Chapitre 43
« Princesse ? Qu’est-ce que tu fais ? »
Je tournais en rond dans la chambre, lui était toujours allongé sur le lit. Je lui jetai un rapide coup d’œil avant de détourner le regard, me mordant l’intérieur des joues pour rester calme. Je m’approchai de la fenêtre, appuyai mon front contre la vitre. Je ne regardais même pas vraiment dehors.
« Qu’est-ce qu’il y a, ma belle ? » murmura Clément en posant ses mains sur mes épaules, et je bondis en poussant un petit cri de surprise : je ne l’avais pas entendu approcher. Mon cœur battait à cent à l’heure, et je devais avoir un air de bête aux abois.
« Louise… » Sa voix se faisait douce, apaisante, une prière. « Trésor ? Regarde-moi… Parle-moi… »
Je luttais contre le pouvoir hypnotique de ses mots.
« Princesse, pourquoi tu paniques ?
_ C’est quoi l’étape suivante ?
_ Hein ? »
Ça y est, ma véhémence me revenait : « Tu m’attaches, tu veux ma confiance, tu demandes un mot de passe, et après, quoi ? Il faut que je te vouvoie ? Que je t’appelle Monsieur ? Maitre ?
_ Non ! Louise ! » Clément avait l’air horrifié. « Tu délires, arrête !
_ Mais… tu… » J’étais au bord des larmes, à présent, perdue. Et d’un coup, je me retrouvai enserrée dans les bras de Clément, serrée si fort contre lui que je pouvais à peine respirer. Sa main droite me tenait la nuque, douce mais ferme, dans ce geste qui avait le don d’apaiser mes peurs comme mes colères.
« Tout doux, ma belle, tout doux… Là, calme-toi Trésor, on va parler, viens… viens… »
Sans me lâcher il s’installa dans le vieux fauteuil club qui avait élu domicile dans notre chambre, et m’assit sur ses genoux.
« S’il te plait, Louise, regarde-moi. C’est important. »
Je décollai ma joue de son épaule pour croiser son regard.
« Est-ce que je t’ai déjà fait du mal ?
_ Non.
_ Est-ce que j’ai déjà fait quelque chose contre ton gré ?
_ Oui…
_ Oui ? Quand ? Quoi ? » Il avait l’air blessé, paniqué, les yeux fous.
« Lenka ! Et ce putain de voyage scolaire !
_ Lou ! Au lit, je parle. Sexuellement.
_ Ah… Euh, non…
_ Ouf… » ai-je cru l’entendre soupirer.
« Clément ? Pourquoi ?... je veux dire : c’est quoi l’intérêt, pour toi ?
_ J’aime te donner du plaisir, Louise. Et je sais que tu aimes ça, quand je te tiens les mains, quand je t’empêche de parler ou de gémir. C’est comme sous la tente, comme dans le jacuzzi. C’est pareil, ma belle… C’est un jeu, d’accord ? Seulement un jeu. Et si tu as mal, si tu es mal à l’aise ou pire : effrayée, alors c’est pas la peine. Tu comprends, ma belle ?
_ C’est pour ça, le mot de passe ? Le code ? Attila ?
_ C’est ça. Je t’aime, Louise.
_ Je t’aime aussi ! »
Je ne le disais pas souvent, mais à cet instant ça me paraissait important. Clément resserra son étreinte avant de reprendre :
« J’aime l’idée que tu me fais assez confiance pour me laisser décider de tout pendant un petit moment. Honnêtement, c’est aussi assez… gratifiant, de voir l’effet que je te fais, le plaisir que tu prends. Et je reste persuadé que ça ne peut te faire que du bien de lâcher prise. De me laisser le contrôle. Pas tout le temps ! Pas à chaque fois qu’on s’envoie en l’air. Juste de temps en temps, pour changer… »
La joue posée sur son épaule, mon front touchait parfois sa joue, la ligne de sa mâchoire, selon ses mouvements. Du bout du doigt, je caressais son biceps, courant sur sa peau bronzée.
« Avec tout ça, on a toujours pas inauguré le vibro… » notai-je innocemment, à mi-voix. Sa réaction ne se fit pas attendre : il explosa de rire, avant de se redresser, me remettant sur mes pieds par la même occasion, mais sans me lâcher pour autant. Il pencha la tête pour me regarder : « Maintenant ? Tu as envie ? »
Je me haussai pour l’embrasser, et la fougue que je mis dans mon baiser lui répondit bien mieux que des mots.
« Tu as confiance en moi ?
_ Tu le sais bien.
_ Louise, je suis sérieux. Est-ce que tu veux jouer, ou alors on y va cool ?
_ Je te fais confiance, Clément. De toute façon, il y a « Attila ».
_ Oui. » sourit-il. Et alors que je m’attendais à un pincement au cœur en pensant à mon chien, la douleur ne vint pas. Commencerais-je à m’habituer ? A moins qu’utiliser son nom ainsi ne le maintienne un peu en vie, finalement : mon protecteur, même après sa mort…
Allongée les yeux bandés, mes poignets retenus au-dessus de ma tête par la corde qui les entourait, je tentais de calmer ma respiration. J’étais tout à la fois excitée et fébrile, mouillée et un peu stressée.
Clément était agenouillé ou assis entre mes cuisses écartées, et il ne bougeait pas. Il me regardait, j’en étais sure. J’avalai difficilement ma salive. Est-ce qu’il allait se décider à bouger ? Il me rendait dingue…
Enfin, le matelas se creusa un peu à ma droite, et je sentis Clément s’allonger contre moi, ses jambes contre la mienne, sa main sur mon ventre, légère et ferme à la fois. Rassurante. Mon souffle s’apaisa un peu.
« Tout doux, Princesse… »
Je tournai la tête, lui tendant mes lèvres, et son baiser relança les battements de mon cœur. Pas de panique, seulement du désir. C’est seulement lorsqu’il posa ses doigts sur ma hanche que je remarquai que je bougeais mon bassin. Puis je me laissai aller au déluge de sensations qui m’assaillaient : les mains de Clément, ses lèvres et sa langue, le bout de son nez, et aussi son menton, ses joues un peu râpeuses, il me caressa tout le corps, faisant monter la température et mon impatience, jusqu’au moment où je le suppliai de me prendre.
Mais c’est seulement son doigt que je sentis pénétrer mon intimité brulante et trempée. Puis quelque chose de plus gros se présenta, doux mais froid, et je reconnus le bout de mon sex-toy, je me cambrai e l’accueillant. Je contractai mes muscles internes pour mieux le sentir, laissant échapper un long gémissement de plaisir quand Clément commença à lui imprimer un doux mouvement de va-et-vient.
Puis un léger bourdonnement se fit entendre, et mon clitoris fut assailli de sensations. Clément venait d’y poser le vibro. La surprise me fit faire un saut de carpe sur le lit, et pousser un cri.
Je gémissais de plaisir et d’envie, mon ventre se tordait sous l’action des deux jouets.
« Louise ! » La voix de Clément, pressante, un peu sèche, me réveilla, en même temps qu’il m’ôtait mon bandeau. Je me rendis compte, un peu hagarde, que je n’avais pas cessé de gémir « Clément… Clément… » en secouant la tête et en tirant sur mes liens.
« Trésor ? » Il me regardait, inquiet. Ça devait faire un moment qu’il m’appelait.
« T’arrête pas, bordel ! C’est trop bon, continue… »
Un grand sourire apparut lentement sur ses lèvres, et il remit le vibro en route, reprit le mouvement en moi. Je me mordais les lèvres pour m’empêcher de crier, j’avais chaud et je sentais mes yeux se fermer tout seuls, j’avais l’impression de quitter mon corps, ce qui aurait été dommage vu le plaisir que je prenais.
« Regarde-moi, Trésor. » murmura Clément. Je plongeai dans ses yeux noirs, et un moment après, quelques secondes ou une éternité, je ne savais plus vraiment, l’orgasme vint me faucher dans une explosion de sensations comme j’avais rarement connu.
Je reprenais lentement mon souffle, et Clément me serrait contre lui en me caressant le visage et les cheveux, la poitrine, il m’embrassait le front, le cou, l’épaule.
« Ça va, ma belle ?
_ Oui… » soufflai-je contre lui en hochant la tête.
Il a absolument tenu à ce qu’on parle de ce qui venait de se passer – l’intensité des vibrations, mon plaisir, mon ressenti, si je me souvenais à chaque instant que je pouvais dire ‘Attila’ pour tout arrêter – alors que je voulais juste me faire câliner, bercer, et m’endormir dans ses bras.
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