Chapitre 31 - Mathie
Avril 2010
Le dimanche de Pâques, les trois enfants étaient là. Pas de chasse aux œufs dans le jardin, ils étaient trop grands pour ça, mais Mathie avait prévu des chocolats à déguster tout de même, après le dessert. Louise l’avait aidée à préparer le repas.
La petite allait mieux. Il lui avait fallu du temps, pour s’ouvrir. Pour parler, tout simplement, et sourire aussi. Pour arrêter de partir en courant et de claquer les portes à la moindre contrariété. Oh, elle avait toujours ses regards noirs, qu’elle distribuait à ses frères, à son père, lorsqu’ils osaient la contredire. Pas à elle, non : Mathie gâtait outrageusement sa petite-fille et se coupait en quatre pour lui faire plaisir. Elle lui avait tant manqué ! Cette enfant en avait bavé, pendant les années passées avec sa mère. La seule bonne chose qui semblait lui être arrivée en sept ans, c’était Attila. Mathie ne craignait pas Attila : enfant, elle avait toujours eu des chiens chez ses parents, puis après leur mariage Antoine avait ramené un jour un jeune berger allemand, pour garder la maison et décourager les intrusions. Elle était attentive aux réactions du chien-loup, mais savait se montrer ferme avec lui, bien qu’elle le gâte à peu près autant qu’elle gâtait Louise : morceaux de viande, petits bouts de pain beurrés… mais il n’aurait pas de chocolat, non, ça non. C’était toxique pour les chiens, même s’il avait terriblement envie d’y goûter…
Louise resta deux semaines en vacances, et toutes deux passèrent de longs moments en cuisine, à confectionner desserts ou plats salés. L’adolescente aimait aussi promener Attila, elle restait partie des heures entières et revenait fourbue mais heureuse. Le chien alors s’affalait devant la cheminée, pourtant éteinte, et somnolait en attendant l’heure du repas. Louise dessinait, aussi. Ce qui n’était qu’un pis-aller après son accident, lorsqu’elle ne pouvait pas marcher, était devenu un passe-temps. Mathie n'avait qu’aperçu ses croquis, mais Louise souriait lorsqu’elle tenait un crayon, c’était tout ce qui comptait pour elle : le bonheur de sa petite-fille.
Elle passa aussi de longues heures à faire ses devoirs, parfois aidée de ses frères, et à réviser : le bac de français approchait à grands pas. Mathie aimait la voir s’installer avec ses cahiers sur la longue table de la salle à manger, ou s’asseoir dans le canapé avec une leçon à apprendre, cela lui rappelait sa propre scolarité – bien plus courte, évidemment. Elle n’avait pas vu souvent Virgile et Nicolas travailler ainsi : ils vivaient avec leur père lorsqu’ils étaient au lycée, et ne venaient la voir que le temps d’une journée, souvent le dimanche, et leurs devoirs restaient à l’appartement.
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