16. Une lueur dans la nuit
Seul réconfort dans des ténèbres oppressantes, une petite flamme vacillait dans le lointain. Selenn la fixaient intensément depuis son réveil. Elle l'empêchait de sombrer dans le désespoir.
Où suis je?
Etait-ce à cela que ressemblait la mort?
Son dernier souvenir était la chute dans les escaliers de la Tour Blanche.
La jeune femme avait tenté de se mouvoir mais ses mains et pieds étaient entravés. Elle avait crié, implorant de l'aide mais sa voix s'était perdue dans la pénombre. Elle se sentait brûler de l'intérieur, c'était si douloureux. Une odeur nauséabonde emplissait l'air et régulièrement son corps se mettait à trembler. Selenn était terrifiée et désorientée.
Une voix douce et apaisante s'éleva brusquement dans le noir.
— L'odeur que tu sens provient de ton corps. Il expulse le poison que tu as ingéré pendant trois ans.
Qui êtes vous? Elle essaya de conserver une voix calme.
— Un ami.
— Je n'ai plus d'amis depuis longtemps.
— Il t'en reste un.
— Quel genre d'ami es-tu pour m'attacher ainsi!?
Une onde de douleur la traversa, elle gémit.
— Tu es attachée pour éviter que tu te fasses du mal.
— Pourquoi suis-je dans le noir?
— La drogue que tu as pris est issue des Ombres. Tu es dans l'obscurité pour qu'elle y retourne.
— Où suis je?
— Tu es chez moi.
— J'ai si soif.
— Tu auras de l'eau quand le poison aura quitté ton corps.
La peau de Selenn lui sembla être soudain transpercée par des centaines d'aiguilles chauffées à blanc. Elle hurla sa douleur.
— Trois années sans rien ressentir. Maintenant tu réapprends les sensations. Et tout commence par la douleur. Tu vas avoir très mal.
— Je ne veux pas de tout ça! Libère-moi!!
La jeune femme se débattit en vain.
— Tu es déjà libre. Tu as eu une vision. Tu as fait un nouveau choix.
— Non je n'ai pas voulu ça.
— Si ce n'était pas le cas. Tu ne serais pas ici Tu es sortie de ton apathie. Souviens toi Selenn.
La vision de son père assassiné lui revint comme une vague scélérate qui la submergea de chagrin. Elle hurla à nouveau. Elle se noyait dans ses émotions. La tristesse et le désespoir s'insinuaient dans ses veines tandis que la drogue s'en échappait.
— Respire lentement.
— J'étouffe.
— Non tu n'étouffes pas! Tu vis à nouveau.
— Je ne veux pas vivre! Sa mâchoire se crispa, ses dents grincèrent.
— Ce n'est plus toi qui décide.
Selenn retrouva un peu de souffle.
— La vie n'est que torture. Elle sentit des larmes fuir ses yeux et couler sur ses joues. J'ai tout perdu.
— Non ce n'est pas la vie qui t'as tout fait perdre. C'est toi qui es responsable.
Selenn prit ces derniers mots comme un coup de poignard dans le thorax.
— Et tu te dis un ami?
— C'est parce que je le suis que je te le dis. Tu as ruiné la vie de ta famille.
— Pourriture!
— La vérité est toujours difficile à entendre.
— C'est ta vérité! Mes parents ne m'ont jamais comprise! Je l'aimais tellement.
Un rire s'éleva dans l'obscurité profonde.
— Pourquoi ris tu?!
— Je ris de ma naïveté! Je me faisait une fausse idée de toi. Tu n'es pas celle que je pensais. J'ai cru voir de la force en toi mais tu n'es qu'une petite fille capricieuse et égoiste qui détruit tout autour d'elle. Tu prends ta soeur comme prétexte à ta faiblesse. Tu avais raison, je ne suis pas ton ami. Maintenant je te laisse à tes souffrances pauvre petite. Tu ne mérites ni rédemption ni compassion.
Selenn cria encore et encore, la douleur était insupportable. Dans un râle d'agonie, elle souffla.
— Libère moi. Je t'en prie.
Sa supplique resta sans réponse. La jeune femme haleta bruyamment. Ses yeux fixèrent de nouveau la petite flamme qui dansait dans le lointain en quête de réconfort mais la lueur s'évanouit brutalement. Les ténèbres enveloppèrent Selenn dans leurs linceuls glacés.
La voix, sans émotion, brisa la volonté de Selenn.
— Tu ne la mérites pas.
Ces derniers mots la plongèrent dans un désespoir plus cruel que la mort. Elle n'avait plus la force d'hurler, son esprit sombra.
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