La grande louve noire.
Je suis une femme des plus indépendants, seule et à la rue.
Souvent on me fuit, les hommes semblent me craindre alors que je suis plus petite. Je n’ai jamais eu de chance de toute manière avec ces derniers. Apparemment ma gueule ne leur revient pas.
Il y'en avait bien avec qui j’étais proche, mais il n’est jamais revenu, me laissant toute seule. C’était il y a longtemps, depuis, il s’en est écoulé de l’eau sous les ponts. Depuis cherche un autre compagnon, quelqu’un qui pourrait me rendre le même amour. Même si mon cœur doit encore en souffrir.
De ce que je vois, il y en a beaucoup d’autres qui sont eux aussi abandonnés comme moi, ils fouillent les poubelles à la recherche de nourritures, d’autre vont a des sortes de regroupement ou ont en distribue. Certains ont la générosité de m’en donner voyant que je n’ose pas m’approcher. La timidité a ça de bon, on vous prend pour une chose fragile, les hommes sont parfois un peu trop sensibles et oublie que je pourrais les tuer pour leur nourriture.
J’ai de très bonnes raisons d’ailleurs, ils sont violents. Dans cette ville où je traine la nuit, il y a des bruits assourdissants de plus en plus souvent. Ils se frappent les uns et les autres ; ils brulent tout ce qui est autour d’eux, embaumant l’air d’odeur irritante et bien d’autre chose tout aussi agaçante.
Ils ont un tel manque d'éducation qu'ils ne savent plus qu'être agressive, c'est en tout cas ce que je pense. En plus, je me pose sérieusement la question quant à leur capacité d'utiliser leur langue pour communiquer.
De toute manière, je ne les ai jamais vraiment compris, ma conclusion, les hommes sont fous.
J’ai un instinct qui est développé, il me dit très souvent ; ne t’approche pas d’eux.
Depuis peu, il me dit qu’il y a quelque chose d’anormal avec les ombres, quelque chose de différent, un monstre qui rôde, j’ai senti son odeur à mainte reprise. Souvent accompagnée du sang d’autres hommes.
Il chasse pour simplement tuer, c’est ce que me dit mon instinct et mon odorat. La colère, non, la rage l’anime.
Parfois elle passe près de moi à une vitesse inhabituelle. Elle ne me remarque même pas ce qui est normalement le contraire, vu le soi-disant danger que je représente.
Cela me rassure quelque part, car si elle n’en avait après moi je serai morte.
Cette nuit est des plus noires, isolée, je la vois, frappant un homme beaucoup plus grand qu’elle, le tenant d’une main et lui hurlant dessus. C’est un être des plus monstrueux, se fondant dans la nuit avec des yeux qui ne sont ni ceux d’un prédateur ni ceux d’une proie.
La chose tue l’homme hurlant de désespoir sous mes yeux. Il a pourtant une arme, l’odeur du sang envahit toute la rue et mes narines.
Elle se tourne vers moi. Je fuis par réflexe, je n’ai pas envie de mourir bêtement.
Lumière, bruit, percuté ; douleur. Je hais les véhicules ! Courir, je dois courir !
Je suis essoufflé, je m’écroule plus loin dans une ruelle. Mes côtes brisées me font trop mal et mon corps n’arrive même plus à se mouvoir. Je hais vraiment les véhicules, bruyants, dangereux.
Qu’importe maintenant, je suis agonisante, seule et abandonner.
Les ténèbres sont venues, j’entends leurs pats et leurs souffles glacials. Éclipsant toutes les lumières de la ville, elles m’entourent d’une étreinte froide jusqu’à m’engourdir. Je vais mourir.
À mon réveiller je suis entouré de lumière. Quelque chose me caresse ; une main noire ! J’essaie de bouger, mais je suis attaché!
- Tchhh… ma douce, calme-toi… Cette voix étrangement me réconforte. Peut-être ne me veut-elle aucun mal.
- voilà, calme-toi.
Je regarde d’où vient la voix, la chose est cachée dans l’ombre, noire de peau, et... iiiiih !!! Ce visage est d’une laideur, non ! Cette chose ne me veut pas du bien ! Détacher ! Je dois me détacher !
Ses dents horribles et noires ! Aucune bête n’a une gueule pareille ! Même les hommes ! Je ne veux même pas savoir ce que cette chose mange !
- Calme-toi, petite chienne. Regarde.
Son visage s’ouvre ! Ah… un humain. Sa peau devient pâle.
À l’odeur je la reconnais, c’est la chose qui se mouvait dans les ombres, elle est plus grande que je le penser. Une femme, comme moi, pour autant elle est la plus dangereuse des créatures que j’ai rencontrée. Elle sent le danger.
Je grogne, sa réaction est pour le moins surprenante.
- Mord mon bras, petite louve.
Ce que je fais, elle ne crie pas préférant esquisser ce qu’ils appellent un sourire
- Sauvage et puissante, comme toutes les chiennes-louves Saarloos.
Je mords plus fort.
- Es-tu calmé ?
Je lâche prise et elle me détache. Sans mal je me relève sur mes quatre pattes.
- Que tu es grande.
Elle me caresse sans la moindre crainte.
- Tu as l’air de ne plus souffrir, mes soins semblent fonctionner.
Il est vrai, je me sens mieux.
- Tu as tout l'air d'être un animal abandonné ; et si je te garde auprès de moi ?
Me garder ? Cette femme pourrait être la personne que je cherche.
Alors je reste avec elle.
Je M’habitue à ma meute composée d’elle, moi et d’étranges entités qui ont le parfum de l’orage et de l’acier.
Cette femme est pour le moins énigmatique, elle se nomme Miria. C’est une chef née et je lui obéis avec plaisir. Nous construisons une confiance réciproque, mes noms Lou ou ma grande louve en sont les preuves. Un lien si puissant que nous parlons avec une compréhension telle que je voie ce monde autrement.
Ce monde, qui nous a blessées, je le parcours avec elle. Avec ou sans nos autres visages.
Chaque jour, je me sens changer, à chaque instant passé avec elle je me sens aimée pour ce que je suis et ce que je deviens. Pour moi c’est l’essentiel, un sentiment partagé.
Je n’ai pas d’ambition, mais elle en a pour ce monde qu’elle montre avec enthousiasme. Il est beau, vif de millions de couleurs ; qui cependant est en grande détresse.
Elle m’a dit quelque chose d’important, tout aussi fondamental que l’amour du haut d’un mont, lors d’une balade nocturne, en observant le ciel avec ses nouvelles nuances arrivant dans mes yeux.
- Si le monde entier tel que l’on connait souffre, comment pouvons-nous alors être heureuses ?
Avec la parole qu’elle m’a donnée, je lui dis
- en n’en faisant plus partie.
Elle sourit
- et comment fait-on pour ne plus en faire partie ?
Je dis par instinct.
- En créant un nouveau.
-Ma grande Louve
dit-elle avec tendresse tout en me caressant le menton
- Toi et moi avons la même idée.
Elle m’embrasse le front
- un jour peut-être j’aurai la force de le faire.
- Avec moi à tes côtés tu n’auras aucun mal.
- Si seulement c’était si simple.
Je sais ce qu’il faut dire, car je sais ce qui lui manque
- c'est simple, fait le Miria. Pour moi, pour toi. Pour tous ceux que tu aimes.
- Il y’en a-t-ils tant que ça des gens que j’aime ? J’en déteste tellement, tu le sens bien pourtant.
Je souris, enfin j’essaie.
-Alors, aimes-en plus.
Elle m’entoure mon cou de ces bras. Un gros câlin comme je les aime.
- Tu sais exactement ce dont j’ai besoin, Lou. Merci, j’ai bien fait de te donner mon amitié.
Cette femme, cette amie qui m'est chère ne peut rester seule. C’est ce que dit mon instinct, cette solitude nous a réunis. Cette dernière amènera d’autres loups jusqu’à nous, miteux comme nous l’étions, nous les guiderons jusqu’à nous, jusqu’à notre rêve. Ils seront revêtus de nouvelle couleur, puis ils verront un Nouveau Monde naître.
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