La plume court, court...

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Mes lèvres s'attardaient en un doux baiser sur le papier noirçi qui partirait pour la France le lendemain, tel l'offrande de mon amour à ma bien-aimée. Je la relus une dernière fois, avant de la glisser dans l'enveloppe.

" Reine de mon coeur,

Que ne savez-vous donc faire ? Vos biscuits ont ravi nos papilles et mon ami le professeur en est tombé amoureux malgré le courroux de sa femme, peinée d'être ainsi laissée pour des biscuits, aussi merveilleux soient-ils !

Votre visage me hante, Blanche, il me tarde d'être à nouveau près de vous, de caresser vos cheveux et d'admirez la danse de vos doigts qui font des miracles avec une simple aiguille. L'absence de votre voix provoque un grand gouffre dans mon âme languissante... Je vous aime...

Mon stage dans un clinique de Manhattan se passe bien, malgré le fait qu'hélas ! je ne puis revêtir une coiffe d'indien pour galoper avec les apaches... Un seul geste de vous pourrait transformer cette ville en plaine du far-west et moi en chef indien... Ah Blanche ! Vous avez toujours eu une imagination débordante ; je me souviens encore de la pièce de théâtre que vous aviez montée l'année de nos quinze ans... Me voilà enfermer dans une immense ville, bien triste, puisque le soleil de votre sourire n'y est point.

Le professeur travaille à la guérison de votre père avec une ardeur que je ne lui avais jamais vu. Il s'est attaqué aux vertèbres avec délicatesse et fermeté; votre admirable père surmonte l'atroce douleur grâce au portrait de feue votre mère qu'il regarde après chaque scéance. Vous êtes le portrait de votre maman, Blanche, vous avez héritez de tous ses traits, sauf vos yeux que je retrouve dès que je regarde votre père. Monsieur Alexandre a pu rester debout seul, hier, pendant plusieurs minutes. Nous avons sorti le champagne et bu à sa santé ! Ah Blanche, mon aimée ! Nous y arriverons !

Mon coeur s'est enflammé à la nouvelle de vos retrouvailles fraternelles ! Ma douce, c'est merveilleux ! Aucun mot ne peut retranscrire la joie que je ressentis à l'annonce de cette nouvelle !

Je compte les jours qui me rapproche de vous. Cela n'empêche guère ma tête de travailler avec acharnement pour l'obtention du diplôme si souhaité ! Il faudra que, revenu en France, je trouve un lieu pour exercer; vous savez que je désire m'établir à mon compte puisque la méthode du professeur, aussi brillante soit-elle, peine à être acceptée dans nos institutions... Je n'entrerai pas dans le débat qu'il peut y avoir sur l'efficacité de notre santé publique mais vous savez mon avis dessus... Auriez-vous la bonté, ma reine, de vous renseignez sur les locaux à vendre dans votre région qui pourraient accueillir un jeune ostéopathe ?

J'espère que les fleurs commandés pour vous sont arrivées sans encombre; elles n'ont pas eu à traverser l'Atlantique, mais parfois les mains des livreurs peuvent être plus mortelles pour ces choses délicates qu'une tempête maritime...

Je vous aime, Blanche, à la folie. Mon coeur brûle et seule votre présence pourrait soulager ce brasier douloureux.

Je me réjouis de savoir que le sourire de mon frère vous ait convaincu de partir à l'assaut de la capitale. Elle est splendide, certes, mais soyez prudente, mon aimée, car elle peut être dangereuse. J'ai ordonné à Paul de ne pas vous lâcher une seconde et espère que vous ne lui fausserez pas compagnie malgré votre talent en la matière... Je dois bien avouer la jalousie de mon coeur à vous savoir dans la ville des amoureux sans moi... Que l'amour peut être capricieux !

Malgré tout, Paul a bien raison de vous prendre comme modèle pour ses photos; qui d'autre que vous aurait pu apporter autant de grâce, de beauté et de charme à ses compositions ? Mes improvisations au piano sont toutes aussi inspirées par vous, même si elles le sont plus par votre absence...

Que le baiser que je dépose ici traverse l'océan avec cette missive pour se déposer sur votre délicate joue...

Avec tout mon amour,

Eric "

Je refermai l'enveloppe et parti la déposer sur le guéridon de l'entrée, pour pouvoir la poster dès l'aube. Malgré mon envie de dormir, je regagnai mon bureau où une montagne de travail m'attendait encore. Je voulais gagner mon diplôme avec la sueur et le sang, comme disait le professeur, et pour cela, mes nuits devenaient mes heures de travaux théoriques car mes journées étaient déjà prise par les travaux pratiques.

Je posai délicatement la photo de Blanche en face de moi et repris mon crayon, déterminé.

Blanche, ma Blanche...

Tu veilles sur mes nuits... blanches

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