Un soir, dans la foule

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Il ghiottone - le glouton.

La lacrima della montagna - la larme de la montagne.

Nuvola - nuage.

Guerrieri - guerriers.

Feroci - féroces.

Bambini - enfants.

Dunkelheit - obscurité.

Sonnenuntergang - crépuscule.

Sonnenaufgang - aurore.

Kern - noyau.

Feuer - feu.



Le 4 Fécembru 5069, à Rulcano,

La grande avenue piétonne descend le long de la montagne jusqu’à la rivière Il ghiottone où on raconte aux enfants, le soir, que s’ils ne font pas attention, ils se feront engloutir. On appelle la grande rue La lacrima della montagna, le lieu où la joie et la bonne humeur se mêlent à la tristesse de la ville et son horrible histoire.

Ce soir, nous fêtons la naissance de la ville. Son trois-cent-cinquantième anniversaire ! La ville se réunit au sommet de la montagne, en face du château Nuvola où vit la famille royale. Le sommet est une immense place pierreuse où le marché s’y installe deux fois par semaine, entouré par des lampadaires en pierre des abîmes dont leurs lumières scintillent la nuit. Ce soir, cependant, des stands ont été installés : de nourriture, de boissons, de flambeaux, de chapeaux et plein d’autres choses. Le château accueille ceux qui souhaitent profiter de cette nuit pour visiter le lieu. La famille royale se mêle à la foule, entourée par leurs gardes et le fameux groupe Feroci Guerrieri del Rulcano les protègent. Composé de treize personnes, excellemment bien entraîné physiquement, mentalement et magiquement, souvent envoyé sur le front car le Royaume est toujours en guerre avec les régions d’à côté.

Les enfants courent, coiffés de chapeaux colorés et vêtus de chemises et pantalons rouge, couleur des Bambini del Rulcano. Leurs rires retentissent, amplifiant le bonheur qui flotte dans la ville, leurs sourires sont précieux. Quelques couples et familles remplissent les bars et restaurants, discutant de choses banales, simplement profitant du moment. Aux fenêtres des bâtiments, des musiciens jouent des morceaux connus d’autrefois et d’aujourd’hui faisant danser les joyeuses âmes. La magie aide à amplifier les sons, répand la musique à travers la ville et englobe la capitale dans un cocon de chaleur. Parmi les plus heureux, les malheureux se distinguent par leur rare sourire, le cœur brisé se nourrissant du bonheur pour soigner leurs vieilles blessures.

Le cortège descend. Je prends une profonde respiration, le dos droit, l’air sérieux. Je ferme la marche, je protège le cortège jetant derrière moi des regards quelques fois pour m’assurer de l’entier bon déroulement de la nuit. Le couple royal chantonne l’hymne du Royaume, leurs enfants sourient, rient et dansent. La nuit est tranquille, elle est si douce cependant un air nostalgique me prend la main. Il me plonge dans des souvenirs bien douloureux où enfant je parcourais ces rues animées la nuit et remplies d’une bonne odeur de nourriture, la faim me tiraillait et la solitude m’entourait de ses bras forts. Enfant, j’aimais errer durant ces nuits de fête, écouter les conversations des gens et jouer avec les autres orphelins. Je me souviens tout particulièrement du jour où on m’a trouvé dans ces rues désertes, complètement gaugée et affamée.

Quelqu’un crie. C’est un vendeur de pain, il vend ses produits car demain il n’ouvrira pas. Personne ne sera ouvert. Les gens achètent les fleurs, appelées Dunkelheit, des fleurs qui ne s'éveillent que lorsque le soleil a disparu. Ce sont des fleurs connues en soin de la peau et en potion. On peut même en manger. Enfant, j’en mangeais beaucoup. Il est rare aujourd’hui d’en manger. Quelques personnes jouent autour de tables fixées au sol pour qu’elles ne tombent pas : solitaire, poker, loup-garou, shogi, etc. L’alcool coule à flot. Certains sont déjà perdus dans l’océan d’alcool, d’autres boivent comme des trous grâce sûrement à leur grande tolérance à l’alcool.

La foule est dense mais joyeuse, elle est presque étouffante. Un frisson me parcourt, la solitude, vieille amie, n’est jamais loin. Je sens ses mains sur mes épaules. Autant j’aime voir ce beau monde s’amuser lors de cette nuit, autant je n’apprécie pas marcher dans la foule. Je prends une profonde respiration, me concentrant sur la tâche de garder la fin du cortège qui approche la fin de la grande rue. L’odeur de la rivière me parvient, c’est là où quelques courageux voguent à la force des bras sur de grandes pirogues. La foule se dissipe en bas, elle se répand dans les diverses rues de la Rulcano. Le cortège touche la fin de la grande rue piétonne et je respire plus facilement. La tension quitte mes épaules, le vent se lève et me caresse tout en murmurant quelques mots silencieux.

Sonnenaufgang s’élève au loin. La Tour Principale est la première entrée dans la ville, tout autour il y a des remparts qui relient Sonnenuntergang et Kern. Le cortège s’arrête enfin, la famille royale appelle et parle. Puis, la nuit continue. Les festivités continuent jusqu’au petit matin. La foule se dissipe et se réunit à la fin sur la place au sommet.

La lune brille, les derniers danseurs tournent et tournent, les chanteurs cessent à l’unisson et le silence se fait. L’horloge de Feuer sonne. La foule disparaît, la nuit est finie.

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