Parkuišiun

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   Elle quitta son trésor des yeux après cette réflexion et le reposa doucement dans le fond de son sac d'expédition. Elle tourna la tête vers la fenêtre une nouvelle fois, attirée par l'avancée des ombres sur le sol, comme si quelque chose masquait le Soleil.

   L'air était devenu glacial. La chaleur écrasante du désert avait disparue, comme aspirée par les ténèbres insondables qui avaient envahi le monde en quelques secondes. Hamara se trouvait toujours devant la fenêtre de la tente, au milieu d'un désert désormais figé dans l'abysse spatial qui avait crevé ses cieux et dévoré ses étoiles. Pétrifiée sur place à la manière des statues d'Hattusa qu'elle avait étudiées, pas encore gelée par le vide qui rampait vers elle, mais par la simple vision de l'incompréhensible qui se présentait à elle.

   Elle était devenue folle, complètement folle. C'était impossible. Elle était devenue folle, pourtant elle gardait les yeux rivés sur le ciel incident, à travers la fenêtre d'une tente qui commençait à geler, dont certaines parties se disloquaient sous l'effet de vents d'apocalypse. Elle était devenue folle, puisqu'elle avait posé les yeux sur Lui, et avait sottement exposé ses sens et son psyché à l'inconcevable, ouvrant les portes de sa conscience à l'oubli. Elle était devenue folle, et au lieu d'une mort rapide et incompréhensible, elle était prisonnière d'une vision innommable de la Fin.

   Sertie dans sa carcasse de givre et d'effroi, Hamara avait cessé de percevoir sa quatrième dimension, pour toujours prisonnière de l'infernale torpeur dans laquelle son cerveau avait été projeté à l'instant où elle avait tourné son regard vers Lui.

   Son obscène couleur qui interdisait à toutes les autres d'exister, son aspect impossible, son inimaginable corps, ondulant à travers la perception, avançant inexorablement vers le monde des Hommes. Sa tête sans visage, sa gueule ouverte et prête à avaler la Terre. Un ophioïde grotesque qui serpentait lentement, sa queue infinie enlaçant le Soleil, les Puisards éclatés en une ceinture de mort autour de l'astre dominé.

   Les os des jambes d'Hamara étaient gelés et se briseraient dans une seconde. Sa bouche s'ouvrit et elle souffla : "Illuyanka."

On les voyait bien aujourd'hui.

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