La vraie force d’une femme .
Aujourd’hui est un jour de deuil, dans la rue dans une banlieue de Marseille. Mon grand frère est mort, à côté de lui, ceux qui lui vendent sa drogue, ils m’avaient kidnappée pour qu’il paie, mais il n’avait rien. D’une seule balle dans la poitrine ils l'abattent.
Assassin… meurtrier… sauvage…
Il n’aurait jamais dû venir à leur rendez-vous, mais mon frère m’aime tellement. Les racailles le savaient très bien, voilà pourquoi ils m'ont kidnappé. Ils me bandent les yeux et me mettent encore dans cette camionnette noire. Je suis certaine que je ne vais pas m'en sortir vivante. En respirant lentement pour apaiser mon âme je m'y prépare.
Durant le trajet j’entends un bruit brutal, l'air froid s'engouffre et ont m’attrape, je sens la pluie battante sur mon corps. On m’enlève mes liens puis le bandeau et ce que je vois me terrifie, je recule à la vue d'une femme à la peau plus noire que moi au sourire surnaturel. Ses jambes musclées ont des étincelles bleutées qui remontent jusqu'à sa gorge.
- Emma, cachez-vous dans les bois.
Ce que je fais derrière un arbre. Son corps scintille avec plus d'ardeur de ce bleu qui l’anime, ses cheveux de jais flottent et s’enflamment aux vents ; un Halo entoure le tout. Une des camionnettes revient en marche arrière, ses portes s’ouvrent en claquant et une arme lourde en sort crachant toutes ses munitions.
Mais elle ne craint rien, je le vois bien. Toutes les balles l’évitent sauf celle qu'elle saisit d’une main, elle la place entre ses bras, lévitant entre les deux membres. La munition est contenue par une force invisible, plus les bras s’approchent, plus les décharges électriques qui s'en émanent sont fortes. Quand ils la touchent, un rayon de lumière blanche aveuglante perce le camion ; au cri je dirais que l'un des hommes vient d'être touché.
Quant à la femme, ses bras écartés vaporisent toute l’humidité, la balle n'est plus là. Comme le Christ sur la croix, cet être aux pouvoirs incompréhensibles, attend les prochains coups.
Les autres arrivent, déjà sortis des camionnettes garées plus loin, se déplaçant en silence dans la forêt, mais leurs ombres et silhouettes trahies par la lune sont parfaitement visibles.
C’est alors qu’elle se penche, se met à quatre pattes comme un prédateur ; le goudron ne résiste pas à ses griffes, solidement ancrées ainsi que ses muscles tendus.
À la détonation, comme une coureuse, elle se propulse et d’une force insoupçonnée, elle arrache tout le bitume sous elle, la lumière bleue se fait intense et violente.
Dans sa course, elle laisse une brume tel un spectre dans son sillage et à l’arrivée, son bras s’enfonce sur le premier tireur à porter pour l’amener au sol, aussitôt elle repart pour fracasser un autre homme de son poing avec une vivacité hors norme. Les balles la ratent, le chaos qu’elle génère les faits sombrer dans un affolement de cris de désespoir et d’injures toujours coupées par leur corps qui éclatent à ses coups.
Ce n’est pas moi qui irais les plaindre.
Ils essaient de la toucher, mais il n’y a qu’elle qui les autorise. Sa main en décapite un homme d'un mouvement sec et sec ; dans le même temps avec l'autre serre, elle en fracasse un autre contre une camionnette sans retenue au point de l'exploser et de déformer la taule. Le véhicule dégât bien lourd est repoussé par cette force surhumaine en fauchant plusieurs hommes, laissant des sillons sanglants.
Cette bête dans ce torrent de violence et de sang n’épargne personne, aucune retenue dans les gestes d’une précision mortelle. C'est d'un simple coup de pied qu'elle encastre un autre dans un moteur comme piaf qui se mangerait le pare-chocs à pleine allure ; d’un coup de genou bien placé, une cible a le souffle coupé définitivement, il essaie péniblement de respirer et meurt asphyxié.
Cette sinistre femme ne peut pas être tuée, ils le comprennent à l’ instant en se regardant dans les yeux ; ils essaient de fuir dans la forêt, vers moi.
Mais elle est vive comme le vent et d’un saut d’au moins vingt mètres de longueur sans parler des cinq de haut, elle atterrit sur l’un d'entre eux, il est pris de convulsions jusqu’à ce que du pied elle enfonce son crâne et en profite pour repartir comme une balle sur une cible. Au passage elle en fend un en deux à la taille, le suivant elle le prend par la tête et à maintes reprises sans la moindre compassion, elle lui fait marteler le sol.
On me saisit à la gorge.
- Arrête ou je la tue !
Un seul homme, il m’a surprise ; couteau sous ma gorge, je sens de l’angoisse dans sa voix.
- Si tu ne nous laisses pas partir, je là tue !
Étrangement je sens que rien ne va m’arriver, il n’y a ni de la peur en moi ni l’envie de me débattre.
Quant à la femme elle nous observe de son regard perçant, ses cheveux continuent de flotter et briller, la serre qui tient fermement la proie redresse la tête et d’un rire sombre elle répond.
- Nous ? Regarde bien, il n’a même plus de mâchoire.
Elle se décroche, mais l’homme est toujours vivant, la main serre et serre jusqu’à faire craquer le crâne ; les yeux fondent et sortent des orbites accompagnées de vapeurs dont l’odeur est nauséabonde. Les cheveux de l’homme prennent feu malgré l'abondante pluie qui tombe sur nous.
La femme se redresse lentement, le corps entouré de brouillard, seul le visage ressort ; un sourire, celui de la mort.
- Je te réserve un sort bien pire.
- Pourquoi ?! Pourquoi ?!
- Vengeance.
Dit-elle ; ses lumières laissent place à l’obscurité et ne sont plus que des petites étincelles sur son corps, seuls ses yeux continuent d’être embrasés. La brume part avec la pluie et comme si elle était innocente, son corps est vierge de toute trace de sang.
- Vengeance ?! Ne me dis pas que c’est pour ce gars ! Ce drogué !
- Qu’en pense ton otage ? N’était-ce qu’un drogué ?
Je réponds
- Il était…
Il resserre fortement son étreinte.
- La ferme !
Sa main tremblante est saisie ; l’odeur de chair brûlée envahit mon nez. Bouleversé à cause de la douleur, il lâche le couteau, je me libère et elle le frappe au visage.
Il est recroquevillé sur lui-même, pris de violents spasmes tenant son bras marqué, je décide d’exprimer ma rancœur
- C’était mon frère ! Il avait des problèmes, mais quand j’avais besoin de lui il répondait présent ! Vous l’avez abattu alors qu’il n’avait pas d’arme ! Il a appelé à votre empathie et votre raison et tout ce que vous trouvez à dire c’est ça ?! Un drogué ?! Non, c’était un frère courageux ! Et vous ! Vous n’êtes que des lâches ! Des faibles qui ne savent répondre qu’avec la violence ! Sales chiens galeux !
Je vais le frapper ; cela me démange vraiment le pied.
- Non ! Ne faites pas ça Emma !
Me crie-t-elle.
- Ce n’est pas à vous que revient cette charge, mais à moi.
Elle prend l’homme au torse, il hurle, car la main lui brûle la peau, quand la femme la retire, une texture visqueuse rougeoyante colle à sa main avant de se vaporiser.
- Dit moi, sais-tu quoi que ce soit d’intéressant ? Par exemple la manière dont vos supérieurs vous contactent ?
Il sort un téléphone de sa poche.
- Voilà ! Tiens ! C’est comme ça que l’on nous contacte ! Avec ce numéro uniquement ! Il nous sert qu'à ça ! Laisse-moi partir !
Elle s’en saisit ; regarde le contenu et acquiesce d’un hochement de tête.
- Intéressant. Mais à ton avis, quel message dois-je envoyer aux autres meurtriers comme toi ? Notamment à celui qui se trouve au bout de la ligne pour être prise au sérieux.
- Je…
Il claque des dents, il rampe sur son ventre comme un vermisseau pour fuir.
- Oui, tu sais ; violent et douloureux.
Ses mains pénètrent son dos, elle arrache la colonne vertébrale tout en lui retirant son cœur de l’autre. Elle observe avec une fascination macabre l'organe ; il bat pour la dernière fois sous ses yeux expulsant le sang et cesse son travail.
- Qui l'eut crut, les assassins en ont un.
Avec mépris, elle le jette au sol puis elle regarde l’homme agoniser, jusqu’à ce que la dernière lueur de vie disparaisse. Qu’il ait survécu à ça un instant relève du miracle ; qu’il soit mort si vite est regrettable. Cependant…
- Il le mérite.
À cela elle me répond
- En êtes-vous bien sûr ? En avez-vous la preuve ? Ce n’est pas lui qui a tiré sur votre frère à ce que je sache.
- Non, mais il a participé à tout cela.
Elle me fixe et je me souviens d’une récente légende urbaine.
- Vous êtes l’ombre bleutée ?
Elle acquiesce.
- Oui, c’est moi.
Je comprends tout ce qu’elle est. Mon frère aimait beaucoup les comics et devant moi j’ai une héroïne qui possède une sorte d’armure.
- Je voudrais devenir comme vous.
- Vous semblez bien certaine de savoir ce que je suis.
- Ce que vous êtes c’est la justice et je veux la rendre pour tous ceux qui perdent un proche.
Elle frotte ses yeux avec son pouce et l'indexe
-j’hallucine…
De l’autre elle montre les cadavres sur la route
- Vous voyez tous ses morts ? C’est ce que je fais.
- Et alors ?
- Je ne pense pas que votre cher frère aimerait vous voir devenir ainsi.
- Ne parlez pas de lui sans le connaître !
- Je l’ai connu ; un moment éphémère où j’ai essayé de le maintenir en vie. Son dernier souffle, il l’a consacré à dire ; sauver ma sœur, Emma, ils l’emmènent dans une des camionnettes noires. Il l’a dit en crachant son sang et à s’en faire mal aux poumons, il s’est forcé à vivre dans ce corps déjà mort. Je refuse de vous condamner à commettre toutes ces atrocités.
- Mais si c’est que je veux.
Elle pose sa main sur mon épaule, elle est inquiète comme si j’étais sa propre sœur.
- Croyez-moi, vous le regretterez et vous penserez que votre frère aurait honte de vous s’il était vivant. Non seulement cela vous hantera, mais en plus vous cogiterez jour et nuit jusqu’à ce que le deuil de votre passé soit enfin terminé.
- Vous dite ça comme si...
- Je le vis en ce moment.
Elle retire sa main, son regard se perd dans le vide l’espace d’un instant et revient sur moi. Quelque chose semble vraiment la préoccuper.
- Vous n’êtes pas seul à avoir perdu un proche. La vengeance demande un lourd tribut, les gens comme vous et moi en souffrent grandement une fois qu’ils le réalisent. Je refuse de vous condamner à cet avenir-là.
-Mais je n’ai pas d’avenir ! Je suis déjà condamné à vivre entouré par la violence! Aujourd’hui c’est mon frère ; demain ce sera moi ou un autre de mes proches ! Et ne me dites pas que je manque de volonté, car je me bats pour être au-dessus de ma misérable condition, mais c’est si dur !
- Bien, je vais y réfléchir, mais vous aussi faites de même. Quand j’aurai pris ma décision, je vous recontacterais.
Elle commence à partir en me tournant le dos, je m’éclaircis la gorge et je demande
- Vous pouvez me ramener chez moi ?
Elle pointe une direction.
- La ville est par là.
Je regarde sur mon téléphone qui n’a presque plus de batterie.
- Vous déconnez ? Ça fait plus d’une heure à pieds !
Sur un ton des plus malicieux en tournant la tête elle répond.
- Et vous croyez que je suis arrivée ici comment ? Je n’ai pas de véhicule, fait comme moi si vous voulez être moi, marchez.
Non, mais je rêve ! vite ; il faut que j’appelle… Non ! 0 %...
- Accompagnez-moi !
Elle pointe alors le ciel.
- Pas besoin, je garde un œil sur vous. Regardez au-dessus vous, la petite étoile bleue c’est mon drone.
En effet une étoile bleue bouge étrangement, je repose mon regard sur elle, l’ombre bleutée a disparu. Bien du temps passe, elle apparaît aux infos durant une attaque terroriste à Paris. Elle a encore sauvé des otages.
Et soudain un message que je reçois sur mon téléphone qui me dit.
- J’ai réfléchit, rejoint-moi si tu le souhaites.
C’est ce que je fais, je prends la direction de la haute Loire vers mon destin qui m’attend.
Dans une ferme ? Je m’attendais à un manoir ou quelque chose de plus tape à l’œil, mais une vieille ferme ? Même le petit muret en pierre, si on peut appeler ça ainsi, est délabré. J’arrive à la porte de la maison à peine dans un meilleur état ; la sonnette ne marche pas, alors je tambourine à la porte.
Une femme blanche qui a surement un peu plus de la vingtaine m’ouvre, cheveux courts de jais et aux yeux bleus, une fille banale en apparence.
- je suis là sur invitation.
- Emma, je suppose.
Me sourit-elle
- Je suis Adel. Entrez donc.
La porte grande ouverte, Adel m’installe dans le salon, elle me sert un café puis à son tour s’assoit
Alors comment ça va ? Vous allez bien ?
- Oui je vais bien, mais j’ai encore du mal à…
Le poids du chagrin est toujours présent.
- Je comprends, les gens comme nous ayant une vie difficile ressentent des complications à s’exprimer. On se sent faible et on en a honte.
- Cela aurait été bien pire si vous n’étiez pas intervenue.
- Moi ?
J’acquiesce et elle en rit
- Vous me confondez avec quelqu’un d’autre !
- Vous n’êtes pas l’ombre bleutée.
- Bien sûr que non ! Elle montre ses cheveux en souriant.
C’est à cause de ça ? Voyons, je ne suis pas la seule femme de France à voir cette couleur. Serait-ce à cause de mes yeux ?
Elle cache sa bouche avec ses mains, continuant à se tordre de rire.
- Je suis désolé, mais c’est si drôle !
Carrément, des larmes.
J’entends les planches au plafond qui grincent, quelqu’un descend des marches derrière moi. Une autre femme aux longs cheveux sombre, aux yeux marron et portant une robe blanche presque transparente. Elle baye aux corneilles.
- Adel, que se passe-t-il ?
- Elle a cru que j’étais l’ombre bleutée. Moi ; t’imagines ?
Elle acquiesce
-C’est vrai que l’on a quelques traits en commun.
Elle pose ses yeux sur moi, le même regard perçant, cependant elle a une gestuelle distinguée et lente. Rien à voir avec la brutalité sauvage et impétueuse de cette nuit-là. Il y a cependant la même froideur.
- Emma, bonjour. Alors tu as bien réfléchi ?
C’est bien elle, les mêmes façons d’articuler typiques d’une Parisienne un peu bourgeoise.
- Oui et je me sens prête.
- Vraiment ?
Tête haute, elle descend les marches pieds nus.
Je répète avec conviction
- Vraiment.
Elle incline son visage et du bout des doigts, elle redresse mon menton pour mieux plonger son regard dans le mien.
Elle le soutient longuement, je devine une réflexion intense derrière cette attitude. Elle éloigne son visage et la main de moi, cette dernière elle la jointe à l’autre contre son ventre. Encore ce regard perdu dans le vide.
- J’avais promis à ton frère de te sauver.
- C’est que tu as fait, Ombre bleutée.
- Appelle-moi Miria et pour moi, cette promesse s’applique aussi à éviter de te mettre en danger.
- Je comprends, mais c’est mon choix, pas par vengeance, pas par haine, mais par amour de la vie.
- Par amour.
dit-elle avec une voix un peu fébrile, je distingue même un reflet dans ses yeux attrister, des larmes ? Elle se reprend vite en clignant plusieurs fois des paupières qu’elles n’ont même pas le temps de couler ; enfin si c’était bien ça.
- Cela me conforte dans cette idée, je vais devoir faire en sorte que tu ne sois pas exposé à des dangers importants.
- Pardon ?! Tu m’as fait courir jusqu’ici dans un bled paumer pour rien ? J’ai fait des mois de karaté espérant que tu fasses de moi ta coéquipière !
Elle sourit
- Tu te méprends, ce n’est pas pour rien. J’ai besoin d’une femme de couleur noire, intelligente et qui connaît le milieu banlieue, qui parle le même langage.
Elle prend mes deux épaules
- Et avant tous de cette force que tu as toi ; ce sang-froid dont tu fais preuve même dans la douleur. De plus…
Elle relâche son étreinte et me regarde avec le petit sourire, celui de celle qui aime être tatillonne.
- Je n’ai pas de coéquipier ; que des collaborateurs.
Je l’avais sentie venir.
- C’est quoi la différence ?
Adel répond.
- En bref tu fais ce que tu veux seul, tant que tu respectes certaines règles et les objectifs de la mission. Moi, c’est d’entretenir la maison et tenir à distance les curieux.
Et Miria pose son index sur mon nez.
- Et toi très cher, tu vas infiltrer le milieu de la drogue, faire partie de leurs membres. Seule règle, tu ne tues pas sauf en derniers recours et uniquement des meurtriers.
- Mais… ça n'a aucune putain de sens ! Tu m’as dit il y a même pas 2 minutes que tu allais me tenir éloignée du danger et là, tu fais non seulement ce que je te demande, mais en plus le contraire de tes propos !
Elles partent dans un fou rire incontrôlable.
- Dangereux ? Les petites racailles ?
Adel se roule par terre. Miria en pleure de rire comme une cascade et se sèche avec un mouchoir.
- Excuse-nous, mais honnêtement c’est…
Adel tape le sol.
- Montre-lui ! Montre-lui !
Miria arrête de rire non sans difficulté.
- Regarde.
Elle se dégourdit les membres ; une texture la recouvre, elle l’envahit comme un parasite prend forme et je la reconnais, l'armure, enfin, je crois.
-La vache c’est quoi !?
L’ombre expire de l'air longuement avant de me répondre.
- C’est ma vraie puissance.
- Mais cela ne me dit toujours pas ce que c’est. Une technologie alien ou un truc du genre ?
- Absolument pas. C’est une partie de moi ; des nano-machines qui ont le même ADN. Ce sont elles qui me procurent ma résistance aux balles en plus d'un tas d'autres atouts.
Adel entre temps se relève.
- Et cette chose est vivante ? Parce que je refuse d’avoir ça en moi.
- Ta question revient a demandé si les bactéries dans tes intestins sont vivantes aussi. Les seules choses que feront ces adorables petites machines, c’est d'aménager un peu ton corps, optimisez l’espace et tu auras de grands bénéfices.
- Tu parles de mon corps comme si j’étais une maison que l’on a meublée avec du mobilier de chez Ikea.
Elle faillit rire.
-Cest presque ça, à ceci près que c’est de bien meilleure qualité et modulable.
- Non vraiment, arrête de faire le parallèle entre une maison et moi.
- Imagine alors une voiture à laquelle on met un turbo.
- Non.
Adel insiste sur les comparaisons en mettant sa main sur mon épaule et en me regardant avec cet air que l’on a envers les enfants ignorants. Celui que je déteste le plus.
- Tu sais ce qu’est un cyborg ?
- Oui évidemment.
Alors Adel prend sa forme, un masque de chats et des yeux scintillants de bleu, contrairement à l’ombre son corps n’ait pas décharnée juste une texture moulante et lisse.
- C’est ce que nous sommes.
- Donc on peut vous pirater.
L’ombre alors tape dans ses mains.
- Faux, les ondes et les flux de données ne peuvent rien modifier ou influencer. Tu seras la seule maîtresse de ton corps. J’ai fait des milliers de tests pour le confirmer. Il m'est impossible de forcer l'accès à une armure liée à un hôte et pourtant j'en suis la créatrice.
- Cela me rassure à peine.
Adel un peu trop tactile tapotant encore mon épaule.
- Tu sais, j’ai eu des doutes, mais il n’y a ni interface ni logiciel.
L’ombre bleutée, préfère tapoter son casque plutôt que mon crâne. Elle a surement compris, je ne sais pas comment d'ailleurs.
- Si, c'est le cerveau.
J’hésite un peu ; elle ajoute alors.
- Si tu te prends une balle dans le ventre, tu risques de mourir d’infection ou d’hémorragie. Alors qu’avec l’armure ce sera comme un petit caillou qui rebondit.
Ah… En effet c’est tentant. Alors j’accepte d’essayer cette technologie.
On me met nue dans un cercueil d’acier au sous-sol ; si ça avait était un homme, j’aurai eu de très grosses suspicions. On m'enferme à l'intérieur de cette boite et je ferme les yeux.
Je les sens, ces petites choses intrusives. Quand j'ouvre mes paupières, tous semblent différents à l'intérieur de moi.
Je sens une force qui me traverse comme si elle était là en sommeil depuis longtemps ; le sarcophage s’ouvre. Je décide de me relever doucement. Dans mes mouvements il y a une certaine aisance, comme si mes articulations étaient débloquées. J’avais travaillé mes articulations pour certaines prises au corps au corps, mais là, je découvre une souplesse que je ne soupçonnais pas. Ça ne craque presque pas quand je fais pivoter mes poignets ou quand je dégourdis mes épaules.
La première chose que je vois c’est l’ombre et Adel avec au milieu d’elles un grand miroir, ce que je vois est une autre femme. Recouverte d’une texture fibreuse et d’orée avec pour visage une lionne aux yeux brillants d’un éclat ambre.
Mes mains sont pourvues de griffes et ma gueule de crocs acérés. L’ombre saisit mon bras, je sens nos pensées qui se croisent.
Dans ma tête j’entends ma propre voix.
- Veux-tu entendre ce qu’elle a à te dire ?
Je me dis oui et viens ensuite la pensée de l’Ombre Bleutée.
- Bienvenue, Emma Koné la lionne dorée.
Hum, ça sonne bien.
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