...
Lila, quant à elle, supervisait une vingtaine de techniciens qui montaient deux pompes à eau de mer. Un groupe de dix personnes assemblaient les turbines alors que les autres soudaient les cuves pour accueillir le précieux liquide.
La mer était calme et le ressac, apaisant, rappelait les rivages de la Terre.
Alors que deux ingénieurs entraient dans l’eau pour placer les filtres sur les canalisations, une première alarme s’activa sur la console de l’avant-bras de la jeune femme.
Aussitôt sur ses gardes, elle rappela les deux hommes et scruta l’océan. L’alarme ne se réactiva pas. Après dix bonnes minutes à observer la mer, elle autorisa les équipes à reprendre le travail.
Elle resta pourtant sur ses gardes et quand l’alarme se déclencha à nouveau, elle se précipita en hurlant aux travailleurs de revenir sur la plage.
Dans l’eau, une créature assez volumineuse longeait la plage à la recherche de proies faciles. Elle connaissait bien cette île et savait que rien de bien appétissant ne s’y trouvait. Pourtant, elle était affamée et même les petits animaux qui la peuplaient pourraient faire l’affaire. Son sonar lui indiqua la direction à suivre, mais les bruits assourdissants qui lui parvenaient ne pouvaient provenir de ses proies habituelles. Elle avança alors avec méfiance.
Puis, le silence fut total. Les proies avaient disparu. Un prédateur concurrent ?
L’animal recula et attendit. Comme il le pensait, son sonar repéra à nouveau le mouvement dans l’eau. Il devait être prudent !
Mais la faim fut la plus forte et il se précipita…
Lila épaula son fusil et, au juger, estima la position de la forme en mouvement indiquée par son radar. Elle tira une première salve dans la mer. L’eau prit une teinte jaunâtre. Alors que les derniers ouvriers se sauvaient, une créature ressemblant vaguement à une tortue géante les poursuivit sur la plage.
Lila tira à nouveau. Voyant que les balles ne l’arrêteraient pas, elle positionna son arme sur lance-grenade et visa les pieds de l’animal. La détonation renversa la tortue, qui une fois sur le dos ne bougea plus. La jeune femme s’approcha et tira deux balles dans la tête de la bête, la tuant instantanément.
— Soupe de tortue pour tout le monde ce soir, plaisanta-t-elle afin de détendre l’atmosphère.
L’explosion des grenades avait attiré les colons sur la plage. La stupeur se lisait sur tous les visages. Laura, entourée de plusieurs responsables scientifiques, arriva en courant :
— Mais c’est quoi cette horreur ? dit-elle haletante.
— Ces bestioles n’ont sûrement pas apprécié notre sous-marin et l’une d’elles est venue en personne pour se plaindre, répondit Lila.
— Mais vous pensez qu’il y en a d’autres ? demanda une astrophysicienne apeurée.
— C’est certain. Au vu des traces de mâchoires laissées sur sa carapace, je dirais que ce spécimen a des prédateurs deux fois plus gros que lui.
Les colons restèrent sans voix. Cette paisible petite planète bleue n’avait pas encore révélé ses plus « gros » secrets. Laura finit par intervenir :
— Merci Lila, puis se retournant vers la foule, elle ajouta : Nos soldats ont, une nouvelle fois, prouvé leur valeur. Comme sur la Terre, la mer regorge de créatures plus ou moins dangereuses. Nous devrons en tenir compte et vivre avec !
Elle se dirigea alors vers Lila :
— Il faut sécuriser cette plage au plus vite !
— C’est une blague ?
— Il le faudra bien, nous allons vivre ici et l’accès à la mer doit être sans danger.
— Mais la mer est un danger et le restera, quoi qu’on fasse.
— Je veux… un accès… sécurisé… à la mer ! Suis-je assez claire, soldat ? hurla Laura à la limite de la crise de nerfs.
Lila pianota sur la console de son avant-bras et afficha une carte de la zone. En la montrant, elle pointa une petite crique au sud de leur position.
— Cette zone est facilement « sécurisable », ça vous ira ?
— Est-elle couverte par le radion ?
— Affirmatif.
— Alors c’est parfait, conclut Laura avant de retourner sous sa tente.
Lila salua sa supérieure et se retourna vers les techniciens :
— Vous avez entendu les ordres ? On installe les dessaleurs puis, on sécurise la zone en question, exécution !
L’équipe s’organisa afin que la présence dans l’eau soit la plus courte possible. Moins d’une heure plus tard, de l’eau douce était distribuée en abondance aux colons.
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