Comment te dire ?
Comment t'avouer que depuis ton arrivée sur Scribay, je me sens limitée. Idiot, n'est-ce pas ? Probable. Sept mois de jardin secret. Puis, un jour, j'ai ouvert ma carapace et me suis emballée :
oui maman, j'écris.
Bienveillante, fière, te voilà possédée d'une envie : me lire. Fille aimante et ne désirant que ton bonheur, j'offre alors cette si belle parenthèse de ma vie après quelques insistances. Qu'est-ce que je risque au juste ? Ne suis-je pas de plus en plus fière de mes écrits ? Bien sûr. N'ai-je pas envie de dévoiler mon loisir à vous, mon entourage ? Je le croyais. Seulement, je me suis trompée. Comment l'avoir réalisé ? Simple.
Un texte. Une possible participation à un concours et une volonté de ta part, m'aider, m'accompagner dans toute ta bienveillance et ta fierté de maman. Mais ici, maman, ici, j'ai envie d'avancer seule. Pas prête encore à révéler toutes les failles parfois si bien dissimulées dans mes écrits. Pourtant, j'avais pensé être claire :
non maman, merci mais ce texte restera en l'état. J'en suis fière et je ne veux pas qu'on le travaille ensemble.
Peut-être est-ce de ma faute, peut-être n'étais-je pas suffisamment déterminée. Ici maman, ici, j'ai envie de tout écrire. Puis-je le faire ? Me jugeras-tu ? Jamais et je le sais, mais maman, oh maman, moi en revanche je ne suis pas prête à autant me dévoiler. Un jour peut-être. Dans une semaine, dans un mois, jamais ? Je ne sais pas. Mais sache maman qu'au moment où je souhaiterais avancer à tes côtés, je glisserais mes doigts dans les tiens et tu sauras. Tu sauras que je suis prête à tout offrir au plus précieux des soutiens. Toi, maman. Vous tous. Mais là, je réalise que je ne suis pas encore prête. Votre regard est si riche, votre amour est si puissant, mais je veux que ce talent m'appartienne à moi et moi seule, le plus longtemps possible. Unique contrôle ? Moi.
Alors maman, s'il te plaît, accepte de lâcher-prise. Accepte de ne pas contrôler pour une fois. Te supplier ? Non. T'implorer ? Non plus. En appeler à ta bienveillance et à ta fierté de maman. Oui, ta fille écrit. Bien sûr que sa plume est la meilleure, puisque c'est celle de ta fille, mais ici, désormais, je ne peux plus tout écrire. Alors comment faire ? Quel stratagème trouver pour ne pas te vexer ? Car non maman, je ne supporterais pas de te blesser, je veux seulement vivre ma passion et coucher sur le clavier mes craintes, mes angoisses, mes démons et mes failles sans me sentir oppresser par des annotations que je sais bienveillantes. Une idée. Une simple idée. Un autre compte. Une autre riGoLaune.
Golrine.
Tout recommencer. Ici, mon souhait ? Etre seule, seule avec des inconnus aux plumes toutes plus douées les unes que les autres. Plumes invisibles qui lisent sans analyse inconsciente. Et si tu lis maman, saches que je t'aime. Je ne le dis jamais, je ne l'écris que trop rarement, tu le sais, une pudeur familiale. Un héritage de papa ? Très probable. Mais ici maman, avec tout ce que je place ça et là au gré de mes oeuvres, cette pudeur est exacerbée. Il me faut un exutoire, un moyen de tout libérer, de vider et d'analyser aussi. Aurais-je un jour le courage de te faire lire ce texte ? Je ne pense pas. La raison ? J'ai si peur maman, si peur de t'offenser, parce que je t'aime si fort maman, si fort.
Annotations
Versions