22. Brrreudi
Le papier peint de la cuisine de mon enfance, motifs de cercles concentriques et colorés, flotte encore un instant dans le ciel étoilé digne d’une toile de Vincent Van Gogh. Les arbres, d’un noir intense, se balancent dans un même mouvement, lent et hypnotique.
— Donne-moi ma balle, maintenant !
Je cligne des yeux afin de chasser la rémanence. Debout devant moi, le petit garçon affiche une mine boudeuse.
— Désolé, je… j’étais ailleurs.
— C’est toujours pareil avec vous, les adultes. Au début, vous êtes d’accord pour jouer, et puis après vous oubliez et retournez à vos tourments, avec cet air sérieux qui vous rend si laids.
— Ne pleure pas, voilà ton ballon.
— Qui a dit que j’allais pleurer ? Pas moi, ça, c’est sûr !
Le petit garçon tourne les talons et s’enfuit, laissant derrière lui une traînée de rires. Alors qu’il s’enfonce dans l’obscurité, il me semble deviner ses bras quitter son corps, afin d’imiter les ailes d’un avion.
— Quand je serai grand, je serai un pilote de fusée, brrr brrr !
Le gravier crisse sous ses pas, alors qu’il fonce vers moi puis s’arrête net, attrape la balle restée entre mes mains, la pose sur sa tête. Elle grossit jusqu’à l’envelopper entièrement, comme le casque d’un astronaute.
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