Le temps caligineux s’effiloche peu à peu laissant apparaître une orbe brillante, qui étonne ce paysage pourtant si monotone.

La voilà assise sur le porche, le sourire figé sur son visage pâle, dénué de tout sentiment contraire à ce qu’elle ressent au fond d’elle. Le masque collé à la peau représente un bonheur mensonger, une illusion parfaite pour enfouir le négatif, pour l’oublier dans ses entrailles. Elle est telle une fleur rudérale. La voilà assise dans l’herbe, entourée par des inconnus, des amis, murmure-t-elle à elle-même parfois pour se convaincre, souriant encore et encore malgré la douleur permanente. L’ombre d’elle-même, elle vit ou plutôt survit, ses émotions la dévorant de l’intérieur.

Et quand le soleil s’effrite, disparaît sous la masse noire de la nuit, délaisse les rênes à la lune révélatrice ; les masques tombent. Les hurlements entonnent leur chant. Les cris du cœur s’enchaînent, et parfois l'irréparable est commis. Une corde tendue, des médicaments étalés, des morceaux de verre… Horreur arrive. Les âmes dépravées m’appellent encore et encore jusqu’à ce que leur joyau explose vers un meilleur avenir ou… vers le trépas. Les pleurs retentissent comme une musique délabrée.

Et quand le matin arrive, les masques sont de nouveau en place comme si c’est une sorte de jeu ; qui craquera le premier ?

La voilà encore, essence de vie à peine audible, se préparant pour une journée éreintante. Les pensées noires, les pensées vagabondes hantent son esprit, et moi… ? Je la suis, espère et désespère, me nourrit et vomit sans cesse.

Née du bonheur, parent du dégoût, sœur de la haine, cousine du désespoir…

Ah, que dis-je ?

Je suis la Tristesse.