Chapitre 19 - Nicolas

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Il regardait s’éloigner l’ambulance qui emportait sa sœur et Gauthier qui était monté avec elle ; Nicolas aurait préféré l’accompagner lui-même, mais elle lui avait ordonné de s’occuper d’Attila. Le chien tirait sur sa laisse comme un forcené, c’est qu’il était costaud l’animal ! Il tenait absolument à courir après le véhicule médicalisé qui descendait la route en lacets qu’eux aussi allaient devoir suivre. Les pompiers avaient été sympa, ils avaient trouvé un coin suffisant pour entasser le sac à dos de Louise et celui de Gauthier dans leur camion, et l’un d’eux s’était inquiété pour Nicolas :

« Ca va aller ?

_ Oui, oui » avait-il répondu. « Occupez-vous de ma sœur, je vais me débrouiller. Je vais trouver quelqu’un pour venir me chercher. »

Alors, ils avaient claqué la porte du fourgon, et l’avaient laissé au bord de la route avec le chien.

Il leur avait fallu plus d’une heure pour parvenir à la route qu’ils avaient repérée sur leur carte, lui soutenant Louise qui marchait sans se plaindre alors qu’elle devait souffrir le martyre, la pauvre, entre son poignet cassé d’après Gauthier – ce que les pompiers avaient plus ou moins confirmé, même s’il faudrait une radio pour en être sûr – et sa cheville tordue. Ils parlaient d’une entorse. Gauthier avait appelé les secours dès qu’ils avaient été certains de l’endroit où ils se trouvaient, et ils avaient dû attendre l’ambulance pendant une éternité, assis inconfortablement sur le bas-côté en plein soleil. Nicolas avait installé sa sœur entre ses jambes pour qu’elle puisse s’appuyer contre lui, et Gauthier avait disposé un sac à dos sous sa cheville douloureuse pour tenter de la soulager. Malgré la situation, Nicolas avait apprécié l’abandon dont Louise avait fait preuve dans ses bras, la confiance qu’elle lui avait témoignée en lui confiant son chien. Il tenait absolument à l’accompagner dans l’ambulance, ne serait-ce que pour faire les papiers d’admission aux urgences, mais elle avait refusé tout net : « Non, reste avec Attila !

_ Gauthier va…

_ Il saura pas ! Reste avec lui, Nico… »

Elle s’agitait tellement, paniquant à l’idée de laisser son chien derrière elle, qu’il avait accepté. Et il se demandait bien ce qui lui était passé par la tête, à présent : Attila tirait sur sa laisse, le tractant avec tant de force qu’il crut à plusieurs reprises qu’il allait tomber. Il comprenait le chien paniqué qui cherchait seulement à rejoindre Louise, mais s’il se cassait quelque chose lui aussi, ça n’allait pas arranger leurs affaires !

« Bon… » résuma-t-il à voix haute. « Virgile est en Espagne avec Julia, Papa je ne sais où, inutile d’appeler Mathie qui ne conduit plus… il reste Clément, ou Alex. Espérons que l’un des deux réponde… »

Il appela ses deux amis, qui devaient travailler l’un comme l’autre et ne répondirent pas. Il laissa des messages, puis envoya un SMS à Gauthier pour avoir des nouvelles, tout en sachant qu’ils étaient partis depuis si peu de temps qu’ils étaient encore sur la route.

Il marchait d’un bon pas dans la descente, retenant le chien qui le tractait. L’après-midi tirait à sa fin quand son portable sonna dans sa poche : Gauthier.

« Comment va Louise ?

_ Ils lui font une radio, là. J’attends des nouvelles. Et toi ? T’as trouvé un chauffeur ?

_ Nan, pas de nouvelle d’Alex ou Clément.

_ Et ton père ? Il peut pas venir ?

_ Non, il est pas là.

_ Ah merde. Bon. J’attends que Louise sorte de la radio, je vois s’ils la gardent ou quoi, et je viens te chercher. Ça va, avec le chien ?

_ Il m’épuise… Mais je m’en sors. » résuma Nicolas qui avait préféré attacher la laisse à la ceinture de son sac à dos, craignant une élongation du bras tellement le chien mettait de force dans son collier.

Un peu plus tard, nouvel appel :

« Ils la gardent pour la nuit, vu qu’elle est mineure et que je suis pas de la famille.

_ OK… Comment elle va ?

_ Bien, elle m’a quasiment foutu hors de sa chambre en apprenant que tu n’avais personne pour venir te chercher ! »

Nicolas se surprit à rire, c’était bien sa petite sœur, ça… Si elle était désagréable, c’est qu’elle était en forme !

« Je passe chez moi chercher ma caisse et j’arrive. » lui promit Gauthier.

« Ça marche. Oh, je te laisse, je crois que j’ai un double-appel. »

C’était Alexandre, qui venait de consulter sa messagerie et était déjà en route. Il rappela donc Gauthier, pour lui dire qu’il était inutile qu’il fasse le déplacement, et lui demander de plutôt tenir compagnie à Louise. Nicolas se faisait du souci pour sa sœur, seule dans cet hôpital, avec un bras cassé et une cheville foulée, entourée d’inconnus. Au moins, elle connaissait Gauthier, même s’ils ne s’entendaient pas toujours très bien. C’était étrange, cette relation qu’ils entretenaient tous les deux, un mélange de rivalité et de taquineries amicales, mêlées d’un peu de méfiance de la part de Louise.

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