Léo, Léo...

Léo.

Le silence, seul. Le parking, désert. La nuit, glaciale. Les quelques lampadaires éclairent le vide d'un centre commercial inanimé.

La voiture, elle aussi, plongée dans l'obscurité et le néant. Ses yeux sont fixes.

Léo.

Où es-tu ?

Léo. Léo. Léo.

Son nom tambourine dans sa poitrine.

Pourquoi.

Si près, si près du but... Pourquoi.

Ses mains se crispent sur le volant. Pourquoi.

Putain qu'est-ce que je fous là. Putain qu'est-ce que je fous là, en pleine nuit.

Elle l'a rêvé. Il aurait dû être là, à l'attendre. Il aurait dû. Où est sa voiture ?

Le néant.

Où est-il ? Bien au chaud, quelque part où elle ne sera jamais.

Et où suis-je, moi ?

Léo !

Où sont tes mains, où est ton regard pénétrant ? Où sont tes mots ? Où sont tes messages, où sont nos appels volés ?

Où est passée ma putain de vie ?! OU, PUTAIN DE MERDE.

Elle a été trop conne. Elle a tout cru, encore. Tout. Elle l'a rêvé, désiré, caressé du bout de sa cervelle irradiée d'illusions. Et elle s'est jetée dans le vide, abandonnant tout filet de sécurité.

Méfie-toi. Quelqu'un qui fait ça une fois, il le répètera. Il n'est pas bon pour toi. Il te détruira.

Je te détruirai. Je suis toxique pour toi. Il m'en faut plus, tu comprends ? Tu n'es pas assez solide. Tu ne me tiendras pas assez tête. Je te détruirai. Je ne suis pas stable. Pas stable. Pas stable. Pas stable...

Les mots hurlent en boucle dans la mémoire. Pas stable.

C'est juste une histoire banale. De celles qu'on voit partout, de celles qu'on lit sur toutes les lèvres. Celles qui scellent des lignées familiales, qui renvoient au secret de la tombe les frasques d'un amour, d'une liaison interdite.

De sentiments tenus dans l'ombre, bien au chaud dans une mémoire inquiète. Soucieuse des conventions, du qu'en dira-t-on, d'une pression sociétale, générationnelle. Ou du poids d'une épouse qu'on doit tenir écartée des affres de son mari, pour son bien, pour celui de ses enfants. De leurs tourments naissent parfois des rejetons, uniques vestiges et preuves d'un fruit défendu consommé, qui devront traîner toute une vie le boulet d'une danse de l'ombre, de quelques moments passionnés volés à un quotidien enfermant.

Ou de quelques heures passées à l'arrière d'une voiture, sur un parking désert.

Léo.

Les larmes inondent ses joues. Pourtant, plus rien ne résonne à l'intérieur. La douleur, indicible, a franchi le cap de l'insensibilité.

La nuit. Le silence. Le vide.

Léo.

LEO !

La colère. Les poings sur le volant. Les cris. Enfoiré, enfoiré, ENFOIRE !

Je t'aimais, putain.

Je t'aimais.

Mais c'est juste... Une histoire banale.

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