Chapitre 5 : Fin de Parcours

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Moulins avait pris ses habitudes au bar de l’Apocalypse, devenu son terrain de chasse favori. Absent de la ville le plus clair de son temps, enchaînant les missions en mer à un rythme de forçat, il n’avait jamais été inquiété, en près de trois ans, par une police incapable de faire le rapprochement entre lui et une dizaine de meurtres similaires.

Ce soir-là, alors que la nuit ne se rafraîchissait pas d’une journée exceptionnellement chaude pour un mois d’avril, Moulins aaperçut une jeune femme et un homme discuter. Cette jolie brune élancée pouvait être la fille de son interlocuteur, à ce détail près qu’un père, normalement, ne se comportait pas d’une façon aussi indigne, en public, avec sa fille de vingt-cinq ans. Elle s’emporta, le gifla et sortit du bar. L’homme, qui avait déjà consommé depuis quelques heures, vraisemblablement, commanda un autre verre alors que quelques personnes se moquaient de sa mésaventure.

Moulins, refusant ce spectacle pitoyable, sortit du bar et suivit la jeune femme qui pressait le pas. Celle-ci fut à peine éclairée à la lumière d’une cabine téléphonique occupée par un jeune homme, subissant vraisemblablement un humiliant échec sentimental à distance, quand elle tourna à droite devant une maison au style anglais, puis à gauche, dans une petite rue mal éclairée. Au passage sous un lampadaire hors fonction, Moulins rattrapa la jeune femme, la saisit par le cou. Elle poussa un cri. Aussitôt Moulins l’immobilisa, sans effort, et la fit taire. Quelques trop courtes secondes plus tard, le jeune homme de la cabine téléphonique passa par là, s’interposa, permettant à la jeune femme de s’enfuir en courant. Moulins frappa le jeune homme de nombreuses fois, de nombreuses façons différentes, de sorte que celui-ci vint à ne plus avoir la moindre réaction, puis s’apprêta à le poignarder, quand deux coups de feu claquèrent.

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La pluie incessante contrastait avec les dernières journées suffocantes de ce milieu de printemps. L’eau trempait ses cheveux et noyaient ses larmes sur ses joues inondées. Aujourd’hui, il oubliait les brimades de ses camarades de classe qui avaient pris la mauvaise habitude de railler sa couleur de cheveux, l’appelant « Poil de Carottes » chaque jour que Dieu faisait, ou moquant son statut de fils de famille recomposée qui ne voyait son père que quand celui-ci rentrait au port. Aujourd’hui, soutenu par sa mère, il assistait seul à l’enterrement d’un père aimant, un père que la vie n’avait pas épargné, un père dont même le dernier voyage ne fut pas un long repos. Devant l’entrée du cimetière des manifestants s’étaient rassemblés.

— Moulins ! Assassin ! Tu as trouvé ton destin ! Moulins ! Assassin ! Tu as trouvé ton destin !

-

— Wouah ! Joanie n’avait pu retenir cette expression d’étonnement mêlé d’une forme de dégoût pour le manque de tenue de certaines personnes. Ça a dû le remuer le petit…

— Un peu, oui…

— Et ce… Alban Moulins, du coup, on est sûr qu’il est mort. Deux balles dans le caisson… Tirées par des flics. Hector avait raison, il est forcément mort.

— Non, t’as pas compris, ça, c’était Francis, le tristement célèbre Étrangleur de la Nuit. Alban, c’était le fils, le gamin de l’enterrement.

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