Août 2015

La bataille de chatouilles a naturellement cédé la place à des caresses plus sensuelles, à mon initiative surtout. Paul me dit, un peu moqueur : « Tu ne penses qu’à ça, hein… »

Il n’avait pas l’air contrarié, mais je préférai m’en assurer :

« J’ai envie de toi. C’est mal ?

_ Bien sûr que non. Moi aussi j’ai envie de toi. »

Il souriait, et je repris mes caresses, embrassant l’un de ses tétons, l’agaçant de ma langue pour le faire s’ériger encore, encouragée par sa respiration que j’entendais et sentais s’emballer. Je laissai mes doigts effleurer son ventre, longer l’élastique de son caleçon, l’air de rien. Ses abdos se contractèrent, ses doigts serrèrent plus fort mes épaules, ma nuque, m’encourageant sans un mot à continuer mes caresses. Il n’était pas en reste, et ses doigts s’insinuèrent sous mon corsage avant de tirer sur les lacets – qui étaient seulement là pour décorer, raté ! – et je me redressai pour ouvrir la fermeture-éclair dissimulée dans une couture et ôter mon haut.

Paul me regardait, et ses doigts erraient sur ma peau nue, j’enlevai mon short pendant que j’y étais, avant de m’allonger contre lui pour reprendre nos caresses. Il ne tarda pas à dégrafer mon soutien-gorge, et il me renversa sur le lit pour caresser et embrasser mes seins. Il faisait le tour des mamelons, d’un doigt doux, un effleurement sensuel à la limite de la chatouille, puis il utilisa ses lèvres et sa langue, et je me tordis de plaisir sous ses caresses, qui semblaient se prolonger, à l’intérieur de mon corps, jusqu’à mon nombril et même un peu plus bas.

Mon shorty ne tarda pas à voler, suivi un instant après par son caleçon.

« J’ai envie de toi, Louise…

_ Tu as des capotes ? »

Paul tendit le bras vers la table de chevet, atteignit le tiroir du haut et farfouillé dedans au jugé, avec parfois un peu de mal : je m’amusais à le caresser en même temps, pour lui faire perdre ses moyens… Quand je le vi s’agripper au bord du tiroir, les jointures blanches, la respiration coupée et les yeux fermés, je le lâchai et trouvai moi-même la boîte en carton pour y prendre un préservatif que je déroulai sur son membre tendu. Paul me caressait les cuisses en me regardant faire, et je me redressai sur mes genoux pour l’accueillir et le guider en moi. Ses doigts s'immobilisèrent sur mes hanches, et je posai mes mains sur son torse pour mieux contrôler ma progression.

« Regarde-moi ! » murmura-t-il, comme une supplique, et je rivai mon regard au sien en continuant à descendre sur lui. Je le sentais se frayer un chemin à l’intérieur de mon ventre, me combler.

« C’est bon… » dis-je en resserrant mes muscles autour de lui, et il semblait tout à fait d’accord, vu le gémissement qu’il laissa échapper en se mordant la lèvre inférieure. Ses mains sur mes hanches m’incitèrent à danser contre lui.

Il se coucha près de moi, les joues bien roses, le temps de reprendre son souffle. De la main sur ma joue, il tourna mon visage vers lui et posa son front contre le mien. Puis il m’embrassa légèrement sur la bouche avant de se redresser.

« Ça va ? Je veux dire… c’était bien, pour toi ? » demanda-t-il dans un murmure un peu hésitant.

« Oui, c’était bien. » le rassurai-je dans un sourire. « Qu’est-ce qui ne va pas ?

_ C’était bien… mais tu n’as pas joui ?

_ Non. »

Il baissa les yeux.

« Paul… » Je crochetai mon index sous son menton pour lui faire lever la tête. « C’était très bien, d’accord ? Même sans orgasme. J’ai eu du plaisir, toi aussi, et c’est tout ce qui compte. Si tu y tiens, on peut se faire la revanche quand tu seras d’attaque. » ajoutai-je pour tenter de le faire rire.

« Vraiment ? » Il avait l’air un peu étonné.

« Oui. » J’ignorais si le ‘vraiment’ s’appliquait au plaisir que j’avais ressenti, ou à la proposition de remettre ça dès que possible, mais après tout peu importe : j’étais sérieuse sur ces deux points, et il avait surtout besoin d’être rassuré.

« Viens… »

Je me recouchai en l’attirant contre moi et posai ma joue sur son torse, passant une jambe en travers de ses cuisses. Il resserra ses bras autour de moi et embrassa le sommet de ma tête, puis je le sentis me caresser les cheveux.

« J’aime bien quand tu es coiffée comme ça. »

Mes tresses africaines commençaient à se défaire, des petits cheveux s’en échappaient dans tous les sens, et j’avais profité des quelques jours chez mon père pour prendre le temps de les défaire totalement.

« Mouais, faut que je reprenne rendez-vous chez ma coiffeuse. » baillai-je.

« Oh non, laisse-les comme ça ? » demanda-t-il timidement, et je ne résistai pas.

« Bon, d’accord, j’attends un peu, mais pas des semaines non plus, c’est une horreur à démêler tous les matins… »

Les cheveux bouclés, presque crépus, que je tenais de ma mère… Je les aimais bien, mais surtout quand je n’avais pas à m’en occuper !

Repus, nous avons sommeillé un moment, et c’est Paul qui ouvrit les yeux le premier. Sa grande main chaude sur mes reins me tira de ma somnolence, et je roulai sur le ventre pour lui faciliter la tâche. Ses doigts glissèrent dans le creux au-dessus de mes fesses, et s'arrêtèrent à gauche, près de ma hanche.

« C’est un tatouage ?

_ Hon hon. »

Ses doigts redessinèrent, avec application, les contours de l’hirondelle qui volait sur mes reins depuis cinq ans.

« Pourquoi une hirondelle ?

_ C’est un truc avec mes frères. Quand je suis partie à Lyon… L’hirondelle, c’est un porte-bonheur, souvent elle symbolise la fidélité, l’espoir, la liberté… Mais surtout, on a vu le symbole de l’oiseau migrateur, qui revient toujours. »

Le grand retour, après sept ans d’absence, et mes migrations hebdomadaires pendant mes études… Virgile et Nicolas m’avaient demandé de dessiner moi-même nos tatouages, et plutôt que d’avoir le même, j’avais créé une petite série pour que nous ayons le choix : des hirondelles dans toutes les positions, en vol ou posées, pleines et colorées, ou juste un léger contour, une silhouette aérienne… Virgile avait choisi un oiseau noir et blanc, très réaliste, posé sur un fil. Nicolas, la silhouette en vol, un simple trait noir, presque stylisé. Quant à moi, j’arborais presque la même que Nico, mais toute noire. Eux la portaient sur l’épaule, je l’avais voulue plus discrète, moins visible en été avec les petits hauts à bretelles : dans le bas du dos.

Finalement, si on réfléchissait à la forme de nos tatouages, c’était logique : Virgile et son hirondelle posée, qui n’avait jamais quitté Clermont et n’envisageait pas sa vie ailleurs. Nicolas et moi, les hirondelles en vol : j’avais quitté notre ville natale, pour mieux y revenir, et lui voyageait d’un bout à l’autre de la France, pour son travail. A croire que nos oiseaux nous avaient prédestinés, avant même la fin de nos études…