Chapitre IV partie I
Les quelques rayons du soleil se dévoilèrent que l'équipe d'aventurières suivit de la louve perdue – toiletté par les soins d'Isyl - sortirent de la forêt avec un sourire en voyant la ville à quelques mètres.
Mornecroc était à flanc d'une petite montagne qu'il fallait traverser pour atteindre Midgard, la terre maudite. De nombreux champs de céréales ont été fauchés, et un moulin assez conséquent semblait tourner au gré du vent brûlant venant du désert.
- Oui ! On va dormir dans un lit ! S'écria Jessie, avec un grand sourire, et les bras en l'air.
Isyl et Lukà eurent un léger air moqueur sur le visage tandis qu'Aya approuva avec moins d'enthousiasme.
- On a dormi qu'une nuit dehors. Souligna délicatement Isyl. Il y a pire.
Jessie eut l'air désolé en baissant ses bras, et fit un sourire maladroit à l'ondine, qui lui rendit un grand sourire.
- Eve !
Une voix féminine enjouée et forte fit tourner les quatre aventurières vers cette dernière, pour voir la louve répondre au nom appelé. La queue entre les pattes, et des gémissements la louve alla saluer la jeune fermière qu'elle connaissait. Un homme d'une grande carrure avec un ventre bien rond croisa ses bras sur son torse avec un regard peu avenant à l'encontre des jeunes femmes.
- Tu vois, je te l'ai dit ! Cyndas n'est pas en retard ! Dit la jeune femme, en se relevant après avoir fait des caresses à la louve. Salutation, auriez-vous vu un chasseur ? Cette louve lui appartient.
La nuit précédente, en revenant au campement, Isyl s'endormit avec la louve sous le regard préoccupé de Lukà, ce qui a interrogé Jessie et Aya à leurs réveils pour leur tour de garde. Calmement et sans émotion, la drow expliqua la situation du propriétaire de la louve et de leurs suppositions. La pistolière était de l'avis de l'épéiste, il fallait tuer la louve tandis qu'Aya était de celui de la danseuse, elle a été ensorcelé et ne méritait pas la mort pour un meurtre qu'elle avait été contraint.
Tout naturellement, les quatre amies se regardèrent avec différentes émotions sur leurs visages. Jessie jouait avec son collier où la pierre de lune brilla au soleil amenant le regard de la fermière sur elle. Isyl recula et se cacha discrètement derrière Lukà en lui tenant sa chemise à deux doigts comme une petite fille. Aya roula des yeux en voyant les attitudes des autres, et surtout en remarquant que Lukà semblait cherchait ses mots, elle lui coupa l'herbe sous le pied.
- Il est mort.
Les trois aventurières fixèrent l'elfe, qui arborait son air hautain, fixant la jeune femme devant elle, qui perdit sa joie de vivre en même temps qu'elle réalisait la phrase prononcée par l'inconnue.
Le visage blanc et les lèvres tremblantes, la jeune femme prononça une phrase dans un souffle.
- Vous mentez.
- C'est vrai. Continua Lukà, avec son visage sans émotions. Le chasseur a été assassinée. Nous sommes désolés.
Un silence survient aux paroles neutres de la drow, puis sans prévenir, la jeune fermière roula des yeux et tomba en arrière, évanouit. Vite suivit par le rire gras de l'homme derrière elle, qui ramassa la jeune fille dans ses bras.
- Très belle blague, jeunes filles. Mais les plus courts sont les plus amusantes. Dit-il, après son éclat de rire qui avait l'air déplacé aux yeux des aventurières.
- Nous avons l'air de mentir et de nous amuser de l'annonce que nous venons de faire, monsieur ? Demanda d'un ton plus acide, Aya.
Le visage de l'homme s'assombrit en raffirmant la prise sur le corps de la jeune fille, il eut l'air de réfléchir avant de s'exprimer de nouveau.
- Je vois. Rentrez. Je crois que vous avez des informations à communiquer à ma fille à son réveil. Dit-il en rentrant dans la maison au toit de chaume, accolé au moulin.
Les aventurières suivirent le meunier dans la maisonnette où il y avait qu'une seule pièce, avec une table en bois et des tabourets, une paillasse dans un coin à côté de la cheminée, et un rideau qui séparait la pièce en deux avec un lit avec un matelas miteux.
L'homme les invitèrent à s'asseoir tandis qu'il installa sa fille sur le lit au matelas, avant de tirer le rideau plus pour l'intimité que pour étouffer leurs voix.
- Donc vous avez trouvé le corps de cet abruti amoureux de la forêt. Je me demande quelle bête l'a dévoré ? Demanda-t-il en s'asseyant sur l'un des tabourets face à Isyl et Aya, les deux seules assises.
Lukà était accoudés à la porte et jetait des regards discrets par la fenêtre, tandis que Jessie s'occupait d'avoir le même angle de la maison pour surveiller, avec la main sur l'un de ses holster.
- Oui, nous l'avons trouvé et tôt ce matin, nous l'avons enterrés près de sa cabane. Annonça Aya.
- Nous enterrons pas nos morts. Cracha l'homme en fixant l'elfe.
Un léger grognement retentit dans la maison, et le meunier tourna son regard vers la louve qui était couché contre le lit où sa fille était endormie. Mais le grommellement ne venait pas de l'animal et il jeta un regard étrange à Jessie.
- Sinon qu'est-que font des aventuriers dans notre charmante ville ? Demanda-t-il d'un ton plus calme en continuant de fixer Jessie.
- Nous avons été mandaté pour résoudre un problème de « rats », et une histoire de sorcellerie, serait derrière. Déclara Aya ramenant le regard du meunier sur elle.
- Rats ... Sorcière ... J'ai l'impression d'entendre Cyndas. Dit-il suivit d'un rire sombre. Si vous parlez de ces sales rats qui semblent grouiller de plus en plus. La dernière fois, selon cet abruti, une ribambelle de ses immondices sont sortis de la ville pour aller dans les bois suivant une sorcière. Ridicule. Les sorcières sont dans la forêt, pas ici.
- Vous serez étonnés des capacités d'une sorcière pour se camoufler. Déclara Isyl.
Le visage si souriant de l'ondine était sombre, hanté par de vieux souvenirs, qui firent grincer des dents Lukà, qui détourna son regard vers l'extérieur.
- Pourquoi vous en êtes une, fille de la mer ? Demanda le meunier, sous le regard étonné d'Isyl.
- Comment savez-vous ... ?
- J'étais un marin ... un voyageur avec un ami, qui a été perdu en mer. Depuis ce jour, je suis revenu dans mon ancien village. Dit-il, plongeait dans ses souvenirs. La mer et moi, c'était un tout, mais depuis ce sombre jour, je ne pouvais plus observer l'horizon d'eau sans en souffrir.
Un léger silence se créa dans la chaumière, qui fut rompu par le bruit grinçant du lit derrière le rideau.
Le meunier se racla la gorge d'un air gêné, en tournant son regard vers le tissu sombre, qui fut tiré pour dévoiler le visage de sa fille, triste.
- Je vous confie ma fille, Lysa. J'ai dût travail au moulin. Dit-il en se levant pour quitter la maison sans aucun regard.
- Vous avez donc des informations à m'annoncer ... je vous écoute. Déclara-t-elle en s'asseyant sur le tabouret que son père venait de quitter.
- Oui, malheureusement. Déclara Isyl d'un ton doux.
Ses amies remarquèrent qu'elle avait l'air de chantonner une mélodie en parlant à la jeune meunière, qui avait l'air de s'apaiser.
La conversation qui allait suivre allait être plus calme et plus simple.
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