Le mois d'avril 2012 fut marqué par un événement tragique. Un après-midi, je n'en pouvais plus. Le poids de la douleur, de l'isolement et de la maltraitance m'avait poussée à un acte désespéré : une tentative de suicide. À ce moment-là, tout semblait trop lourd, insurmontable. J'avais l'impression que ma vie n'avait plus aucun sens, qu'il n'y avait plus d'issue.

Quand ma mère découvrit ce que j'avais fait, elle alerta immédiatement Julie.

Elle savait que la situation était grave, mais je doute qu'elle ait pleinement compris l'ampleur de ma souffrance.

Julie, qui vivait dans les Ardennes, fut bouleversée. Elle s'en voulait terriblement de ne pas avoir été plus présente, de ne pas avoir vu les signes.

Mais elle ne resta pas paralysée par la culpabilité. Julie était une battante, et elle était prête à tout pour me venir en aide. Quelques mois après cet incident, en octobre, elle m'invita à venir passer les vacances de la Toussaint chez elle. Je sentais bien que cette invitation allait au-delà de simples vacances. Julie avait réfléchi à une solution pour m'aider à sortir de ce cercle vicieux. Elle espérait que ce séjour serait l'occasion de me sauver de la situation dans laquelle je me trouvais.

Quand je suis partie pour les Ardennes, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. J'étais nerveuse, mais aussi soulagée à l'idée de quitter, ne serait-ce que temporairement, l'environnement toxique dans lequel je vivais. Dès les premiers jours, j'ai ressenti une différence. La maison de Julie et Arnaud dégageait une chaleur, une sérénité que je n'avais jamais connues. Pour la première fois depuis longtemps, je pouvais respirer.

Julie et Arnaud étaient là, présents sans être envahissants. Mon père, qui vivait non loin, passait de temps en temps.

Ensemble, ils ont discuté de ma situation et ont pris une décision importante: si je le voulais, je pourrais rester vivre avec eux.

C'était une proposition qui changeait tout. Ils m'offraient une porte de sortie, une chance de reconstruire ma vie dans un environnement sain, loin de la violence et de la négligence de ma mère. Julie, avec son amour inébranlable et son instinct protecteur, s'est chargée de faire face à ma mère.

Elle lui a expliqué calmement mais fermement que je ne reviendrais pas.

Que c'était trop tard pour moi de retourner dans une maison où je n'étais ni aimée, ni protégée. Ma mère, désemparée, n'a pas eu d'autre choix que de se résigner. Peu de temps après, elle renonça à ses droits parentaux, et Julie devint officiellement ma tutrice légale. Pour moi, c'était un soulagement immense. Ma vie allait enfin pouvoir prendre un autre tournant. Julie et Arnaud, mes sauveurs, étaient désormais mes repères. Ils m'offraient tout ce que je n'avais jamais eu : de la stabilité, de la sécurité, et un véritable foyer.

Les mois qui suivirent furent marqués par de nombreux changements. Je découvrais ce que signifiait vivre dans un environnement sain. Ce n'était pas toujours facile. Apprendre à baisser ma garde, à faire confiance, à accepter l'amour et le soutien, cela demandait du temps. Mais petit à petit, je m'adaptais.

Julie et Arnaud, bien plus que des figures parentales, étaient mes piliers.

Grâce à eux, j'apprenais à m'ouvrir à la vie, à croire en moi, à imaginer un futur où je pourrais enfin être heureuse.

Chaque jour, leur bienveillance et leur amour m'aidaient à retrouver confiance en moi. Et, pour la première fois depuis longtemps, j'ai commencé à croire qu'un avenir meilleur était possible.