Tu es parti. Et ?

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Elle a fait mille rêves mais seulement deux parlaient de lui. Ce nombre semble ridiculement petit quand on sait ce qu'il a représenté pour elle.

Institutionnellement parlant, cette précision semble vraiment nécessaire.

Ils formaient un couple marié depuis huit ans, jusqu'à ce qu'il meurt prématurément. Demain aura lieu la cérémonie funéraire, suivit de l'inscinération, et ce n'est pas facile pour elle. Pas parce qu'elle est triste, au contraire elle ne ressent absolument rien depuis qu'il l'a quitté à tous jamais.

Et le problème est là : sa mort ne l'impacte d'aucune manière, et elle en a honte. Qu'allait t-elle devoir faire demain ? Feindre une profonde tristesse ou alors rester dans le vrai en affichant clairement ce qu'elle n'éprouve pas ? La première option lui semble meilleur, elle ne veut pas passer pour un monstre inscensible devant tous ceux qui seront présent à la cérémonie.

Elle se questionne sur le pourquoi du comment : d'où vient cette carence de sentiment ? Une partie de la réponse est malheureuse mais tout de même véridique : elle ne l'a en réalité jamais aimé. Si elle l'a épousé, c'est parce qu'elle a confondu ce qu'un bon paquet d'autres humains ont confondu : l'attirance et l'amour. C'était un homme bien, droit et courrageux, et du temps de son vivant, il l'avait vraiment " fait mouiller" comme aucun autre avant lui. Et elle pris ce désir pour la conviction qu'il était l'homme de ses rêves ainsi que de sa vie. Mais la réalité fut tout autre.

Deux ans après leur mariage, l'attirance qu'elle lui portait s'amoindrit.

Puis s'absenta de temps en temps.

Puis disparut définitivement.

Et ce qui lui fit définitivement comprendre qu'elle n'était en réalité pas éprise de lui fut qu'elle tomba amoureuse d'un autre.

Mais ce nouvel amour ne put être consommer, elle devait rester avec son mari. Pas pour lui, mais pour la petite fille qu'ils avaient fait ensemble. Le quitter alors qu'ils venaient de fonder une véritable famille aurait brisé leurs deux coeurs. Dès lors, elle se mit à se maudir de n'avoir pas pus différencier deux sentiments radicalement différents plus tôt.

Ce mariage sans affection l'avait fait entrer dans une errance émotionnelle. Et ce n'est que maintenant qu'elle s'en rend compte. C'est ce départ défintiif qui lui fait comprendre qu'elle n'est plus vraiment heureuse depuis toutes ces années.

Ainsi, aussi horrible, triste, ou scandaleux que ce soit, c'est la mort de cet homme de bien qui allait lui permettre de s'autoriser à réellement aimer.

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