Les larmes de Narda : I

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Eren se retourna dans son lit, passant du coussin à la solide poitrine du mâle avec qui elle avait passé la nuit. Ce dernier l’entoura aussitôt de ses bras et la cala contre lui. Eren ne se posa aucune question : elle était bien, et encore à moitié plongée dans sa rêverie.

Deux petits coups frappés à la porte la réveillèrent.

— Qui c’est ? maugréa-t-elle par habitude. Si c’est Elshyn, c’est pas la peine d’insister.

— C’est Innafay, lui répondit la voix douce de la prophétesse des clowns.

Eren, qui commençait à émerger du sommeil, ouvrit les yeux. Elle était dans les bras d’un mâle, qui vint lui embrasser le front.

— Si c’est Elshyn, c’est pas la peine d’insister ? se moqua-t-il, son sourire insolent aux lèvres.

Elshyn. Il était resté dormir avec elle. La veille, elle s’était endormie avant lui, en oubliant de le mettre dehors. Fichu clown ! Elle était certaine qu’il l’avait fait exprès. Affolée, Eren envoya valdinguer la couette.

— Innafay est dehors, souffla-t-elle. Elle attend pour entrer.

Conquérant et même triomphant, le jeune clown la regarda, les bras croisés derrière la tête, sans chercher à dissimuler sa glorieuse nudité.

— Et alors ? Tu peux la faire entrer. Tu penses que ça la choquera ? Innafay a douze mille ans, elle en a vu d’autres, tu peux me croire.

Eren siffla de frustration.

— Idiot ! Que pensera-t-elle de moi ? On avait dit que personne ne devait savoir !

Tu avais dit ça. Personnellement, cela ne me pose aucun problème… Quant à Innafay, elle pensera simplement que tu es une elleth qui sait ce qu’elle veut.

Eren le regarda, une moue sur les lèvres.

— Une elleth qui sait ce qu’elle veut… Je ne sais même pas pourquoi je couche avec un bouffon comme toi ! Allez, cache-toi sous le lit ! Sinon, c’est fini entre nous.

Elshyn lui jeta un de ses regards durs dont il avait le secret, désapprobateur. Puis, nonchalamment, sans se presser, il se leva.

— Dépêche-toi, supplia Eren.

— Je veux que tu m’embrasses d’abord, osa-t-il marchander.

Se plantant devant elle, la dominant de toute sa taille, il prit son menton entre le pouce et l’index et lui pencha la tête en arrière. Eren était hors d’elle, mais également très émoustillée. Et lorsqu’Elshyn condescendit enfin à l’embrasser, elle ne put s’empêcher de passer ses bras autour de sa taille ferme.

— Tu dis que tu ne sais pas pourquoi tu couches avec moi, lui dit-il d’un air narquois, mais moi, je le sais.

Eren dut convenir que c’était vrai. Jamais aucun mâle ne lui avait fait un effet pareil. Elle le détestait, mais aussi, elle le désirait plus que tout au monde.

Eren avait succombé aux machinations du barde sur le vaisseau-monde Ráith Mebd. La troupe filidh y avait donné une représentation, au cours de laquelle les deux jumelles avaient été cantonnées aux coulisses. C’était bien dommage, car la salle était immense, tout de cristal transparent, afin de mettre en valeur les jeux de lumières et d’illusions mis en œuvre par les filidh. Mais Syandel avait été intraitable : les deux ellith devaient rester dans les coulisses, avec interdiction formelle de se mêler au public. À ce moment-là, Eren avait compris qu’elles étaient otages des clowns : si ces derniers avaient vraiment agi de manière désintéressée, ils les auraient laissées débarquer sur Ráith Mebd.

Assises dans un coin sur un tas de coussins, des plateaux de fruits, de viandes et des flacons de gwidth disposés devant elles, les deux sœurs avaient dû prendre leur mal en patience. Toute la soirée, elles avaient vu défiler des artistes décadents et à moitié nus, apparaissant et disparaissant dans leur champ de vision pour changer de costume ou de masque. Arda, encore affaiblie par sa mésaventure orcanide, s’était vite endormie sur les genoux de sa sœur. Mais Eren, elle, était restée éveillée, mâchonnant d’un air morose un bout de viande ou un œil de Lompe. Du coin de ses paupières effilées, elle s'était détournée de la poitrine nue d’Yriel – fort remarquable, il est vrai – pour contempler la musculature compacte et puissante du dos d’Elshyn. Ses yeux inquisiteurs étaient descendus le long de ses reins, pour s’arrêter sur ses fesses, visiblement dures et sculptées. Lorsque son regard était remonté, il avait croisé celui, minéral, du propriétaire de ce corps d’athlète dans le miroir : contrairement aux autres bardes, Elshyn n’avait jamais la moindre étincelle malicieuse au fond de ses pupilles noires lorsqu’il la regardait. Il la regardait comme un seigneur dorśari regarde sa proie : avec autorité et arrogance.

Avant la représentation, Elshyn les avaient baladées partout dans le vaisseau. Arda s’était laissée faire complaisamment, trop épuisée pour offrir de la résistance, et tant qu'Elshyn la traitait comme une fragile princesse, tout se passait bien. À la fin de la journée, il s’était fendu d’un commentaire malvenu : « Ta sœur est bien plus gentille que toi. Et puis, elle est raisonnable, elle, au moins ! »

Elshyn savait visiblement où appuyer pour mettre Eren en rage.

— Ma sœur est surtout malade, lui avait-elle rappelé. Si elle avait été en pleine possession de ses moyens, elle t’aurait méchamment envoyé bouler.

— Si elle avait été en pleine possession de ses moyens, avait souri Elshyn, je lui aurais fait la cour. Mais, vu son état, je préfère m’en abstenir. Ce n’est pas le moment, pour elle.

Eren s’était sentie insultée par cette sortie du jeune saltimbanque. Il ne manquait pas d’air !

— T’es aveugle, ou quoi ? avait-elle répliqué. Ma sœur, comme moi, est une khari à la peau noire !

Elshyn l’avait regardé avec condescendance, les bras croisés sur sa poitrine.

— Et alors ? Qui a dit que je n’aimais pas les khari à la peau noire ? N’as-tu pas dit toi-même à quel point elles étaient belles et rares ? Et ce petit caractère piquant… Oui, on peut dire que ça ne me déplait pas.

Eren avait perdu ses moyens à ce moment-là. Elshyn était parti avec un ricanement, la laissant sur le carreau. Elle ne lui avait pas reparlé depuis.

Après la représentation, les filidhean avaient été conviés à un grand banquet par les mécènes qui les avaient reçus, au cours duquel ils avaient pu ôter leurs masques. Eren avait observé les regards admiratifs des jeunes femelles de l'assistance lorsqu'Elshyn avait enlevé le sien. Il avait passé la soirée à recevoir compliments, cadeaux et attentions. D’ailleurs, son frère, ainsi que les autres mâles de la troupe, à l’exception du consort d’Innafay qui gardait les petits sur le vaisseau, s’étaient éclipsés avec l’une ou l’autre au cours de la soirée. Pour la première fois, Eren avait vu la société ædhel telle que la percevaient les humains : une civiliation sauvage et décadente, dans laquelle tout le monde s’ébattait joyeusement avec tout le monde. Une société sans règles, sans structures fixes. Une société d’animaux de la forêt, tout simplement.

— À quoi tu penses, en faisant la grimace comme ça ? l'avait taquiné Elshyn.

Eren s'était alors tournée vers lui.

— T’es pas parti copuler, toi aussi ? Tu ferais mieux d’en profiter : ensuite, on remonte sur le vaisseau, et tu te retrouveras bien bredouille.

Elshyn s'était réinstallé plus confortablement sur sa banquette, étalant les bras de part et d’autre du dossier dans l’une de ces attitudes conquérantes qu’il affectionnait.

— Non, pas cette fois. J’ai déjà une elleth en vue, et elle n’est pas ici. Où est ta sœur, d’ailleurs ?

— Elle est partie avec un mâle, avait maugréé Eren. Le grand, très beau, aux cheveux acajou.

Eren en avait voulu à Arda de se montrer si légère : ce n’était pas le moment de céder à la facilité. Les clowns les observaient, Elshyn, Syandel et Innafay, notamment.

— Et toi ? avait insisté Elshyn avec un sourire jusqu’à ses grandes oreilles. Tu n’as personne en vue ?

— J’en ai un, lui avait répondu Eren, les sourcils froncés, en essayant de ne pas le regarder. Il s’appelle Círdan. C’est le plus beau mâle que j’ai jamais vu de ma vie, et de loin. Ses cheveux et ses yeux ont la couleur du feu… Il est fils de monarque, extrêmement bien éduqué, vierge et suprêmement intelligent.

Elshyn avait continué d'arborer son sourire insolent.

— Círdan ? Ce n’est pas ce mâle que j’ai vu sur le cair de votre père, celui qui est fou amoureux de votre sœur Angraema ? Il y a de quoi : superbe femelle, que celle-là ! La taille souple, le regard incandescent, et, fait rare, qui a encore sa queue… Et moi, j’aime bien ce qui est rare et sort de l’ordinaire.

Horrifiée, Eren s'était alors rappelée qu’Elshyn avait rencontré sa famille. Comment avait-elle pu oublier une telle chose ! Elle s’était fait avoir comme une idiote.

— Oublie-le, va, avait conclut le jeune barde en passant ses bras derrière sa tête. Tu n’as strictement aucune chance !

Furieuse et vexée, Eren s’était levée. Bien entendu, elle n’était pas assez stupide pour « tomber amoureuse » de Círdan. D’ailleurs, tomber amoureuse, ce n’était pas pour elle ! Mais, à ce moment précis, elle avait réussi à se convaincre qu’elle l’était. Aussi avait-elle fui, traversant la salle sous le regard goguenard et le sourire narquois de ce fat d’Elshyn.

Elle avait quitté les appartements que leurs hôtes avaient réservés à la troupe filidh. Dès qu’il avait vu qu’elle passait la porte, Elshyn avait bondi à sa poursuite. Eren s’était précipitée dans les couloirs de marbre et de cristal, encombrés d’ædhil pompeux qui la regardaient bondir de pont en pont, choqués. Pour semer Elshyn, elle grimpa même sur une statue de Narda haute de quinze mètres, s’accrochant à ses seins décorés d’améthystes, pour mieux passer sur celle de Naeheicnë dans son armure de mithrine, brandissant son sabre et sa lance. Mais le jeune barde gagnait du terrain. Et, au moment où elle s’y attendait le moins, alors qu’elle était montée sur une alcôve de marbre tout en haut d’un immense balcon circulaire qui surplombait cinq étages de ponts sur au moins trois cents mètres, il l’avait rattrapée. Eren ne pouvait fuir plus haut, car au-dessus d’elle se trouvait la coupole centrale, recouverte d’épais carreaux de verre-de-wyrm transparent, qui laissaient voir l’espace et les astres. Alors qu’elle cherchait un moyen de s’échapper encore, Elshyn l’avait saisie par la taille, et attirée à lui.

Eren s’était débattue, lui frappant la poitrine et pleurant de rage. Comme sa sœur Angraema avant elle, elle avait réussi à pleurer. Il ne faisait aucun doute que c’était le contact d’une humaine comme Rika (et l’éducation reçue d’elle) qui le leur permettait, mais cela restait un exploit pour un ædhel.

Elshyn avait passé sa main gantée sur la joue d’Eren.

— Les larmes de Narda, avait-il dit en essuyant celle qui coulait au coin de son œil.

Et il s’était penché pour l’embrasser.

Eren avait abandonné la lutte. Elle s’était également laissée faire lorsqu’il avait arraché le rideau de soie rose pâle qui habillait les petites colonnes de l’alcôve et l’avait jeté par terre pour l’y coucher dessus. C’était la première fois qu’un mâle prenait l’initiative avec elle. Et, étrangement, cela ne lui sembla pas si désagréable.

Elshyn avait eu le dessus sur elle. Du début, jusqu’à la fin. Mais lorsqu’il avait défait ses vêtements, elle n'avait pas protesté. Pire, elle lui avait ouvert les cuisses, consentante. L’insolent clown, assis sur les genoux, orteils plantés au sol comme à la guerre, l’avait laissée comme ça afin de se défaire de ses propres vêtements, prenant tout son temps, le sourire triomphant. Il s’était néanmoins débarrassé de son haut de costume noir et collant avec impatience, le jetant au-dessus de son épaule sans regarder où il tombait. Eren avait songé que, s’il tombait tout en bas, il faudrait alors qu’ils retournent à la salle séparément, en prenant soin de mettre un long intervalle entre les départs. Être soupçonnée d’accouplement avec un barde décadent et marginal, non merci !

Et pourtant, c’est toute chaude et gémissante qu’elle l’avait accueilli entre ses jambes. Elle l’avait entouré de ses bras et serré fort contre elle, alors qu’elle le haïssait. Elshyn l’avait mordue férocement, imprimant la marque de ses crocs sur sa peau. En réponse, Eren avait attrapé le toupet de cheveux blonds qu’il portait à l’arrière du crâne et tiré dessus, tentant du même coup de le retourner pour pouvoir reprendre l’ascendant. Mais le clown ne s’était pas laissé chevaucher. Il l’avait maintenue fermement au sol, sans lui laisser la possibilité de prendre la direction des opérations. Eren s’était dit que plus jamais elle ne se laisserait avoir, et pourtant, dès le lendemain, de retour sur le vaisseau filidh où elle était revenue docilement, elle s’était soumise au bon vouloir d’Elshyn. Pire : elle était venue le chercher. Et voilà où elle en était aujourd’hui. Elshyn prenait de plus en plus de place dans sa vie, menaçant même de révéler leur liaison – uniquement sexuelle, comme avait pris soin de préciser Eren, par manque de mâles disponibles – aux autres clowns. Une prise de choix de sa part, assurément, et de quoi se vanter. Pensez, une khari noire, ces femelles si rares, et qu’on disait si dominantes ! Mais pour Eren qui ne comprenait pas ce qui lui avait pris, il était hors de question de dire quoi que ce soit aux autres, y compris à sa sœur.

Après avoir enfilé son pyjama, Eren se leva pour ouvrir à Innafay. Patiente, la prophétesse attendait, une expression calme et un petit sourire tranquille sur son visage.

— Je suis venue te dire que la troupe quitte le vaisseau momentanément pour donner une cathbeanadh, lui apprit-elle. Exceptionnellement, vous serez seuls, Arda, toi et Roggbrudakh. Syandel a dit que tu serais responsable de ta sœur et du vaisseau. Et aussi, de nos petits, qui bien sûr restent à bord. Si, par les odes d’Amarrigan, il arrivait que nous ne revenions pas, tu peux prendre notre navire et partir. Mais il faudra alors que tu le banalises, et le fasses repeindre à tes couleurs. Tu pourras disposer de nos affaires, mais nos costumes, nos masques et nos armes devront être entassés dans le temple, aux pieds de l'Amadán. Un ollamh lié à notre troupe viendra te rendre visite par la suite pour en prendre possession, neutraliser le temple et amener nos enfants à une autre troupe. Si tu n’as pas suivi les instructions, il te tuera.

Eren déglutit.

— Mais… Où allez-vous, exactement ?

— Sur le champ de bataille, défendre nos frères et nos sœurs attaqués par l’ennemi Marcheur-de-Mort sur la colonie Taranis. Certaines familles ont momentanément quitté le Ráith Mebd pour s’installer sur cette planète et la terraformer ; or, hier, le hiérarque du navire a eu une vision, montrant ces familles ædhel massacrées par les Marcheurs-de-Mort. Il nous a transmis cette information et, cette nuit même, l’Amadán m’a envoyé une vision confirmant ce fait. C’est pourquoi nous y allons.

Sans voix, Eren recula, laissant la prophétesse des clowns repartir. C’était l’occasion ou jamais de s’enfuir. Toute la troupe, au grand complet, allait quitter le navire.

— Au fait, as-tu vu Elshyn ? ajouta Innafay. Je ne le trouve nulle part. Syandel l’a nommé Meneur de la Troupe d’Ombre pour la cathbeanadh d’aujourd’hui, car nous sommes rejoints par le Chemin Voilé de Lumière et celui du Crépuscule pour former un bataillon complet. Il faut qu’il se dépêche de les retrouver pour être informé du placement de la cathbeanadh : si c’est trop tard, qu’il sache juste que nous jouerons Le Sauvetage de Rhidhol, mais sans appui extérieur.

Eren fronça les sourcils, ne comprenant pas un strict mot de ce que venait de dire la prophétesse. Et pourquoi lui racontait-elle tout ça, à elle ?

— Si je le vois, je lui dirai, marmonna-t-elle. Mais je pense que tu le verras avant moi.

Innafay lui sourit, et tendit sa main aux doigts effilés pour lui caresser la joue.

— Merci, tu es gentille.

Et elle disparut dans le couloir.

Eren referma la porte en soupirant. Debout derrière le lit, Elshyn avait déjà revêtu son costume, agrémenté ça et là de (très) légères pièces d’armure. Eren fronça les sourcils : c’est avec ça qu’il allait au combat ?

— Vous feriez mieux d’abandonner ces costumes ridicules et de porter des armures dignes de ce nom, grogna-t-elle en le regardant boucler une grosse ceinture ornée d’un énorme rubis sur son ventre ferme.

Elshyn la regarda.

— Nos troupes sont renommées pour leur flamboyance et leur rapidité, lui répondit-il en souriant. C’est la marque de fabrique des filidhean. La guerre est un spectacle, et le théâtre des opérations, une scène. Il s’agit de bien représenter, au combat !

Eren soupira. La vanité des artistes la dépassait. Tout pour le paraître !

En silence, les bras croisés, elle le regarda passer un long manteau d’un noir glacé, doublé du motif en damier aux couleurs de leur troupe, sur ses épaules. Cet ersatz de shynawil, qui ne comportait même pas de capuche, ressemblait plus à un vêtement humain qu’ædhel.

— Ce costume te semble moins efficace qu’une armure de mauvaise qualité, murmura-t-il en surprenant son regard. Cependant, même s’il offre certes moins de protection, il est étudié pour la guerre. Cette combinaison et ce shynawil que je porte ont des propriétés de camouflage très avancées, qui me rendent quasiment invisible pendant les déplacements. Quant à cette ceinture que je viens de mettre, c’est une ceinture anti-gravité, qui me permet d’évoluer dans tout type de milieu avec la même agilité que sur la terre ferme. Le reste, d’accord, c’est pour le show… Mais il faut bien qu’il y en ait un peu, non ? Viens là.

Elshyn profita qu’elle se rapproche pour l’attirer à lui. Et, l’ayant attrapé par la taille, il afficha un sourire féroce.

— Regarde-moi mener la danse, aujourd’hui. Ce sera un beau spectacle.

Lorsque ses doigts glissèrent le long de sa gorge, lui soulevant la mâchoire pour l’embrasser, Eren émit un petit son frustré, presque un glapissement. Ce clown la rendait folle. Il allait lui manquer, quelque part !

Elshyn rabattit son masque, et ce fut l'Amadán, avec son sourire jusqu’aux oreilles, ses yeux cruels, ses grandes oreilles pointues et ses crocs démesurés, qui la regarda. Bizarrement, Eren le trouvait moins laid qu’au début, preuve qu’on s’habitue à tout. Innafay lui avait expliqué que les masques de l'Amadán portés par les ollamh symbolisaient le rire désespéré, sardonique, que lançait le seul dieu survivant de la sældarë à l’abominable face de la déchéance et de l’exil qui touchait ses enfants, les ædhil. En dépit de leur aura sinistre et de leur terrible efficacité au combat, les filidhean, en réalité, se vouaient à un but suprême : celui du rétablissement de la paix, et du bonheur de leur peuple.

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