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Cet homme sur le banc, c'est Juan. Il a tout perdu, ses gosses, sa femme, son travail, ses "amis" pour autant qu'il en avait. À présent, sa seule "amie", s'est cette bouteille, une nouvelle tous les jours voir deux ou trois. Sa douleur est tellement intense, que seule l'alcool arrive à atténuer un peu cette souffrance.
Ce soir, il a trop bu, encore une fois. Il n'arrive même plus à se lever et à rentrer au squat, l'endroit où il crèche depuis qu'elle l'a foutu dehors.
Son regard est attiré par le ciel, il est plus illuminé que les autres nuits. Ce n'est que la lune qui forme un rond si parfait, si magnifique. Il est absorbé par cette pleine lune si belle, qu'il ne remarque pas l'ombre passée derrière lui et aller se cacher à l'orée des arbres alentour. Cette nuit n'est pas une nuit a rester dehors, et pourtant, quelque chose l'empêche de se lever. Juan décide donc de se coucher sur le banc en plein milieu de Central Park.
Le vent se lève, un vent glacial, un vent qui d'habitude ne souffle qu'en hiver. L'alcool prend le dessus et Juan ferme les yeux doucement, la bouteille à la main, comme un trophée.
D'étranges images lui apparaissent, il n'arrive pas à savoir si c'est un rêve ou la réalité, tout lui semble si vrai. Tout est confus dans son esprit, la vision trouble et floue, il distingue (où en tous cas, son esprit le lui fait croire) une silhouette penché au-dessus de lui. Une respiration haletante, deux yeux rouges comme le saphir brillent dans la nuit. Un reniflement, le fait sortir de la transe dans laquelle il se trouve et fait place à la peur plutôt une sensation de peur, un frisson glacé le parcours et prend possession de chaque parcelle de son corps. Il se redresse brusquement, hébété, la peur se dissipe instantanément. Il regarde autour de lui rien, juste le noir de la nuit. Pas l'ombre d'une âme errante près de banc, pas même le cri d'un animal errant.
Il se dit que c'est cette saloperie d'alcool qui le fait délirer, il devrait quand même levé le pied, mais au lieu de jeter la bouteille, il en boit goulûment une grosse gorgée et se recouche.
- Les bonnes résolutions seront pour plus tard, lâche t-il à voix haute.
Il ne se rend pas compte que quelqu'un ou plutôt une créature l'observe depuis un moment, qui se tapit dans l'ombre des arbres.
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