Petit poème en plose
Elle tombe. N’en sort ni chien ni chat, réfugiés sur et sous la couette d’où s’échappent souffles réguliers et rêves apaisés.
Elle tombe. Se fait-elle mal ? Ses genoux s’éclatent, pourtant. Elle pisse sa douleur en flots de bouillons qui rejoignent en longues écharpes brillantes les profondeurs en paix. L’infusion prendra le temps de parler avec la terre et d’épuiser les misères de la surface.
Elle tombe. Dans le charme, un supporter ennuyé tente d’encourager sa relève. Le merle ne voudrait que du soleil. Ces gros bavards n’apprécient guère les douches, ils leur préfèrent les bains où la pétulance s’active en esbroufe, et n’hésitent pas à pétrir la naissance d’un lac jusqu’à lui donner le visage du marécage. Les merles se prennent pour des dieux, démons obscurs de printemps qu’ils refusent silencieux.
Elle tombe, inlassable. Descendue de cieux trop lourds, elle prend vie en la multitude de clochettes scintillantes qui ravit nos yeux et rafraichit nos sens engourdis. Petites fées des nuées, elles ne déchoient pas : elles sèment, s’épandent, et se relèvent sous tant d’avatars qu’on oublie à quel point la mort ne peut être une définitude.
Elle tombe. Nous rappelle que la vie est suspendue à un nuage.
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