L'entre deux vies

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Louise s’engouffre, essoufflée, dans la manifestation. Enfin ! Pour un peu elle était en retard. C’est toujours la course…, mais elle sait bien que faire l’autruche, ne rien faire ne résout rien. Un jour, bientôt, tous les acquis de nos anciens seront perdus, un à un, c’est en bonne voie. Elle se sentait légère, tellement heureuse de s’être échappée. Il y avait longtemps, trop longtemps. Elle n’aimait pas le monde, genre la foule des grands magasins, mais elle était à l’aise dans les manifs, elle s’y sentait bien, en sécurité. C’était sa vie, sa famille. Elle déambule de groupe en groupe, de banderoles en banderoles, embrassant les uns, saluant les autres de loin, ses frères et sœurs de combat.

Peut-être aurait-elle continué son chemin tranquillement, si un grand bruit sourd n’avait retentit dans sa tête, dans ses oreilles et dans celles de tous les passants aux alentours, comme une musique composée à la fois de grosses percussions et de bols tibétains dont la résonnance vibre encore et encore. Une fraction de seconde lui sembla-t-il et tout est devenu flou. Peut-être a-t-elle perdu connaissance, elle ne saurait dire.

Elle a repris plus ou moins conscience dans un lieu sombre, où régnait une atmosphère lourde. Elle était si mal à l’aise, elle ne pouvait pas décrire ces sensations qui lui traversaient le corps mais c’était froid, noir. Elle en avait la chair de poule.

Soudain une image lui traversa l’esprit.

Un poteau. C’est ça, un poteau l’a percuté. Un poteau immense, en travers de sa route.

Elle sent une présence. Une présence hostile, malveillante.

Des flashs pendant ce trou noir lui reviennent. Des cris, des heurts, des reproches sur un restaurant avec des copines, un hangar… Elle perçoit des brides de mots qui la percutent. La voix d’un homme.

Elle renifle une odeur, une odeur d’hôpital…elle est dans une chambre d’hôpital !

ET LUI QUI C’EST ? Un homme est planté devant elle. Il s’agite.

Un médecin sans sa blouse ? Un infirmier qui la veille ?

« Qu’est-ce que t’as foutu encore ?

— Tu peux pas faire attention ?

— Tu vas arrêter tes conneries !

lui demanda-t-il », en boucle, sans attendre la réponse à ses questions, en lui jetant un regard froid, dépourvu de tout sentiment.

Louise était en panique. Que se passait-il ? Si c’est une blague, elle n’est pas drôle ! Gilles va m’entendre se dit-elle intérieurement. Elle ne voulait pas répondre ou parler à cet homme qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Son mari la taquinait souvent sur sa maladresse, mais c’était toujours gentil. Ils s’aiment de la passion des premiers jours ; leurs triplés très espiègles les chahutent bien assez avec ça.

Bon, Louise se secoue la tête comme pour remettre tout en place mais elle n’arrive pas à reconnaitre cet homme qui lui parle sèchement. Son mari à elle est très brun- elle adore d’ailleurs ses beaux cheveux épais, si raide.

Lui est chauve, ce qui le rend encore plus froid, plus hostile. Louise rassemble ses souvenirs péniblement, douloureusement. Il lui semble qu’elle était en chemin pour étreindre discrètement son homme qui serait sûrement en tête sous la bannière du syndicat énergétique. Depuis quelques temps, il avait été nommé secrétaire de l’Union Locale. Il avait accédé à cette fonction pour faire un break avec son boulot. Son responsable le harcelait au quotidien, voulant le pousser à la faute. Cette proposition arrivait à point nommé pour lui. Même s’il perdait ses primes, il avait besoin d’être plus détendu le soir avec sa famille, bien que sa nouvelle mission soit très prenante.

Quand c’était possible, le dimanche, les enfants les accompagnaient dans leurs meetings.

Elle se souvenait qu’entre les petits, le sport, les responsabilités au travail, ce n’était pas facile de se libérer pour manifester.

Louise et Gilles étaient sur la même longueur d’ondes, toujours en phase. Bien sûr quelques fois, c’était animé mais c’est ce qui faisait leur force. D’un sourire de connivence, ils se rendaient compte quand leurs débats allaient trop loin, et s’embrassaient immédiatement.

Un coup de foudre lors d’une formation syndicale. De vrais aimants, avec de beaux papillons multicolores dans le ventre. Ils faisaient toujours en sorte de se retrouver ensemble à chaque création de groupe de travail. Le soir, après les cours, ils discutaient à bâtons rompus des heures durant, se racontant leur quotidien et leurs envies.

Le plus dur avait été de se quitter à la fin du stage, se promettant de mettre de l’ordre dans leur vie, de se revoir rapidement. Ça n’allait pas être simple, ils étaient mariés tous les deux, chacun de leurs côtés. D’autant que Gilles avait un enfant, et s’occupait beaucoup de lui.

Ils se sont donnés rendez-vous pour l’inauguration d’un grand centre de formation pour handicapés en Sologne, quelques semaines plus tard. Elle n’avait pas résisté à l’appeler au téléphone au moment du décès de sa grand-mère, Louise avait tant besoin de réconfort. Elle se ressentait un énorme vide. Même à deux on peut être bien seule. Ne dis dit-on pas un seul être vous manque… Il avait su trouver les mots.

Deux mois s’étaient écoulés depuis la fin du stage, l’heure du rendez-vous sonnait enfin. Louise arriva la première. Elle s’est posté au loin, discutant avec ses copains, mine de rien elle le guette. Enfin, il apparut, au milieu d’un groupe. Leurs regards se sont trouvés, soulagés. Ils se sont sourient, leurs visages se sont transformés.

Louise s’est dirigée vers eux et sont allés boire un café tous ensemble au village le plus proche. Au bout d’un moment, ils se sont échappés, sont rentrés à travers bois. La mémoire de Louise lui semble floue. Elle se souvient que les ronces et les orties lui griffaient et lui brulaient les jambes. Ils se sont embrassés pour la première fois dans cette forêt.

Se quitter, du moins se séparer, encore, a été plus difficile. Elle ne l’a pas montré mais son cœur saignait et pleurait. C’est elle qui, cette fois est allée le retrouver un jour de juin pour participer ensemble à un grand rassemblement pour la paix. Le lendemain, elle avait une réunion de travail au siège de son entreprise. Il est venu l’attendre sur le quai de la gare. Juste avant de descendre, elle avait mis un coup de crayon noir sur ses yeux, emprunté à sa voisine de wagon. Elle se souvient de son sourire quand elle le lui a rendu. Louise aimait être coquette. Ils se sont serrés dans les bras un long moment, il lui a pris son bagage et se sont rendus directement à l’hôtel pour le poser. Ils sont restés dans la chambre, se sont embrassés, se sont aimés, si fort, si tendrement. Ils ont fait à leur manière leur manif pour la paix. Plus rien n’existait pour eux, ils s’étaient tant manqués. Ils se le disaient, se le prouvaient avec leurs corps, leurs baisers. Il faisait nuit quand ils se sont rendus compte qu’ils avaient une faim de loup. Le restaurant japonais en face de l’hôtel leur a servi un menu varié express, se souriant, se dévorant des yeux, mangeant dans l’assiette de l’autre. Cette nuit-là, ils se sont de nouveau séparés, Il voulait être prudent. Gilles a lui un fils, et être là, à son réveil, comme tous les matins pour le déposer à l’école le rassurait. C’est son devoir de père de lui parler de Louise, à son rythme, pour ne pas lui faire trop de peine.

Ils se sont promis de se retrouver rapidement chez elle, le temps de régler leurs situations sans faire souffrir personne. L’évidence était là, ils devaient passer leur vie ensemble, continuer leur chemin main dans la main, cœur contre corps.

Louise a quitté son mari sans heurt. Ils se connaissaient depuis l’école primaire. Ils aimaient bien jouer ensemble, avaient monté une pièce de théâtre et s’amusaient à l’interpréter le jeudi avec sa sœur à lui. Une histoire de servante, d’un couple de bourgeois, c’est lointain. Son histoire avec lui ressemble plus à de l’amitié, à un amour de jeunesse.

Si, bien sûr au début, très jeune, il y avait bien ce petit quelque chose qui vous pince le cœur. Ils n’ont pas eu d’enfant. Peut-être que ceci explique cela. Elle ne voulait surtout pas lui faire de peine. Il ne lui a pas fait de scène, Il se rendait bien compte au travers de la détermination de Louise qu’il n’y pouvait plus rien. Surtout, il les avait vus sur le quai de la gare d’Austerlitz. Il revenait d’un séminaire de dix jours. Tout de suite, il n’en a pas cru ses yeux. Eux ne remarquaient personne. Seuls au monde ces deux-là, ils ne faisaient qu’un. Il a eu très mal. Elle n’en a rien su.

Elle lui a dit qu’elle voulait réussir leur divorce puisqu’elle n’avait pas mené à bien leur mariage. Elle lui a tout laissé ou presque, c’était sa façon de lui demander pardon.

Elle a trouvé un petit deux pièces pour abriter leur amour naissant qui implantait déjà ses racines dans tout son corps. Louise a présenté Gilles a sa mère, ils se sont entendus tout de suite ces deux-là. Mamouna lui a lancé un clin d’œil et un tendre sourire lui faisant comprendre qu’elle acceptait son futur gendre. Elle voyait tout l’amour et la tendresse qu’il avait pour sa fille. Ce dont elle avait le plus besoin. Sa mère a divorcée tôt. Son père, un immigré, la violentait, la menaçait de faire venir vivre son patriarche à la maison pour lui imposer sa loi. Louise garde au plus profond d’elle des séquelles de ces propos entendus cachée sous l’escalier. Mais un jour pas fait comme un autre, ou une dispute de trop, Mamouna a pris Louise sous le bras et a quitté cet homme. Il a vraiment pas apprécié, des colères, un fusil…Tout est rentré dans l’ordre, elle a été ferme, elles n’ont plus eu de nouvelles. C’est mieux ainsi, toutes deux se soutiennent et passent beaucoup de temps ensemble. Mamouna n’a pas refait sa vie. Elle est pourtant très belle. Mais c’est son choix. Elle est heureuse ainsi. Qui sait ce qui serait arrivé si elle était restée. Elles adorent ses petits-enfants, toujours disponible pour eux, ils sont devenus sa raison d’être.

Les triplés sont la fierté de Louise. Sa plus grande peur serait qu’ils ne l’aiment pas. Est-elle une bonne mère ? Elle s’investit autant que possible dans leur vie. Elle est au conseil de parents d’élèves, présidente de l’amicale de l’école et a mis en place une autre gestion de la cantine avec le charcutier du village pour que les enfants aient des produits sains déposés chaque jour dans l’assiette. Les agréments n’ont pas été chose facile. Elle a créé un club d’échecs animé le mercredi et le samedi. Louise adore lire, non pas les livres numériques, les livres papiers, le toucher du grain, l’odeur de l’encre, et ces personnages vivant à l’intérieur. Elle en ressentait toute l’énergie. Enfant, avec son grand-père maternel, elle lisait beaucoup. Elle avait l’habitude de commencer par la fin, c’était sa prise de contact à elle avec l’histoire, et revenait par la suite au début. Elle s’arrangeait pour donner de son temps à la bibliothèque municipale pour y être avec ses copines. Régulièrement, elles organisaient un raconte tapis, elles y prenaient beaucoup de plaisirs. Elles faisaient un peu de sport ensemble, ramaient en salle, marchaient plusieurs kilomètres quand le temps le permettait ainsi que leurs agendas. Elles menaient ensemble des combats pour de nouvelles avancées sociales, principalement l’égalité des salaires entre Hommes et Femmes mais pas que. Dès qu’elles le pouvaient, elles refaisaient le monde le midi en mangeant sur le pouce.

Toutes cinq, elles aiment battre le pavé ensemble. Elles n’hésitent pas à se faire entendre haut et fort. C’est pour ça qu’on les appelait gentiment les ²Georgette².

Gilles admire le militantisme de sa femme et ils font en sorte que cela ne nuise pas à leur couple même si c’est un peu la base, leurs fondations. Ils s’organisent des cinés, choisissent le film ensemble ou à tour de rôle, puis en débattent ensuite à librement, sans prise de tête. Ils affectionnent leurs échanges. Il adore offrir des fleurs à Louise, elle jubile à chaque bouquet. Quelquefois, peut-être pas aussi souvent qu’ils le voudraient tous les deux, ils s’octroient des escapades en amoureux. Pas longtemps, pas trop loin, l’absence des enfants se fait vite sentir. Bien sûr, ils partent en vacances avec leurs petits monstres, sans oublier Mamouna qui se fait discrète. Elle les regarde rire et se dévorer des yeux, se taquiner.

Les enfants sont arrivés voilà sept ans, juste après leur mariage. Le divorce de Gilles a été plus difficile. Il y avait son fils et il en voulait la garde partagée. Sa femme, ou plutôt son ex-femme lui a fait la vie dure, c’est de bonne guerre disait-t-il. Ils n’ont voulu blesser personne.

Six mois après la désunion de Gilles, ils se sont dit un Oui franc et ferme, devant la mère de Louise, le père de Gilles (peut-être que ces deux-là pourraient être heureux ensemble…) et quelques amis, se jurant de prendre soin l’un de l’autre, de s’aimer encore et encore.

Elle était heureuse et fière dans sa belle robe de mariée. Elle l’avait choisi avec sa mère, dans une belle forme asymétrique, une encolure en cœur qui dévoilait ses épaules, recouvertes de quelques mèches de cheveux gaufrés. Elle ne lâchait pas le bras de son amoureux, beau comme un dieu dans son costume bleu nuit. Il ressemblait à un acteur de cinéma.

Après leur petite fête, ils se sont esquivés. Ils ont pris quelques jours pour savourer égoïstement leur bonheur, à petites et grandes doses de câlins, de bols d’airs frais de l’Océan, de promenade dans l’eau, pour goûter ce cadeau de la vie. Ils en étaient conscients, difficile d’être plus comblés.

Ils en profitent chaque jour, au quotidien. Ils ont sauté de joie à l’annonce de la grossesse de Louise. C’est vrai qu’ils ont eu peur voyant qu’elle prenait rapidement du poids. Elle se sentait vite fatiguée. Le médecin a su rapidement les rassurer sur la santé de la future maman. Son état était des plus naturels. En revanche, elle hébergeait non pas un, pas deux mais trois beaux embryons bien décidés à vivre ensemble, dans la plus belle harmonie pendant cette fabrication. Les parents furent sous le choc, sonnés par l’annonce du gynécologue, ils ne dirent mots pendant quelques minutes et partirent ensemble dans un éclat de rire communicatif. La grossesse de Louise s’étaient bien déroulée, elle avait pris 28 kg, ce qui lui faisait dire que sa grossesse était arrogante. Un mois avant le terme, sa délivrance fut la bienvenue.

Nouvelle voiture ! Louise trouve qu’elle ressemble à un bateau, mais c’est elle qui l’a remarqué et la conduit allègrement. Il en a fallu de l’organisation. Les bras de Mamouna étaient les bienvenus. Ils faisaient des roulements la nuit, pour que Louise puisse se reposer. Elle avait la sensation que les journées étaient sans fin. Un bain en appelait un autre, et encore un autre. Les couches et boites de lait n’avaient pas le temps de s’empiler dans le cellier de la longère dont ils avaient eu ensemble un coup de cœur. C’est un corps de ferme aux portes et volets rouges, comme les couleurs sur les maisons que l’on peut apercevoir près de l’embouchure de la Gironde. Lumineuse et spacieuse, elle les a interpellés immédiatement, comme si elle avait une âme, cette demeure. Ils se sont dit qu’ils y seraient bien pour accueillir leur grande famille prête à éclore. Bien sûr, il y a des travaux de remise en état à réaliser de suite, mais ça ne leur fait pas peur. Peut-être que plus tard une extension à la maison pourrait voir le jour pour y rajouter des chambres d’hôtes. C’est le projet de Louise. Mais chaque chose en son temps, d’abord élever leurs bébés, prendre le temps qu’il faudra avec eux, puis quand le moment sera venu, avec beaucoup d’orchestration elle reprendra le travail. Elle aime travailler Louise.

Louise était en panique. Mais qui était cet homme toujours dans sa chambre à la fusiller du regard, lui faire quantité de reproches, l’injurier, l’agresser verbalement.

Elle ne pouvait pas avoir rêvé sa vie. Pas possible, trop claire, trop nette, trop…palpable. Avait-t-elle tout imaginé ou embelli pendant sa perte de connaissance. Comme pour renier un noir destin bien présent, concrétisé par l’insistance de cet homme à ses côtés.

Elle avait bien une belle bosse au milieu du front, comme un troisième œil. Elle s’est détendue une fraction de seconde, souriant intérieurement de son propre humour. En d’autres circonstances elle aurait ri.

La porte s’ouvrit.

Un homme en blouse blanche entra, sourire aux lèvres et dans la voix. Il s’adressa à Louise :

« Vous pouvez sortir, il n’y aura pas de complication, à part un gros mal de tête.

Votre mari et vos enfants vous attendent à côté. Vous avez une bien belle famille…»

Son sourire s’effaça et sa voix se fit plus dure, plus froide, il venait de lire le désarroi sur le visage de Louise, et la voyait toute recroquevillée sur elle-même, envahit par l’effroi, et au même instant il aperçut l’homme :

« Monsieur, que faites-vous dans cette chambre à importuner madame ?

Retournez dans votre unité ! Je vais vous y accompagner d’ailleurs. »

Se tournant vers Louise :

« Je suis désolé, cet homme souffre d’un dérèglement de l’humeur, doublé d’un pervers narcissique. Il doit toujours être sous délirium.

Il a violenté sa femme et se trouve dans le secteur psychiatrique. Je ne comprends pas comment il en est sorti, il a dû échapper à la surveillance postée devant sa porte. Vraiment désolé ! Le médecin se répandait en excuses, tellement confus de cette intrusion. »

Louise pousse un énorme soupir, elle a eu si peur. Elle commençait à relâcher son corps, toujours en mode défensif.

Son mari, son amoureux venait d’entrer dans la pièce suivi de leurs enfants…

« Oh Louise, Ma Lou, ma Georgette, tu m’as fait si peur ! » Gilles la serra très fort dans ses bras tendrement, amoureusement et six autres tentacules la capturèrent, l’enlacèrent, parlant tous en même temps.

Louise leur sourit, pleurant à la fois, les couvrant de baisers en poussa de nouveau un long soupir de soulagement.

Soudain, une frayeur ! Mamouna, où est Mamouna ? Est-elle morte comme dans son cauchemar, sa période de léthargie ?…son père, le fusil…avait-il tiré ce jour-là ? C’était encore confus dans sa tête douloureuse.

La porte s’entrouvre. C’est elle. Elle était bien là. Elle se jeta tout droit dans les bras de sa fille.

Louise était à sa place, au bon endroit.

Tout à coup, le médecin réapparut. Il était remonté très vite :

« Je ne sais pas si ça à son importance. On vous a transféré directement en soin intensif faute de place et de personnel. Vous étiez à côté de son épouse qui a reçu de violents coups sur tout le corps, elle est tombée dans le coma et son pronostic vital est réservé. Il me semblait que je devais vous le dire. »

Louise se rendait bien compte de la chance qu’elle avait.

De son bonheur tout chaud !

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