Chap 3

4 minutes de lecture

L’or

Bernie déclencha un compte à rebours d’une heure sur sa montre puis, il passa la première et dans un nuage de poussière le véhicule s’élança en faisant crisser ses pneus. Malgré la piste en mauvais état, Bernie tenait une moyenne de plus de 100 km/h. Son 4x4 rugissait dans le silence morne du désert, les rares animaux se détalaient et cachaient à l’approche du bolide, bien conscient que le conducteur ne les épargnerait pas, s’il les croisait.

Le voyage se révéla pénible. Le soleil, implacable et omniprésent, rendait l’air irrespirable et suffoquant. Malgré les fenêtres ouvertes, tout le monde suait à grosses gouttes.

Bernie saisit une bière de sa glacière et la décapsula avec les dents. Il n’en proposa à personne et la but d’un trait.

- Toujours plein Sud ? dit-il à Ray sans se retourner.

- Oui… Quand tu croiseras le lit d’une rivière asséchée, tu prendras à l’Ouest.

- OK pour l’ouest, hurla-t-il avec excitation.

Ils finirent par croiser l’ancienne rivière et s’orientèrent vers l’Ouest. Bernie regardait de plus en plus fréquemment sa montre. Il perdait patience.

- L’heure est bientôt écoulée… Va pas falloir me prendre pour un con plus longtemps, lança-t-il à l’adresse de Ray.

- On est presque arrivé, se contenta de répondre Ray.

Alors que la montre de Bernie sonnait la fin du compte à rebours, Ray précisa :

- Va garer ton engin près du gros rocher là-bas.

Bernie s’exécuta. Une fois arrêtés, tous les regards étaient pointés vers Ray, qui ajouta :

- Vous y êtes, y’a plus qu’à ramasser.

Les trois hommes quittèrent le véhicule lentement. Autour d’eux, le désert s’étalait à perte de vue.

Dick, la gorge sèche, saisit le premier détecteur de métaux du coffre. Il y fixa sa batterie personnelle et alluma le capteur. Aussitôt, le signal retentit. Les trois hommes se figèrent.

Bernie attrapa sa petite pelle militaire. Il la déplia et creusa avec précipitation à l’endroit ou le détecteur avait bipé.

En quelques pelletées, il repéra l’éclat doré d’une pépite. Avec voracité, il se jeta sur le bout de métal et le tendit vers ses acolytes.

- On est riche les gars, hurla-t-il en plaçant frénétiquement sa propre batterie électrique sur un deuxième détecteur.

Marco leur emboita le pas et la traque débuta. En moins de dix minutes, plus de dix pépites avaient été trouvées. Les détecteurs n’arrêtaient pas de sonner, les hommes ne savaient plus où donner de la tête.

Frida jubilait et couinait de plaisir à chaque découverte. Elle encourageait les garçons et se maudissait de ne pas avoir son propre détecteur. Mais il y avait tant de pépites que sa part était garantie.

Marie profita que Frida soit absorbée ailleurs pour donner à boire à Ray.

- Je suis si désolée, lui murmura-t-elle dans l’oreille.

- Ne sois pas triste… Cet or n’était pas vraiment à moi. Il ne me manquera pas.

Marie reprit sa place alors que Bernie approchait.

- Je dois bien avouer que tu disais vrai, l’ancêtre. Y’a une véritable fortune à nos pieds et t’étais bien mesquin, de garder tout cela que pour toi.

Alors qu’il disait ces mots, il saisit un petit GPS dans la boite à gant de son 4x4. Il vérifia la longitude et la latitude et enregistra les coordonnés sur son appareil.

- Qui à part toi… et nous ! Connaît cet endroit ?

- Y’a que nous. Les filons d’or, c’est comme les coins à champignon… ça s’ébruite pas.

- Pour sûr, conclut Bernie en repartant prospecter.

La valse des « bips » et des « hourras » se poursuivit pendant plus d’une heure puis Frida saisit la glacière de bières et partit en distribuer aux hommes assoiffés. À son retour, Ray avait disparu !

Même Marie ne s’était rendu compte de rien. Frida menaça de son doigt décharné.

- Aide-moi à le retrouver vite fait ou ça va être ta fête, hurla-t-elle apeurée.

La jeune femme chercha des traces sur le sol, mais aucune piste n’était visible. Il semblait s’être envolé. Elle courut vers le rocher et en fit le tour, mais là non plus, aucun signe du fugitif.

Marie cherchait elle aussi. Elle savait le désert dangereux et elle craignait pour sa vie.

Frida fit plusieurs fois le tour de la voiture et finit par s’avouer vaincue.

« Où pouvait bien se cacher ce fumier ! » marmonnait-elle entre ses dents gâtées. En désespoir de cause, elle avertit Bernie de la situation.

- Bernie ! Le mec s’est barré !

Bernie lâcha son détecteur de métaux et revint en courant.

- Il n’a pas pu aller bien loin, ce con… Et dans l’état où il est, il va sûrement claquer dans un coin si on ne le retrouve pas !

Il appela ses deux comparses à la rescousse et tous, même Marie, se mirent à le chercher.

Le désert offrait bien peu de cachettes, mais Ray resta introuvable.

- Qu’il crève dans sa tanière, ce minable, cracha Marco entredeux jurons.

Dick acquêta de la tête. Ils avaient déjà perdu assez de temps et il restait encore tant de pépites à ramasser.

En revenant vers le 4x4, Bernie aperçut la porte coté conducteur ouverte. Il se précipita et découvrit atterrés que les clés ne se trouvaient plus sur le démarreur… Il saisit alors son pistolet et tira deux fois en l’air.

- Tu vas crever, sale con ! Je le jure sur la tête de ta copine ! hurla-t-il à l’horizon.

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