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Ce jour là, je trainais depuis plus d’une heure, quand ce fichu mal de tête monta d’un cran. Comme ce brouhaha me bouffait la vie !

Je priais pour que le psy ne me ‘casse pas trop les couilles’ lors de sa séance ou j’allais péter un câble !

Déprimé, je montrais ma plaque d’identité au vigile de la clinique de secteur et montais péniblement à l’étage des psys. Comme d’habitude, la salle d’attente était bondée et sans enthousiasme, je m’adossais à un mur et patientais…

J’avais fini par comprendre pourquoi on appelait ‘patients’ les malades en attente de leur médecin. Il était vrai qu’il fallait vraiment l’être pour endurer sagement le bon vouloir de ces ploucs en chemise blanche.

Ma vie se résumait à des attentes interminables entrecoupées de déceptions incommensurables.

Par chance, quel que soit le problème, ma Smart-console avait la solution ! Et avec elle, je ne m’ennuyais jamais. Une fois installé sur un bout de banc, je me connectais directement sur les réseaux sociaux. Aussitôt, je fus assailli d’images débiles, de commentaires crétins, mais au milieu de tout ce ramassis de bêtise, j’arrivais à isoler quelques infos intéressantes.

Je répondais rapidement à mes ‘amis’ virtuels puis je me perdis dans la foule de messages déjà en attente.

Quand tout à coup, sans crier gare, ma tête sembla prête à exploser !

C’était comme si un dingue venait de surgir avec un mégaphone à la main et me hurlait des mots incompressibles dans les oreilles…

J’étais comme paralysé, hébété. Si cela ne cessait pas immédiatement, mon cerveau allait griller ou exploser, c’était sûr !

Le son s’amplifia encore jusqu’à un seuil jamais atteint.

Alors que j’étais sur le point de défaillir, la porte de la salle d’attente s’ouvrit et une femme, suivie d’une jeune ado, entra dans la pièce. Elles vinrent s’asseoir en face de moi.

J’étais terrifié… C’était ELLE ! Elle était à l’origine de tout ce vacarme !

La jeune fille avait le regard baissé, mais elle hurlait dans mon crâne en continu : «J’AI PEUR, J’AI PEUR, … »

Et moi… Je sentais mes entrailles se liquéfier, mes yeux pleurer et mes oreilles saigner. Si elle ne se taisait pas, elle allait me tuer !

Je restais tétanisé dans l’attente du coup de grâce qui mettrait fin à mes jours. Pourtant, la douleur sembla décroître. Lentement, je me détendis et tentais de comprendre ce qu’il m’arrivait.

Dans ma tête, c’était l’effroi… J’étais comme pétrifié. Face à la violence et la soudaineté de cette agression, je restais sans voix. La môme avait bien failli me tuer… et moi j’étais resté comme un con, sans pouvoir me défendre.

Je demeurais pourtant sur mes gardes, si cette folle tentait à nouveau de me cramer les neurones, je lui collerai une baffe qu’elle n’oublierait pas de sitôt !

Mais rien ne se passa, je semblais désormais apte à juguler le flot des pensées qui convergeaient vers moi.

Tout à coup… la porte du médecin s’ouvrit.

Ce fut comme un signal ! La jeune fille apeurée paniqua et hurla mentalement à tue-tête : NON, NON, NON …

J’étais de nouveau plaqué dans mon siège, la gorge nouée. Paralysé, en apnée le souffle coupé, je luttais pour ne pas perde connaissance. Si elle n’arrêtait pas, j’allais mourir asphyxier !

Alors que je me sentais défaillir, j’hurlai mentalement à mon tour : SILENCE !

Le flot des mots stoppa aussitôt. La jeune fille redressa sa tête et chercha autour d’elle qui avait bien pu l’apostropher ainsi. Finalement, son regard s’arrêta sur le mien.

Elle sembla étonnée… J’étais abasourdi…

- JE T’EN SUPPLIE, STOP !

Elle réalisa que je n’avais pas prononcé ces mots à voix haute, mais directement dans son esprit.

Elle était terrifiée… et moi, j’étais tétanisé… Le duo de choc !

Le docteur l’avait presque rejoint, je devais intervenir. Sans ouvrir la bouche, je me concentrais et projetais mes pensées vers elle :

- N’AIS PAS PEUR !

Sa réponse sembla fluette et presque inaudible : ‘

- Ne crie pas, par pitié.

Je comprenais qu’à mon tour, je l’avais agressé. Je devais être plus mesuré dans mon ton :

- Ne dis rien au docteur ! Dis-lui que tes migraines commencent même à diminuer et que tu penses aller mieux. As-tu bien compris ?

Un simple « oui » très frêle me parvint en réponse. J’espérais, par cette mise en garde, lui avoir épargné des années de thérapies aussi inutiles que néfastes.

Le psychiatre afficha son éternel sourire satisfait. Cet homme n’était qu’un bon à rien… mais capable de tout ! Il fallait s’en méfier !

Croisant mon regard, il en profita pour faire le malin :

- Ah te voilà toi ! Ne te sauve pas, je t’attendais de pied ferme. (se tournant vers la jeune fille, il ajouta) Chère mademoiselle Sylvia, comme je suis très content de vous rencontrer. Votre mère m’a expliqué la situation, venez avec moi nous allons en parler.

Le docteur lui saisit alors la main et l’entraina dans son cabinet.

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