Au bout du cordon
[Réponse au défi : Place à la rêverie]
M'y revoilà, encore.
Je suis de nouveau allongée au bloc opératoire, un calot sur la tête, une perfusion qui diffuse dans le bras droit et une absence complète de sensation dans le bas du corps.
On n'avait pas prévu ça !
Ce matin encore, tout se déroulait normalement, on avait le temps.
Mais me voilà, avec une rachi-anesthésie qui a bien soulagé les contractions, mais qui m'empêche de savoir ce qu'il se passe.
Pas dans la bonne position pour arriver naturellement, mise en danger par son cordon trop court qui tire sur la placenta nourricier, il faut la tirer de là, et vite !
C'est censé pleurer un nouveau-né, non ? Même pendant une césarienne en urgence ?
Oubliant l'équipe médicale autour de moi, je cherche frénétiquement ma fille des yeux.
Je ne peux absolument pas bouger et je suis terriblement seule.
Une infirmière emporte une forme inerte dans ses mains, vers la salle adjacente.
En une seconde, je me suis téléportée dans cette fameuse salle, à côté du bloc, où se tient aussi mon mari.
Dans une couveuse, branchée de toute part, une petite forme humaine, bleutée et hypotonique, se tient sur le ventre.
Elle n'a pas l'air vaillante...
Mais elle est vivante !
Respire ma fille !
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