Comme autrefois

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Je m'effondrai sur mon lit et m'endormis rapidement. Une vague de fatigue m'avait envahit. J'eus à peine le temps de plonger dans le sommeil qu'une trombe d'eau tomba sur ma tête.

Je bondis hors du lit. Enguerrand détala en riant de sa farce. Je jetai un regard sur le réveil. 10h00.

e me décidai enfin à me changer et sortis pour manger un morceau. Je déglutis. Papa m'attendais, furieux.

J'avais beau avoir vingt-deux ans, j'étais toujours pour mes parents qu'un adolescent et je redoutai leurs colères.

Mais au fond, je comprenais mon père. Il était juste inquiet pour son fils. Tout en m'asseyant à table, je lançai un timide bonjour et cherchais un peu partout ma mère du regard. Elle seule aurait pu prendre ma défense.

- C'est tout, tu n'as rien d'autre à dire à ton père qui a veillé jusqu'à cinq heures pour toi ?!

- Écoute papa, je suis désolé... J'ai retrouvé une vieille connaissance et nous avons parlé jusque très tard en nous baladant et je me suis perdu sur le chemin du retour... Je ne suis rentré qu'à l'aube.

- Et écrire un message à tes parents t'aurait écorcher les doigts ?

- Papa, mon téléphone était ici ! Et puis à 22 ans, je peux passer une nuit en dehors de la maison ! C'est bon, tu me connais, je n'ai pas fait de bêtises... Pas de mauvaises rencontres... Le moment est mal choisi je sais mais il faut que je vous parle à maman et toi;, où est elle ?

Comme par enchantement, maman parut. Malheureusement avec la voisine. Alors que je m'éloignais vite mon père me rejoignit aussi rapidement.

- On peut se balader tous les deux aussi ? Je vois bien que tu ne peux pas voir cette mamie envahissante et bien... moi non plus.

On rit ensemble nerveusement avant de battre en retraite. Mon père fut le premier à rompre le silence.

- Écoute Eric, je sais qu'à vingt-deux ans, je n'ai plus de leçon à te donner sur l'heure à laquelle tu rentres. Mais cela fait trois ans qu'on ne t'avait pas vu. Et pour moi, si j'ai vu tes frères et ta sœur grandir, toi en revanche, tu restais pour moi l'adolescent de dix-neuf ans qui ne connaissait rien du monde. Voilà, c'est tout ce que je voulais te dire...

- Merci papa. Je m'excuse aussi.

- Voilà ça de fait ! Je ne veux pas te presser mais tu semblais excité tout à l'heure et extrêmement pressé de nous dire quelque chose...

- Oui, mais j'aimerais que maman soit là. Ce qu'elle peut m'agacer à toujours accueillir la voisine ! Maman ferait mieux de l'envoyer balader...

- Un point commun avec mon fils, ouf ! Moi qui pensait que tu n'avais hérité que du caractère de ta mère... Et je soulignerai un second point commun : l'air légèrement idiot et rêveur après avoir rencontré notre future femme.

J'accusai le coup. Je ne savais pas papa si perspicace. Ma tête dut ressembler à un merlant frit car il s'esclaffa de nouveau dans son rire sonore si caractéristique.

- Eric, un conseil : va te regarder dans un miroir, ça vaut le coup d'œil.

Enguerrand arriva au moment où je me jetais sur papa. Il se joignit au combat avec son cri de guerre favori.

" BATAILLE GÉNÉRALE !!"

Paul répondit au cri d'alerte et à trois, comme autrefois, nous réussissions à faire prisonnier le shérif de Nothing Gulch.

Comme autrefois, nous l'attachâmes à un poteau.

Et nous allumâmes un feu près de lui.

Comme autrefois, Enguerrand piqua la trousse à maquillage de maman pour grimer les peintures de guerre des indiens en colère.

Comme autrefois, les guerriers dansèrent autour du prisonnier, au son des tam-tam et des hurlements des féroces peaux rouges.

Comme autrefois, maman vint à la rescousse de papa et implora, contre des M&M's, sa liberté.

Et comme autrefois, le chocolat eut raison de notre courroux.

Et aucun de nous ne put expliquer à la cheffe Squaw pourquoi nous avions fait prisonnier le shérif.

Comme autrefois, papa fit semblant d'être furieux et envoya Enguerrand dans la piscine.

Seulement, contrairement à autrefois, la piscine était publique et le maître nageur du camping rappela à papa qu'il était interdit de nager tout habillé dans une piscine publique.

Mais comme autrefois, nous rigolâmes beaucoup.

Et moi j'étais heureux. Pour sauver le shérif, maman avait lâché la voisine.

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