L’écriture
J'écris pour voyager, j'écris pour rêver. Un stylo, une feuille et je me retrouve à l'accueil de la foire de l'imaginaire. Ici, pas de barrières. Les baleines ont des ailes, les aigles vivent sous l'eau. Les univers s'emmêlent, Raiponce rencontre Némo. Mon stylo s'emballe et mes mondes valent ce qui valent. Parfois il y fait beau, parfois il y pleut. Parfois j'y suis oiseau, parfois j'y suis dieu. Ça dépend de mon humeur, ça dépend de l'heure.
Grâce à ces mondes, grâce à l'écrit, je confie ma vie, partage mes secondes.
Y'a un lieu, dans l'un des univers, où je peux pour défouler ma colère, dire tout ce que j'ai sur le cœur. Écrire ma rancoeur, l'annule généralement. Bien entendu pas totalement, mais assez pour passer à autre chose, voir la vie avec plus de rose.
Quand contre quelqu'un je suis en colère, je lui écris une lettre. Le destinataire, je dois bien l'admettre, ne la reçoit jamais. Vaut peut-être mieux en vrai. Elles ne sont pas très tendres. Elles disent mes vérités, pas facile à entendre. Elles ne sont pas très colorées. Plutôt couleur cendre. Généralement la colère retombe avant la fin de leur écriture. El lors de la relecture, les bras m'en tombent. J'ai écrit ça moi ? J'avais ça en moi ? Beaucoup de mépris. Peu de merci. Des choses parfois, que je ne pensais même pas. De toutes mes lettres la principale destinataire est celle qui m'a faite, ma mère. Des dizaines de mots lui sont adressés. Pas les plus beaux. Pas les plus pensés.
J'ai écrit une lettre, pas encore envoyée, objectif de l'année, à Ben Mazué. Un chanteur dompteur de mots et une voix les rendant encore plus beaux. Ses phrases glissent sur la peau, provoquant des frissons, de froid et de chaud et d'admiration. Résumer tout ça, en un seul mot, donnerai celui-là : bravo.
Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos mots. Ils se ressemblent au fond, tous deux doux comme des agneaux.
Des fois quand j'écris, quand j'ai de l'inspi, les mots viennent tout seul, dans une course effrénée, s'alignant sur la feuille, sans jamais s'arrêter. Et quand c'est terminé, je suis essoufflée. Mais fière. Et légère.
A l’inverse parfois, aucune inspi ne vient. Mes idées se resument à rien. Cette feuille blanche pour moi, c’est le pire des cauchemars. ça aspire ma bonne humeur, toute envie de sourire, et me laisse sans espoir de réussir à écrire, à noircir cette feuille immaculée qui semblait condamnée.
C'est quand même fantastique, voire même un peu magique, ce que de simples mots peuvent créer de beau. Ce que de simples mots peuvent détruire aussitôt. Entre mot et maux, y'a pas grand chose. Juste les lettres qui les composent. Avec eux on peut construire, mais également détruire. Ce sont des outils comme des armes, pères de sourires comme de larmes.
Moi j'en choisi un, pour clore cette rédaction. Un mot beau et serein et surtout un mot bon. Adressé à l’écriture et aussi aux mots. Mais surtout bien sûr, à ceux qui les rendent si beaux.
Merci.
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