Tu te laisses piéger

Par des souvenirs truqués

Par des soupirs simulés

Tu te laisses piéger

Par des haines inavouées

Par des jeunes filles rouées

Tu te laisses piéger

Par ta vie palimpseste

Par l’ennui manifeste

Tu te laisses piéger

Par de crapuleuses siestes

Par des propos indigestes

Tu te laisses piéger

Par la pure hypocrisie

Par l’impure amnésie

Tu te laisses piéger

Par la douceur du printemps

Par la fuite du temps

Tu te laisses piéger

Par des matins brumeux

Par des sapins mielleux

Tu te laisses piéger

Par la promotion de l’ignorance

Par la tentation de l’errance

Tu te laisses piéger

Par les visions de l’ermite

Par la philosophie dynamite

Tu te laisses piéger

Par les angles morts

Par d’inutiles remords

Tu te laisses piéger

Par les honneurs de la guerre

Par des soupçons d’adultère

Tu te laisses piéger

Par des trous dans la cuirasse

Par la vertu qui te lasse

Tu te laisses piéger

Par la fée Mélusine

Par une jolie libertine

Tu te laisses piéger

Par moult mots rares

Par un silence de la fanfare

Tu te laisses piéger

Par des combats dans la soue

Par des blagues à deux sous

Tu te laisses piéger

Par l’habileté du décier

Par un trop joli fessier

Tu te laisses piéger

Par les songes de la bouverie

Par tes compagnons de beuverie

Tu te laisses piéger

Par des arbres sempervirents

Par les bardes attirants

Tu te laisses piéger

Par la fausse commisération

Par une divine apparition

Tu te laisses piéger

Par des choix politiques émétiques

Par des colimaçons stratégiques

Tu te laisses piéger

Par un vieil amour besaigre

Par les chantages de la pègre

Tu te laisses piéger

Par une générosité gavache

Par une barbe et des moustagaches

Tu te laisses piéger

Par une ascendance taphopile

Par une décadence teratophile

Tu te laisses piéger

Par des rimes qui chantent

Par ma procrastination indolente

Tu te laisses piéger

Tu te laisses piéger

Tu te laisses piéger