not dead
Un bar miteux, de la bière pas chère, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Beaucoup de révolte, de colère, des guitares grasses, des gens qui crient, qui hurlent leur rage.
Je vais à un concert ce soir, je vais déverser de ma souffrance de vivre ce monde injuste dans lequel je suis perdu.e, dans lequel je ne me reconnais pas. Je vais jumper, boire, lever le poing jusqu'à toucher le ciel.
Des T-shirts noirs, des doigts tendus bien haut, des jeans craqués et des Doc Martens,je reconnais ma tribu, je reconnais les miens. On a pas tous les mêmes tatouages, les mêmes piercing, mais on a tous la même gueule ravagée d'hommes pressés, des apaches passés sous le rouleau compresseur de cette société qui nous crache à la gueule.
Alors on chahute, on rêve. On se prend quelques heures, une soirée, une nuit pourquoi pas, si on trouve avec qui la finir. Dans cette bulle qui hurle, où les notes sont pas toujours juste, mais les sentiments toujours vrais, on s'aime. Vite, fort, passionnément. Puis on se quitte, on s'écorche vif.
Mais au fond de nous on se rappelle, on se souvient qu'on est pas mort ! On le sera jamais, y aura toujours une relève ! On se connaît, on lâchera pas l'affaire, on se reconnaît, on se cherche, on cherche comment être nous sans se trahir.
parfois on s'lamente sur notre malheur : on vieillit, on se fait de plus en plus une raison. Le grand soir, c'est pas pour nous. Pas pour tout de suite, pas pour maintenant. On est le passé, on f'ra pas de vieux os. Mais on a une réputation.
Alors on lève notre canette, on tire la langue, on tourne la tête vers les étoiles et on chante. On chante pour nos frères, pour nos sœurs, pour un monde meilleur, contre les injustices, contre le barbarisme, contre le capitalisme. Parfois contre les flics, contre le pouvoir, contre la société qui nous opprime. On pleure l'irréparable, l'inéluctable, le fatal.
Ce soir mes potos, je vais à un concert, et j'vous jure les gars, les meufs, les amis de tous bord, la jeunesse vaincra !
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