Billet Transméditerranéen
Le 23 Septembre 1957, Alger
Ma Camille,
J'espère que cette lettre te trouvera comme j'ai eu bon espoir pour les précédentes auxquelles tu n'as pas répondu. J'imagine que les facteurs au pays ne sont pas moins fainéants en temps de guerre qu'à l'accoutumée, ou peut-être est-ce sur les plages méditerranéennes que nos papiers s'échouent sans leurs bouteilles. Pierre et Jeannot n'ont pas de réponses de leurs fiancées non plus ; ils prient qu'elles n'aient pas trouvé plus beaux garçons qu'eux pendant leur absence.
Ici ma mission s'achève parmi mes camarades des para du 10e régiment. Je devais revenir près de toi à la fin du mois comme promis pour le bal de Sylviane, mais je vais devoir te faire faux bon à nouveau. La fièvre m'a prise il y a quelques jours et ne me quitte plus. Le médecin du régiment a accusé les moustiques de m'avoir accablé du paludisme, mais ne t'en fais pas, je suis solidement bâti comme tous les gars de la marche, et je ne compte pas te faire veuve, ni faire de notre bébé un orphelin. Dès que j'irai un petit peu mieux, tu me trouveras un matin sur le pas de la porte, bouquet de roses à la main.
Ces cartes sont trop petites pour que je puisse te dire tout ce que j'ai sur le coeur, mais tes reproches me manquent, presque autant que le son de ta voix et la douceur de ta peau. Pour seul réconfort, je couche avec ma petite photographie de toi, cachée dans un mouchoir pour qu'elle ne s'abime pas.
Attends-moi,
Georges
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Paticipation au défi Lettre d'Amour proposé par Pêche.
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