Dring, dring
La sonnerie du téléphone me tire de ma torpeur.

« Monsieur Antoine Daudin ? »
« Oui »
...
Et c’est ainsi que je reçus la consigne de la compagnie d’assurance Groupama de prendre en charge un couple à la station de sports d’hiver de Tignes pour le ramener, avec son véhicule, chez lui à Brest.
Belle virée en perspective !

Le mari s’est fait une entorse et la femme n’a pas le permis de conduire.

Pas le permis de conduire à notre époque !

Enfin, je ne vais pas m’en plaindre. Ça me donne du boulot.

Peut-être même qu’elle est blonde ! Ce n’est pas une pensée très futée mais elle me fait sourire.

Pour financer mes études, j’ai trouvé ce moyen. Je fais de l’assistance au profit des compagnies d’assurance.
Je n’ai pas d’horaires fixes, je peux refuser une intervention en cas de surcroît de travail, notamment à l’approche des partiels. Cela me donne une liberté que j’apprécie.

Et je rencontre ainsi des gens très différents tout en visitant gratuitement la France. La visite est quand même très superficielle.

La plupart des personnes qui font appel au service de l’assistance m’accueillent avec gratitude.

Je ne suis pas Schumacher, mais plutôt un Saint-Bernard de la route.
Sans le tonnelet... quoique !

Il m’arrive parfois de tomber sur des cons. Et la connerie n’a pas de sexe !

Le taxi me laisse ce samedi matin devant la résidence Maeva de Tignes avec plus d’une heure de retard !
Quelle idée aussi de rentrer chez soi un samedi de chassé-croisé, comme ils disent à la télé !
La circulation est difficile dans la vallée !

Le voyage jusqu’à Brest risque d’être long. J’espère qu’ils ont de la conversation les Brault !

Il est 10h30 alors qu’ils m’attendaient vers 9 h. Il va falloir que je sois aimable !! Très aimable.

Appartement numéro 322.

Je sonne.
Une femme brune m’ouvre et je suppose que c’est la cliente.
J’arbore mon plus beau sourire. Le plus beau du Dauphiné. Celui qui fait fondre les glaçons.

« Bonjour Madame Brault, Je suis Antoine, votre chauffeur » dis-je gaiement.

« Enfin ! On a failli vous attendre ! »

Ca commence bien.
Elle pourrait au moins dire bonjour la greluche !

« Excusez-moi. Il y a beaucoup de circulation aujourd’hui »
« Il fallait s’en douter. Vous auriez dû prévoir »

Ca commence vraiment trop bien ! Je parie qu’elle est prof, la pouffiasse.
Mon sourire fait fondre des glaçons mais pas un glacier !!

Elle me précède à l’intérieur de l’appartement.

Pourtant, dans sa robe-pull grise, ses collants noirs en laine et ses bottes, elle est plutôt mignonette.
Moulée ainsi, elle a une belle silhouette et surtout un beau cul sur lequel je m’attarde un peu.

Lui au moins est souriant.
Dans le salon, c’est le mari qui m’accueille en appui sur des béquilles. Jean et pull, il est habillé décontracté.
« Bonjour M. Brault »

« Bonjour Cerise » lance-t-il.

J’y ai droit une fois sur deux à celle-là !

Groupama me paye pour le service et donc apprécier les plaisanteries des clients en fait partie.
Donc je ris.

Il doit être du genre à appeler Adriana tous les quêteurs de la croix rouge.

Il a l’air tellement content de sa plaisanterie, qu’il en remet une couche.
« Vous n’avez pas mis votre robe blanche à pois verts ? »

A sa naissance sa mère a du oublier de prendre les options !
Ou il prend des cours ?

S’il m’appelle Schumi, je le fais cocu avant d’arriver à Brest.

« Nous avons eu le temps de charger la voiture en vous attendant. Nous allons pouvoir y aller sans perdre de temps » Madame Brault reprend la direction des opérations.

Et Monsieur Brault acquiesce « Allez, en route Schumi » Ben voyons...