23. Souffrances

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Le corps de Sifen Otir n'était que douleurs. Des milliers d'aiguilles chauffées à blanc semblaient lui transpercer la peau. Il tenta de s'extirper du maléfique bouillon mais ses muscles ne répondaient plus. Et cette sensation de suffocation permanente. Il avait l'impression de se noyer sans y parvenir.

Des images surgissaient dans son esprit. Des créatures gigantesques le dévoraient membre après membre mais il revenait sans cesse à la vie et elles le dévoraient de nouveau. Il vit un monde de flammes sans lequel des monstres déambulaient dans un paysage de désolation, détruisant tout sur leur passage.

Sifen souhaitait la mort mais on la lui refusait.

Il criait mais aucun son ne sortait de sa bouche.

Il pleurait mais les larmes ne coulaient pas.

Il vit des femmes et des hommes chuter d'une grande falaise éternellement. Toutes celles et ceux qui avaient échoué à survivre à ce test se révélaient à lui. Ils étaient des milliers. Tous le regardèrent et tendirent leurs bras vers lui. Ils lui lacérèrent le ventre avec leurs doigts, triturant, écartant ses chairs. Sifen vit ses entrailles sortir de son corps. Il vit la foule les dévorer. Il crut devenir fou de douleur. Il ne pouvait plus penser, la souffrance avait déployé ses tentacules et elle rampait en lui, elle arrachait sa peau, se repaissait des ses organes. Elle dévorait son corps, elle dévorait son esprit. Sa faim était sans limite. Et tout recommençait comme une ritournelle maléfique.

Soudain, au milieu de ce salmigondis de douleurs, un visage. Il serra les poings. Il se souvint pour qui il était là. Pour qui il endurait toutes ses souffrances.

Il n'échouerait pas.

Il choisirait le pouvoir.

La douleur cessa soudainement. Les tentacules avaient disparu.

Il se releva vivement sans aucune éclaboussure.

Sifen prit une profonde inspiration et il hurla. Un cri primal, le cri d'un enfant qui respirait pour la première fois. Puis vinrent les larmes. 

Ses muscles fonctionnaient de nouveau. Il sortit de la cuve. La douleur avait disparu. Il se sentait plus vigoureux, plus fort mais il sentait au tréfond de son esprit qu'un verrou s'était ouvert, et derrière la porte l'attendait un nouveau monde.

Le grimoire des ombres l'attendait, posé sur les pavés froids du sol.

- Tu as réussi. 

Sifen se mit à rire.

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