Ondine était une petite fille, enjouée, rieuse, taquine, pleine de joie de vivre, vivante. Un jour elle est tombée dans le lac derrière la maison que ses parents avaient loué pour les vacances. Il faisait sombre, c’était le soir. La maman d’Ondine lui avait demandé de ne jamais l’approcher seule, Ondine ne l’avait pas écoutée, Ondine s’était noyée.
Mais ceci n’est pas l’histoire d’Ondine. Ceci est l’histoire de Sarah.
Les parents de Sarah viennent de louer la même maison.

Dans la chambre de Sarah, on voit le lac depuis le lit, quand la nuit tombe l’image fantomatique de la lune ondule à sa surface. Elle se sent exposée, s'il y avait des volets ou des rideaux elle les fermerait. Après tout, sa chambre est toute petite à côté de l’immensité du lac et au centre de celui-ci il y a comme un gros œil d’argent qui la fixe sans jamais cligner.
Sarah cache son visage sous ses couvertures.
Comme beaucoup de petites filles, elle se rassure à l’idée d’être soustraite au regard du monde. Si personne ne la voit, elle est en sécurité. Mais elle non plus ne voit plus le monde. Privée de la vue son ouïe s’étend au-delà de sa couverture, au-delà de son lit et même de sa chambre.
Elle entend au loin de petits bruits, une chouette, le vent sur la maison, quelques oiseaux inconnus.
Son corps se tend. Être dans cette maison toute nouvelle l’inquiète et du haut de ses dix ans, elle ne se sent pas assez courageuse.

Un bruit sinistre retentit alors comme un grincement ou un gémissement venu d’un autre monde. Sarah bondit hors de son lit en hurlant. Elle court jusqu’à la chambre de ses parents. Cette nuit elle ne dormira pas dans son lit.