Bananas connexion
Enseto Valdez transpirait à grosses gouttes. Les quelques rares cheveux encore plantés sur son crâne ondulaient grassement sous son chapeau de paille. Ce n’était pas le travail qui le mettait dans cet état, mais l’accablant soleil de la République démocratique du San Chorisos. Affalé dans un hamac, il agitait un éventail et observait distraitement les robots affectés à la récolte des bananes. Ça n’allait pas du tout ! Ils tombaient en panne les uns après les autres. Ce foutu taux d’humidité noyait leurs circuits plus vite qu’on ne les réparait et la proximité du fleuve n’arrangeait rien. Sa chemisette et son pantalon de toile, qui avaient vraisemblablement été blancs à un moment, lui collaient à la peau. Cela le démangeait atrocement. Il se leva dépité, attrapa le téléphone et appela l’organisation. La World Bananas Corp supervisait tout au San Chorisos, entre corruption, coup d’État et avec l’aide des services secrets de l’United Countrys, elle contrôlait tout le pays.
— olá, j’ai encore un robot en panne.
— olá camarade, San Chorisos libre ! La révolution est en marche, le gouvernement est tombé, la W.B.C. est chassée du pays. Nous t’enverrons notre propre technicien d’ici peu.
Valdez raccrocha, prit une Desperados dans le réfrigérateur et s’assit sur une marche du perron. C’était la quatrième fois cette année qu’il assistait à la chute du régime. Une fois de plus, la violence allait déchirer le San Chorisos. Il s’en moquait un peu, sa plantation se trouvait loin à l’écart des villes, bien sûr il y aura quelques pertes, mais tout reprendrait d’ici peu. Il fallait juste attendre que la prochaine compagnie fruitière vienne implanter ses comptoirs. Après tout, la demande de bananes ne cessera pas de sitôt.
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