28. Vendredi
— Elle a dit oui ?
— Elle a pleuré de joie. Je crois qu’elle aussi s’emmerde dans son travail.
— Moi, j’aime bien mon travail.
Everest enfourne un bon tiers de son sandwich dans sa bouche de géant. Je le regarde mastiquer, assis sur son canapé qui gondole, ses cheveux en épis capturant la lumière qui s’écoule de la petite fenêtre de son appartement.
— D’ailleurs, as-tu des nouvelles concernant la fermeture des espaces verts ?
— Ch’était rien, ils vont rouvrir bientôt. Une hichtoire de champignons parachites, quelque choche comme cha. Franchement, moi ch'avais rien remarqué.
— Ma femme avait raison de privilégier une explication rationnelle. J’admire sa lucidité.
Everest avale sa bouchée, boit une gorgée — un demi-litre au bas mot — de sa bouteille d’eau, avant de me fixer droit dans les yeux, un air conspirateur occultant une seconde son visage débonnaire.
— Mais toi, qu’est-ce que t’as vu, l’autre nuit dans le jardin ?
— Je ne sais pas. Un reflet de mon ennui inconscient, peut-être ? Une manifestation du ras-le-bol quotidien ? Mais c’est terminé tout ça. Il est temps que je referme, une bonne fois pour toutes, cette parenthèse, et que j’en ouvre une nouvelle qui prendrait ses aises, tout au long de chaque journée.
FIN.
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