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Pierrick écrase méticuleusement sa cigarette sur le trottoir du quai et il glisse son mégot dans sa poche. Il remonte dans le train et s'asseoit avec lassitude à sa place. Il lui reste à peu près une heure de trajet avant d'arriver à Brest pour sa correspondance.
Il sort un papier et un crayon pour y apposer quelques mots, quelques mots qui pour lui sont libérateurs, il y joint une To Do List des choses à faire avant de quitter cette civilisation. Dans les premiers points apparaissent un tiret pour chaque réseau social pour s'en désinscrire. Puis les tirets qui suivent concernent la résiliation de ces plateformes de streaming sur lesquelles il allait tout les 36 du mois. Les derniers tirets concernent la suppression de ces boites de messagerie avec noté entre parenthèse "quand la validation des résiliations aura été faite et que je serais sûr de ne plus être prélevé". Voilà les uniques objectifs à moyen et long terme qu'il se donne.
- Dernière ligne droite, le temps n'a plus d'importance -
Pierrick est arrivé en gare, il a pris une chambre d'hôtel pour ce soir mais en attendant de pouvoir y récupérer les clés, il se dit qu'il devrait profiter de ces derniers instants dans la fourmilière qu'il a toujours tant détesté. Ces gens qui se bousculent, qui ne regardent que leurs pieds comme si le reste du monde était inexistant. Il s'aventura tout de même dans une librairie qui lui sembla pour le coup moins peuplée que les autres magasins environnants. Il y acheta le plus beau papier qu'il y trouva, le plus beau stylo qu'il vit et repartit avec ces amplettes d'un prix exorbitant. Cela n'avait plus d'importance.
Il parcourut la même rue en sens inverse pour se rapprocher de son hôtel et il s'assit dans la première brasserie qu'il vit. Il commanda le plat qui lui fit le plus envie et lorsqu'il eut fini, il sortit de ses affaires le papier et le stylo qu'il avait acheté un peu plus tôt. Il ne s'arrêta pas d'écrire excepté pour boire les multiples expresso qu'il commandait au fur à mesure que le précédent se terminait.
Lorsqu'il leva la tête, il vit que la tombée de la nuit se faisait proche. Il posa sa plume un instant, un instant où dans une grande respiration, il prit le courage nécessaire pour écrire "Lettre d'adieu"
Il régla ses consommations, il se rendit à son hôtel et se coucha presque immédiatement. Son bateau partait demain à 8h20. Et dans un sommeil serein, il s'endormit jusqu'au lendemain.
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