Le bonhomme de neige
Cet après-midi de décembre, nous sortîmes dans la cour de l’école. La neige avait cessé de tomber et il faisait froid. L’école consistait en deux cours. Nous descendîmes par les escaliers dans la cour inférieure. Lorsque nous arrivâmes, nous commençâmes à façonner la neige, excités à l’idée de donner la vie. Sous nos gants de Prométhée, la neige devint des figures, évasivement humanoïdes, mais nôtres. Je me souviens que je songeai à créer un ami de glace supérieur à celui des autres. Je me sentais attiré par la création sans que je ne le devine, alors je me mis au travail.
Lorsque j’eus roulées et entassées mes boules, je posai sans trop de délicatesse pour servir de yeux deux boutons que je m’étais procuré auprès de ma maîtresse, puis je plaçais deux bâtons pour servir de bras. Je lui donnais également mon propre manteau et ma casquette, comme pour le protéger du froid. Il avait fière allure ! Puis, il fit plus chaud. Nos amis de givre perdirent de la consistance, lentement d’abord, puis plus rapidement, jusqu’à ne laisser que ma casquette et mon manteau sur le sol.
Il fallait retourner à l’intérieur. Je pleurai de longues minutes ; toutes mes actions et tous mes efforts étaient en vérité vain. J’en ressortis que ce que j’avais produit, si il avait eu une consistance un jour, l’avait perdue et avait une importance limitée dans le temps, et j’en perçus un sentiment d’échec. Ma passion pour éphémère n’était pas neuve ; j’avais l’habitude, chez moi, de fabriquer de nombreuses constructions en LEGO puis de les détruire pour récupérer les pièces et fabriquer de nouvelles choses. Il en résultait d’ailleurs une importante quantité de LEGO de toute sortes éparpillées dans de nombreuses boîtes. Cependant, c’était de ma propre volonté et par mon propre contrôle et par dessus tout, c’était pour créer à nouveau, encore et toujours. J’avais perçu la disparition de mon bonhomme comme inutile, et cela se combina à mon choc de son effacement soudain.
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