Dernière contemplation
Les feuilles mortes sont recouvertes par la neige, si blanche, si froide que ma peau se fige. Je regarde le ciel, si noir, si majestueux que je ne peux plus bouger. Je n'ai plus la force de me relever et d'avancer, le froid me fixe au sol, et je n'ai pas la volonté de vivre à nouveau. Si beau, si majestueux, le ciel est tel un roi qui gouverne sur son peuple. Parfois il laisse échapper des larmes s'échapper, de la pluie, disons-nous, et parfois il gronde, de l'orage, disons-nous, et nous crions de joie ou de rage quand la neige tombe.
Je ne sais pas combien de temps il s'est passé depuis la dernière fois. J'ai perdu le compte, il y a si longtemps, je me sens si froide. Je suis comme un morceau de glace échoué sur la banquise. Je suis comme un naufragé regagnant la terre ferme. Mais je meurs. Je ne me fais plus d'illusion. Les yeux fixent ce ciel nocturne, je lutte contre le froid qui fige peu à peu mes membres, sans doute ce serait une mort douce. J'ai l'âme brisée, j'ai le cœur en morceau, et je ne peux plus me relever comme je l'ai souvent fait.
J'ai trop pardonné. J'ai souffert du rejet et de l'oubli, des remarques méchantes et des reproches et injures à mon égard. Mais j'ai également souffert de la cruauté de la société, celle qui est gouvernée par des codes et des standards si destructeurs pour ceux qui ont décidé de prendre un autre chemin. J'ai décidé d'être différente, j'ai décidé de prendre un chemin dangereux mais je ne le regrette pas. Des larmes tombent sur mes joues sans que je ne puisse les enlever, mon cœur se serre à ces mauvais souvenirs.
Je peux voir des milliers d'étoiles dans le ciel, chacune brille, chacune sourit. Je peux sentir le vent me procurer un frisson, mes vêtements sont tous mouillés, je ne sens plus mes doigts comme je ne sens plus mes mains. Ce silence est si particulier, si mortel, si majestueux que mon âme jouit de ce moment particulier. Je suis allongée dans la neige, les yeux rivés sur la pleine lune qui me fait un petit sourire, et un sourire serein apparaît pour la première fois sur mes lèvres comme je le savais à ce dernier moment.
C'est une nuit d'hiver. C'est une dernière nuit où je contemple pour la dernière fois le reflet agréable de la nature, le reflet magnifique du ciel. Je n'ai plus la force de vivre à nouveau, je suis déjà morte à l'intérieur de moi-même. Je n'ai plus l'énergie qui m'alimente. Les larmes coulent toujours sur ma peau, si pâle, si froide, et je contemple pour la dernière fois la nuit. Mon corps est gelé. Je ne peux plus rien faire. Je suis complètement sereine, je n'ai aucune crainte de la mort, je l'accepte complètement. Je ne lui résiste pas.
Si froide, si belle, si glaciale, si majestueuse, cette nuit est parfaite. Cette dernière contemplation exalte mon cœur et mon âme. Les flocons de neige tombent doucement, petit, moyen, et gros, ils tombent et recouvrent lentement de son manteau les forêts et les villes. Les arbres se sont réunis autour de moi, je me sens mourir, je n'ai plus beaucoup de temps à vivre. J'assume complètement mon choix. Les ombres dansent autour de moi, le silence attend quelque chose, et je ne peux que sourire.
Quelle belle mort, au milieu de ce paysage si parfait, et si froid, mes dernières forces me quittent.
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