient pas vraiment l’habitude d’être exposées directement au soleil !
La clôture autour de la cours arrière de la maison n’était pas très haute, n’importe qui passant non loin pouvait avoir une vue relativement dégagée sur le jardin. Egalement, les fenêtre des deux maisons voisines jouissaient d’un vis-à-vis non négligeable sur le périmètre. Sur la dizaine de mètres qui la séparait de l’étendage, Eldria se sentit vulnérable comme jamais dans sa vie. Et pourtant... Une partie d’elle-même était également très légèrement émoustillée à l’idée que quelqu’un, n’importe-qui, pouvait être en train de l’observer à son insu en cet instant précis... Cet éventuel voyeur appréciait-il ce qui s’offrait à ses yeux ? Elle ne le saurait jamais. Et c’était peut-être mieux ainsi !
Ces considérations n’empêchèrent pas Eldria de décrocher d’un geste vif l’une de ses robes blanches pendue à une fine cordelette tendue entre deux poteaux, puis, se rendant rapidement compte qu’aucun de ses sous-vêtements n’était en train de sécher, de rebrousser chemin en direction des murs réconfortants de la maison. Tant pis, elle passerait le reste de la journée sans culotte...
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