Journal d'une survivante

4 minutes de lecture

Défi : Le principe des "Mots aléatoires" permet d’écrire librement à partir d’une petite aide pour lancer l’inspiration. Je fais régulièrement cet exercice car je trouve que c’est un bon entraînement pour stimuler l’imagination.

Et je suis curieuse de voir tout ce que vous allez pouvoir écrire, en sachant que tout le monde démarre avec les mêmes mots !

Les mots de ce défi :

Froid

Fixer

Feindre

Mouette

Format/Longueur : totalement libre !

Bon courage ! :)

-

Personne n’aurait cru en arriver là. Personne n’aurait pensé que le monde tomberait dans le chaos en l’espace de quatre mois, qu’une page se tournerait, que la page de l’humanité se brûlerait.

Sauf moi. Car je l’ai toujours pensé. Certains ont pensé qu’ils pourraient changer le monde, le rendre meilleur mais la course à l’auto-destruction avait été lancée depuis de nombreuses années. Mais cela n’a pas plus d’importance. À quoi ça sert de ressasser le passé ? Pas grand chose. De nombreuses personnes - celles que je croise au final - le font. Parler parfois avec un être humain, le temps d’une journée ou d’une soirée, est une bonne chose. Cela me comble un instant, cela me fait oublier la solitude qui me pèse. Enfin, je n’ai jamais vraiment apprécié ce monde.

Horrible, n’est-ce pas ? C’est horrible de penser une telle chose mais c’est la réalité. Comme on dit, chacun ses goûts et ses couleurs.

Mais ça, c’était avant. Cela fait tout de même deux cent ans que le monde d’autrefois a été réduit à néant par un cocktail explosif. Les descendants des survivants souhaitent voir le monde d’avant mais je ne suis pas d’accord - ils ne me comprennent pas. Je suis leur seul repère dans ce monde dévasté où la nature a repris ses droits, où l’hiver et l’été se chevauchent et où la météo peut changer à toute heure sans prendre en compte les saisons. C’est une tradition pour eux de me rencontrer au moins une fois.

Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une immortelle !

16 juillet 2230

Tiens, ça fait longtemps que je n’ai pas déversé des mots sur ces pages jaunies. Cette fois-ci, j’ai mis la date ! Récemment, j’ai fêté mes deux cent vingt-neuf ans. J’ai cuisiné un gâteau - si on appelait ça un gâteau - et un bon repas consistant de viande cuite au barbecue et des pommes de terre écrasées. Bon, je n'appellerais pas ça un super repas comme j’avais l’habitude autrefois mais c’est mieux qu’il y a quelques années - où je ne mangeais quasiment rien.

J’ai eu raison de faire une ferme ! Il faut bien s’occuper…

Bref. Ici, je laisse le présent et je dessine des lettres. Je vais te raconter, cher journal, une petite histoire.

L’hiver 2190 était l’un des plus rigoureux hivers que je n’ai jamais eu. Je n’avais rien mangé depuis la veille car j’étais restée clouée au lit - un vieux matelas raffitolé. Le froid me paralysait. Immortel ne voulait pas dire être immunisé au froid. Loin de là. Mes dents claquaient, mon corps tremblait. C’était comme si j’étais dans une prison de glace. La tempête de glace stagnait dans la région, recouvrant celle-ci d’un long manteau blanc. La faim me tiraillait mais je n’avais pas envie de bouger, de me lever, de quitter la chaleur de mes couvertures.

Cependant, je me forçai à me lever, à quitter ce cocon de chaleur. Il me fallait me nourrir. En m’approchant de la porte d’entrée, que je gardais barricadée, quelque chose m’attira comme du métal. Il y avait un animal, la tête coincée dans l’encadrement d’une fenêtre - voilà pourquoi le froid entre plus facilement ! avais-je pensé en marchant doucement vers l’animal pour ne pas l’effrayer. Il me fixait. Je l’aidai à se tirer de son piège, faisant attention à ce qu’il ne m’attaque pas. Il partit sans un regard derrière et revint plus tard avec la carcasse d’un autre animal.

Le loup avait évolué, avais-je pensé à ce moment-là. En cadeau pour l’avoir aidé, le loup m’avait donné cette carcasse.

Voilà l’histoire. Courte certes mais efficace.

Le froid est terrible. Éternelle froidure comme mon esprit d’écrivain murmure. En été, la chaleur est horrible, autant que le froid. Se balader nue n’est pas un problème. Il faut beaucoup se rafraîchir - c’est d’ailleurs pour ça que j’aime avoir des réserves d’eau avec moi.

Bon, je dois aller fixer la porte d’entrée de mon antre numéro 3.

Hop, je suis revenue. J’ai entendu une mouette piauler. Oh bien sûr, elle crie, elle pleure, elle piaille, elle aboie. Quel verbe convient au cri de la mouette ?

Même à l’époque, je n’ai jamais eu de réponse.

J’ai reçu une lettre - on se croirait dans Harry Potter, quelqu’un a réussi à apprivoiser une chouette pour qu’elle transporte des lettres. Dois-je feindre l’ignorance ? Hm. Ou répondre à Harry Potter ? Je ne serais pas surprise si la chouette s’appelle Hedwig.

Vaut mieux y répondre, cela m’a l’air d’être important.

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