Morte-saison
Ah, ces clichés qui tombent comm' feuilles d'automne,
Mon coeur gagné par une langueur monotone...
Tous ces ors vifs, ces mordorés, ces flamboyances,
Quand je ne rêv' que d'une verte renaissance...
Ce soir la sève coule de mon stylo-plume
Comme l'or en fusion naît de l'astre posthume.
Comment, Bel Automne, décrire tes beautés,
Sans dire aucun des synonymes de doré ?
Avec des images, si j'ai un peu de chance...
Et pourtant non, jamais mon coeur ne s'en balance
Des mots feutrés qui disent la magnificence
D'une riche forêt aux mille et une essences...
Sitôt que ma main te frôle, mélèze d'or,
Féconde pluie auréoline fais éclore.
L'allégorie du vieillard Automne en guenilles,
Comme le tronc courbé d'un arbre sans aiguilles...
Chevelure et barbe blêmissantes des brumes,
Ses mains ridées réchauffées au poêle qui fume...
Il est sûr que rien ne se meurt, mais tout s'endort,
La rouille du temps dans les rouages du corps...
Nos quatre saisons coulent à toute vitesse ;
Adieu l'allégresse, bien l'bonjour la vieillesse...
De l'artiste Automne, tout porte l'estampille,
Même les belles journées se recroquevillent...
Le meilleur et le pire au coeur d'une saison :
Myrtilles, framboises, chant'relles à foison,
Le brame du cerf, mais le drame de la chasse.
Des coups de feu perdus au cul, grand bien leur fasse ;
Sélection naturell', autorégulation,
Pour moi seraient bonheur, pure délectation.
Gibets de chasseurs en lieu et plac' de gibiers ;
Dans leurs mortes mains, plus de fusils, des paniers.
Des rousseurs de la saison, c'est bien toi le Prince...
Espiègle Automn' personnifié, pour toi j'en pince !
Tu gnaques Microtus d'un seul coup de ganache,
Je fonds pour la molle épaisseur de ton panache ;
Ton ardeur, tes yeux malicieux, je le confesse,
Je les vénère, rebelle Vulpes Vulpes !
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