Leur pas résonnait à travers la cavité. Munis de leur téléphone pour chasser les ténèbres, Rune, Yuki, Zaz et Sylver descendaient un gigantesque escalier en colimaçon. La chaleur de la planète disparaissait au fil de leur descente. Rune sentit un courant d’air frais la faire frissonner, tandis qu’elle se demandait où ils allaient finir à force de descendre marche après marche. Elle espérait surtout ne croiser aucun garde ou chercheur, ce qui avait peu de chance d’arriver.

            Mais ils ne croisière toujours personne. Les grognements plaintifs de Sylver faisaient un écho insupportable. Rune lui jeta un regard noir pour lui faire comprendre son agacement, mais il s’amusait à continuer de plus en plus fort, en espérant la voir craquer pour de bon.

            Rune se concentra sur le chemin, toujours prête à sortir son arme si un danger survenait. Mais après une quinzaine de minutes, ils arrivèrent enfin à la fin de cet escalier de malheur, suivi d’un soupir de soulagement de la part du chat de l’équipe.

            Ils continuèrent le long d’une galerie, dont une faible lumière émanait du fond. Rune accéléra le pas, curieuse de découvrir ce que cachait cette planète, même si Yuki lui conseillait de ralentir pour vérifier qu’il n’y avait pas de piège.

            Ils passèrent une arche de pierre et se retrouvèrent devant un spectacle incroyable. Une pyramide se trouvait devant eux, dans une caverne absolument immense. Le peuple de Nadundou avait pris le soin de positionner des lampadaires braqués sur la structure, l’éclairant d’une belle lumière dorée.

            Autour d’elle, il restait les vestiges d’habitations creusées dans la roche. Rune supposa que les objets remontés devaient provenir d’ici, mais pas le sarcophage. Ils avaient déjà dû fouiller le tombeau.

            – Mais que foutaient des Égyptiens ici ? demanda Zaz à haute voix.

            Évidemment, il n’était pas le seul à se poser cette question. N’ayant pas d’autre choix que d’explorer la pyramide pour en découvrir davantage, Rune et son équipe s’avancèrent vers la porte. De chaque côté était représentée la pharaonne Tamefis, avec le némès recouvrant sa tête. Elle tenait le sceptre-héqa dans une main, et un autre dont Rune ne connaissait pas.

            – C’est quoi ? demanda Rune.

            – Aucune idée, soupira Yuki en analysant le dessin. Je ne connais pas très bien cette époque, elle remonte à beaucoup trop longtemps.

            – Avançons, nous verrons bien, proposa Zaz.

            Rune s’engouffra dans les ténèbres de la pyramide. Ils longèrent un corridor, jusqu’à ce qu’ils se séparent en trois chemins. Rune fronça les sourcils et scruta chacun des choix qui s’offrait à elle.

            – On va où ? demanda Yuki. Vous croyez qu’on devrait se séparer ?

            – Mauvaise idée, trouva Rune. Nous n’avons aucun moyen pour communiquer, dit-elle en regardant son téléphone sans réseau.

            Sylver s’engagea dans le tunnel de gauche.

            – On va par là, décida-t-il d’un ton impérieux.

            – Et pourquoi ? demanda Rune.

            – Parce que je l’ai décidé.

            Elle soupira, mais lui emboita le pas en prenant soin de le laisser ouvrir la marche. Après tout, s’il voulait risquer sa vie en premier, cela ne convenait fort bien.

            Rune ne savait pas combien de temps allait pouvoir tenir la batterie de son téléphone, mais elle espérait que ce dédale ne soit pas aussi vaste. Cela faisait plusieurs dizaines de minutes qu’ils marchaient, à passer de pièce en pièce. Ils n’y trouvèrent, pour l’instant, rien d’intéressant.

            Des vases, de la vaisselle, des étoffes magnifiques qui devaient appartenir à la reine de son vivant. Comme à leur habitude, les pharaons emportaient tout ce qu’ils possédaient dans la tombe. Mais toujours aucun signe de ces satanées croquettes, où quoi que ce soit qui y faisait référence.

            Ils arrivèrent dans une gigantesque pièce. Sylver sortit un briquet de son pantalon pour allumer de vieilles torches toujours en place. L’endroit ressemblait à un cul de sac, avec pour seul occupation des fresques dessinées sur les murs. On y voyait le peuple acclamer la pharaonne, comme s’il s’agissait de leur sauveuse.

            – Eh ben, elle était drôlement aimée, avoua Yuki. Elle a dû offrir un tas de nourriture à son peuple !

            Rune la dévisagea, stupéfaite. Même dans ces moments-là, Yuki ne jurait que par la nourriture. Quelles que soient les missions, elle ne pouvait s’empêcher de penser avec son estomac, même si elle avait sûrement raison. Après tout, des fresques représentaient une abondance de nourriture.

            Rune ne voyait rien d’intéressant. Elle proposa au reste du groupe de faire demi-tour pour explorer un autre chemin, en prenant soit de remarquer l’idée stupide de Sylver. Il la gratifia d’un doigt d’honneur avant de s’approcher de la sortie en grommelant.

            Mais brutalement, un pan de pierre glissa jusqu’au sol, les enfermant vivant. Ils se précipitèrent tous jusqu’à lui pour tenter de le pousser de toutes leurs forces, mais rien à faire, ils étaient enterrés…

            – Bon, il n’y a plus qu’à espérer que Bardy et Chloé nous sauve, soupira Yuki. Sauf si…

            Elle réfléchit quelques instants.

            – T’as des grenades, Rune ? demanda Yuki.

            Zaz secoua la tête.

            – Qui a une idée plus intelligente ? demanda-t-il.

            – Quoi ? Mais, si on explose le mur, on pourra…

            Yuki n’eut pas le temps de terminer ses explications, que deux parois glissèrent dans un raclement rocailleux, offrant deux petites ouvertures sur le haut du mur. Impossible de s’y hisser, ils ne faisaient qu’une taille d’homme. Mais ce n’était pas le pire.

            Une coulée de sable en sortit. Il se répandait à grande vitesse dans la pièce, si vite que Rune avait déjà les pieds recouverts.

            – Alors là, c’est la merde, signala Yuki.

            – Bravo pour l’idée, abruti de chat, gronda Rune.

            – Va chier ! Comment tu voulais que je sache, hein ? Il fallait bien choisir un chemin !

            – Euh… S’il vous plait ? interpella Zaz. On peut s’occuper de sortir d’ici plutôt que de vous chamailler comme des gamins ?

            Rune et Sylver se tournèrent le dos et s’éloignèrent. Rune inspecta les murs, à la recherche d’un interrupteur pour y découvrir une pièce secrète. Après tout, dans les films, il y en avait toujours. Pourquoi pas en vrai ?

            Mais leur recherche infructueuse ne les aidait pas. Le niveau du sable continuait de monter, et bientôt, Rune n’avait plus que la tête qui en sortait, tandis que Sylver luttait grâce à Zaz pour rester hors du flot. Impossible de faire quoi que ce soit, ils allaient tous mourir. Rune n’y croyait pas. Mourir d’une façon aussi naze ne lui plaisait pas, aussi elle utilisa la dernière chance. Elle sortit une grenade de sa ceinture et la sortit du sable. L’idée de Yuki était surement la meilleure.

            – Arrête tes conneries ! Tu vas nous ensevelir sous une tonne de roche, débile ! feula Sylver.

            – T’as une autre idée, le matou ?

            – Non…

            Un tremblement de terre retentit avant même qu’elle ne puisse jeter l’objet. Le sable s’arrêta de couler. Ils se regardèrent, interloqués.

            – Et maintenant ? demanda Zaz. On a encore moins d’oxygène là…

            Rune haussa les épaules. Elle ne savait pas ce qu’elle pouvait leur proposer. Ils devaient sortir au plus vite avant de suffoquer.

            Un tremblement de terre survint brusquement et le même bruit que les pans de mur s’entendit sous leur pied. Rune baissa les yeux, comprenant ce qu’il se passait. Elle ne put rien faire pour s’empêcher de chuter. Le sable emporta le groupe dans une trappe, et ils glissèrent chacun dans des tunnels, les séparant et les faisant tomber dans les ténèbres…