Chapitre 12 - Nicolas
Janvier 2009
La nouvelle année avait succédé aux vacances de Noël, et Nicolas avait reçu ses résultats d’examens, tout comme Virgile : ils avaient tous deux validé leur premier semestre. Ils avaient eu trois semaines sans cours, pendant lesquelles ils avaient pu se reposer, mais aussi skier comme ils le faisaient souvent, profitant des jours de semaine pour dévaler les pistes désertes. Ils avaient surtout passé du temps avec leur sœur, bien qu’elle soit retournée au lycée dès le début du mois de janvier pour un nouveau trimestre qui avait démarré fort.
Elle s’accrochait en cours, fournissait des efforts, et leur demandait de l’aide lorsqu’elle rencontrait une difficulté. Notamment en maths et en physique, qui n’étaient pas ses matières préférées. Nicolas sentit un soir que quelque chose n’allait pas, et la cuisina un moment avant qu’elle annonce avoir reçu le résultat de son dernier devoir de maths.
« J’ai eu 9… » Elle semblait à la fois déçue, un peu honteuse, et même en colère – d’avoir passé si longtemps à préparer cette interro, pour un résultat aussi décevant.
« Et la dernière fois, tu avais eu combien ?
_ 5. » admit-elle.
« C’est presque deux fois plus ! C’est mieux ! Et le prof, il a dit quoi ?
_ Qu’il faut que je continue comme ça.
_ Tu vois, Lou » sourit-il « c’est bien, je suis fier de toi. Tu as travaillé, tes résultats s’améliorent, c’est bien. Il ne faut pas relâcher tes efforts, il faut continuer. Tu avais des lacunes, tu ne pourras pas les combler comme ça en quelques jours, mais si tu travailles régulièrement, ça se passera bien. »
Elle acquiesça, moyennement convaincue mais sans doute pas prête à le contredire, faute d’arguments.
« Ce que je ne comprends pas, Lou, c’est… pourquoi tu ne nous as jamais dit que tu avais du mal à suivre ? Pourquoi tu ne nous as jamais parlé de tes notes ? »
Elle haussa les épaules : « Personne avait jamais voulu savoir, avant… je croyais pas que ça vous intéresserait… »
Nicolas soupira, et passa un bras autour de ses épaules pour la serrer brièvement contre lui.
« Je suis désolé, Lou… On aurait dû être plus clairs dès le début. On pensait pas que… Bref, tu comptes pour nous, OK ? Pour Virgile et moi, et pour Papa aussi même s’il sait pas trop le dire ou le montrer. Et pour Mathie, qui va te le montrer peut-être un peu trop fort. On t’aime, petite sœur. »
Le lendemain soir, en sortant du lycée, Louise eut la surprise de trouver sur le trottoir son frère, retenant tant bien que mal par sa laisse un Attila surexcité qui se libéra dès qu’il la vit et se jeta sur elle pour lui faire fête.
« Eh, mon loup ! Comment ça va, Tilou ? »
Nicolas la regarda quelques instants, attendri par les retrouvailles toujours aussi exubérantes, qu’ils aient été séparés une heure ou la journée. Puis il les accompagna jusqu’au parc Montjuzet – à une allure réduite puisque Louise portait le sac à dos contenant ses livres et ses cahiers. Une fois là-bas, elle le lui confia pour pouvoir courir et se défouler avec Attila, puis ils reprirent tranquillement le chemin de l’appartement.
Alors qu’ils passaient devant une animalerie, Nicolas ralentit le pas en regardant sa sœur.
« Lou, je sais que tu aimes son collier, à ton chien, mais… il est vraiment abimé. Tu ne veux pas que je t’en offre un neuf ? Pour fêter tes progrès en maths ! » plaisanta-t-il. Elle se laissa convaincre, et le suivit dans la boutique, où ils choisirent un beau collier de cuir marron avec une boucle en métal et une plaque qu’ils firent graver au nom d’Attila, avec le numéro de téléphone de Louise. Le chien avait fière allure, bien plus qu’avec son vieux collier de nylon bleu effiloché et au clip de plastique décoloré par le temps et le soleil.
Dans la rue suivante, Nicolas ralentit encore pour désigner la vitrine d’une boutique de vêtements :
« Regarde, Lou, tu ne voudrais pas qu’on te trouve un jean ? Pour changer de tes survêtements ? »
Il tentait de profiter de la bonne disposition de sa sœur, mais se heurta à un refus :
« Qu’est-ce que tu leur reproches, à mes survêtements ? Ils sont très bien !
_ Pour faire du sport, oui… Mais c’est pas très classe… »
Elle ne répondit rien, mais Nicolas la sentit se refermer, et se maudit d’avoir insisté. Le collier, c’était déjà bien, il aurait pu attendre un peu avant de parler des fringues… D’ailleurs, le soir-même, elle lui envoya à la figure le programme télé qui trainait sur la table du salon, et dont la couverture montrait une ribambelle de bimbos sorties d’une émission de téléréalité.
« C’est comme ça, que tu veux que je m’habille ? »
Virgile éclata de rire en ramassant le magazine et en regardant les photos : « N’importe quoi ! Toi, en talons aiguilles ? Pour courir après Attila ? J’aimerais bien voir ça…
_ C’est sûr que c’est pas Julia qui…
_ Hop, hop, hop ! Tu laisses Julia où elle est, toi ! » la coupa-t-il d’une voix joyeuse, pas vraiment partant pour entendre ce qu’elle avait à dire sur le sujet. Et Nicolas reprit :
« On parle de toi, Lou. Et du fait que tu pourrais porter autre chose que tes survêt’ moches. Un jean, par exemple. Avec des baskets, mais neuves les baskets. Et puis le sweat à capuche qu’on t’a offert à Noël.
_ On sait bien que tu n’as pas envie de mettre une mini-jupe et des chaussures à talons. » fit remarquer Virgile en levant les yeux au ciel. « Même si c’est très joli… »
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